Un implant. La gynécologue qui l'examina lâcha l'info et proposa de l'enlever dans la foulée. Takuya et Sly firent un aparté qu'elle trouva totalement déplacé, puisqu'il s'agissait de son corps à elle.
- Je n'ai pas l'intention de devenir mère dans ces conditions, dit-elle à la gynécologue. Vous êtes une femme, vous devriez comprendre.
Même si c'était le cas, la docteure ne dit rien, et se contenta de garder les yeux baissés, et l'échine courbée en signe de déférence envers Takuya.
- Enlevez-lui ça, ordonna-t-il.
La femme acquiesça et se mit à préparer ses outils. La situation devenait urgente.
- Takuya, tu n'as pas besoin d'un héritier maintenant, plaida-t-elle. Tu en es un toi-même. Un enfant qui fait un enfant, c'est tout de même ridicule.
Il ne faisait déjà plus attention à elle, mais Sly la fixait pensivement.
- Les personnes qui te jugent vont te trouver immature, continua-t-elle. Sans avoir réalisé aucun accomplissement, tu te retrouverais avec une famille à nourrir et à surveiller. Comment ferais-tu ? Un métis, en plus ? La société dans laquelle tu vis n'est pas encore prête. Ils te reprocheraient d'être impulsif et inconséquent.
La gynécologue désinfectait ses outils ; elle jeta un regard étonné au jeune homme. Sly lui ordonna de sortir, ce qu'elle fit en hâte.
- Elle n'a pas complètement tort, reconnut-il.
Takuya lui lança un regard noir.
- N'es-tu pas de son avis parce que l'enfant serait le mien, et non le tien? demanda-t-il.
Mais avec quel organe ces hommes réfléchissaient-ils? On nage en plein délire, pensa-t-elle. Comment deux hommes aussi branchés pouvaient-ils avoir une mentalité aussi dépassée ?
- Messieurs, je ne veux pas vous offenser, reprit-elle en se levant pour s'interposer entre eux, mais j'existe. Et je dis que je ne veux pas devenir mère pour le moment, et certainement pas dans ces conditions.
Elle posa une main sur la poitrine de chacun et les repoussa doucement. Elle s'attendait à ce qu'ils lui résistent, mais ils se laissèrent faire. Alors elle se tourna vers Sly en premier.
- Dommage, beau gosse, mais tu m'as fait une chose impardonnable, dit-elle avec amertume. Je considère cela comme une trahison, et j'exige que tu me présentes des excuses.
Il la regarda d'un air choqué, puis elle vit qu'il consulta Takuya du regard, et que celui-ci acquiesçait. A sa grande surprise, il plia alors les genoux et baissa la tête devant elle en prononçant des paroles solennelles. Incrédule, elle se tourna vers Takuya, qui la fixait aussi avec l'air de quelqu'un qui attend la chute d'une bonne blague. Sans se démonter, elle continua ses récriminations, tandis que Sly restait immobile.
- Takuya, jusqu'ici j'ai suffisamment joué le jeu, et maintenant je veux que ça cesse, dit-elle en le saisissant à deux mains par le col de la chemise.
Sly bondit, mais elle lui ordonna de se rester tranquille, d'une voix furieuse, et il obéit. Takuya se libéra de sa prise, à peine troublé.
- Ou sinon quoi ? Tu vas me casser le nez ? se moqua-t-il en reculant d'un pas. La seule raison pour laquelle tu peux encore te permettre cette insolence, c'est que j'apprécie ta présence. Et si Sly ne casse pas tout de suite chacun des os de ton corps, c'est parce que tu es ma femme.
Effectivement, cela faisait sens. Sly était toujours immobile, le poing serré. Il devait subir cette situation comme un dilemme.
- Si je suis ta femme et pas un simple jouet, enchaîna-t-elle, ne devrais-tu pas m'écouter ?
- Pour t'entendre dire que tu ne veux pas porter mes enfants ?
Soudain, elle comprit ce qu'il attendait d'elle. Elle s'approcha de lui, le prit dans ses bras et posa sa tête sur sa poitrine. Son cœur battait vite et fort. Elle s'imagina qu'elle pourrait plonger les doigts dans sa chair, briser sa cage thoracique et lui arracher ce cœur palpitant pour y mordre à pleines dents. Elle en frissonna d'une excitation morbide et vengeresse malgré elle.
- Je sais que j'ai beaucoup résisté, mais désormais, je te considère comme l'homme que le destin m'a réservé, dit-elle d'un ton dramatique.
Il prit son visage dans ses mains et répliqua gravement:
- Essaie de le redire avec un peu plus de conviction.
Elle s'exécuta avec une grande emphase encore. Ils se fixèrent quelques secondes, puis éclatèrent de rire en même temps.
- Tu ne me prends vraiment pas au sérieux, en fait, conclut-il en la détachant de lui. Le moment venu, je te ferai plein de petits Takuya irrésistibles et insupportables.
- Ton narcissisme te perdra, rétorqua-t-elle en haussant les épaules.
Elle s'accroupit face à Sly et lui redressa le visage d'un doigt sous le menton. Une expression de colère contenue et d'embarras déformait ses traits. Il avait littéralement perdu la face.
- Bros before hoes, c'est ça ? le railla-t-elle. C'est la dernière fois. Dis à la sorcière de remballer son matériel et de déguerpir.
Il hocha la tête et se leva en jetant un regard interrogateur à Takuya avant de partir. Elle tendit la main à son homme pour qu'il l'aide à se relever. Il l'enlaça dans la foulée, les yeux brillants.
- Tu es en train de changer, murmura-t-il, tout excité. Tu me plais encore plus quand tu m'assumes. Le pouvoir est un puissant aphrodisiaque.
Elle l'agrippa par le col à nouveau, mais cette fois-ci il se laissa faire, car elle l'entraînait vers le lit.
- Attends, la porte...
- Non, laisse-la ouverte, dit-elle en l'attirant contre lui.
Ils se sourirent d'un air entendu.
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La Fleur et le Yakuza
Ficción GeneralUne nuit de fête et une rencontre qui bouleversent sa vie... Faut-il résister ou se laisser porter par l'émotion et les événements?