Amoureux des dragons

Chapitre 19: Pourquoi pas?

« - Pas de magouilles, hein ? »

Sam, sous la peau d'un trentenaire brun et musculeux, lui lança un regard si froid qu'on aurait pu déclarer un nouvel âge de glace.

« - Pour la trentième fois, répondit-il en croisant les bras, le marché tient toujours.

- Une info pour une autre, fit l'autre en grinçant des dents.

- Une info pour une autre. »

Les deux hommes se toisèrent. Le plus petit des deux ne pouvait s'empêcher de regarder autour de lui, en sursautant par instant, comme s'il avait peur que le Ministre de la Magie ne débarque dans cette rue mal famée et perdue au fin fond du Kentucky.

« - On a un accord, reprit Sam qui avait du mal à ne pas se montrer excédé. Mais il va falloir se dépêcher, je n'ai pas tout mon temps.

- Ça va, ça va !, grogna l'autre. Ce sont des informations sensibles, voilà tout. Je ne suis toujours pas certain de pouvoir vous faire confiance.

- Nous sommes dans l'exacte même situation. Mes informations sont tout autant importantes que les vôtres, peut-être même davantage. Assurdiato, ajouta-t-il en levant sa baguette autour d'eux.

- Il est bizarre, votre accent. »

Malgré cet outrage de première classe envers son accent écossais, le Métamorphomage lui adressa son regard le plus rassurant possible.

« - Nous avons conclu un marché, Conrad. Après ce rendez-vous, je ne vous connais pas, je n'ai jamais entendu parler de vous. Chose promise, chose due.

- Bon. Finissons-en au plus vite, dans ce cas. »

Le cœur de Sam s'emballa d'excitation mais son visage ne bougea pas d'une ride. Il sortit un dossier de sa poche intérieure, et la glissa à son interlocuteur.

« - Eddard Pattson et Elessar Gilraen ont été vus pour la dernière fois à Jefferson City, dans le Missouri. J'ai pris des photos de différents endroits où ils auraient pu vivre, ils ont laissé des traces. Le plus probable est un bâtiment délabré sur la Hemingway Road. Ils y reviennent peut-être encore. Tout est inscrit là. »

Conrad ouvrit le dossier avec une impatience presque animale, et feuilleta avarement les documents qu'il contenait. Après quelques secondes, il releva la tête.

« - Pourquoi est-ce que vous n'allez pas apporter ça aux autres vous-mêmes ?, demanda-t-il avec une sincère confusion sur le visage.

- Même s'il s'agissait de mon plan, j'ai besoin des informations que vous allez me donner, sourit tranquillement Sam. Et je n'ai cure d'avoir la lumière sur moi. Je ne veux pas autant m'impliquer que ça je cherche la vérité, pas les éloges ni les complots.

- Vous êtes un homme étrange, Peter, soupira Conrad en fourrant le dossier dans sa mallette.

- Et je vis très bien ainsi. A votre tour, à présent le soleil est déjà haut. »

Il sortit à son tour un document de sa poche, mais il était bien plus petit et bien moins fourni à vrai dire, il ne s'agissait là que d'un morceau de parchemin griffonné.

« - Les orchestrateurs de l'opération sont Katherine Milnes et son mari Richard. Le QG est le même que d'habitude : 85 State Street, Glen Arbor, Michigan. »

Sam patienta pour le reste, mais Conrad ne poursuivit pas.

« - C'est tout ce que j'ai, fit-il en réponse à l'air ébahi de son interlocuteur.

- Pour la qualité de ce que je viens de vous donner ? Vous ne me prendriez pas un peu pour un Veracrasse ?

- Une info pour une autre, c'était le marché », se défendit-il ardemment.