Chapitre 16

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Le bruit se répandait dans le milieu que le sang de la famille de Takuya se corrompait. Les parents finirent par intervenir et réclamer qu'il fasse taire les critiques et règle « cette histoire de fesses » proprement. Immédiatement après avoir pris la correction que lui infligea Sly en leur nom, il annonça son nouveau projet sur un air de défi:

- Nous allons nous marier.

Alors elle sut que si elle ne reprenait pas vite le contrôle de la situation, elle allait certainement mourir dans d'étranges circonstances. Sly avait beau l'entraîner et lui donner des conseils, elle ne se sentait pas en sécurité. Partout où elle allait avec Takuya, elle avait conscience d'être la cible de commentaires méprisants et de moqueries.

- Il est courageux, reconnut Sly en hochant la tête comme elle lui racontait son angoisse. Mais ce n'est pas lui qui prendra le coup décisif : la famille tranchera le maillon faible. J'espère qu'ils ne feront que te demander de partir.

Et il lui jeta un regard compatissant et résigné à la fois.

- Tu n'as pas eu de chance, poursuivit-il. Si cela avait été moi, il n'y aurait eu au plus qu'un froncement de sourcils, et on m'aurait traité d'original. Mais Takuya a le sang bleu...

Elle le soupçonnait quand même de savourer une petite vengeance mesquine à la voir dans tous ses états. Il pouvait bien lui reprocher d'avoir un peu abusé de son pouvoir pour lui faire la misère, mais de là à la laisser affronter cette situation seule ? Seule, elle ne l'était pas vraiment, puisque Takuya prenait son bien-être très au sérieux. Cependant, il ne semblait pas vouloir infléchir ses positions sur les points critiques, et elle craignait fort de faire les frais de son entêtement. Il ne la laissait pas partir, sa famille ne le laisserait pas s'exiler avec elle et son instinct de survie lui interdisait de rester.

- Tu le saurais avant tout le monde, si jamais on décidait quoi que ce soit de fâcheux à mon sujet, hein, Sly ? demanda-t-elle en posant une main sur son bras.

Il regarda sa main, fit une grimace et hocha la tête. Elle eut un frisson d'angoisse en se disant que ce serait certainement lui qui serait chargé de faire exécuter la fameuse décision. Elle se rappela alors sa visite au motel où elle avait fui : la force, la violence... Est-ce qu'il l'étranglerait ? Ou bien est-ce qu'il lui ferait boire quelque chose ? Elle retira doucement sa main et se détourna un peu. Si elle arrivait à envisager cela, c'est qu'il devait y penser aussi ; elle se mit à trembler. Sans un mot, il quitta la pièce.

La Fleur et le YakuzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant