La Fleur et le Yakuza

Chapitre 3

« Pourvu que ce soit un cauchemar », pensa-t-elle en se réveillant. Elle était dans une chambre inconnue baignée de lumière, dans un lit trop grand pour appartenir à un hôpital. Elle essaya de se redresser, mais une douleur poignante lui traversa le dos.

- Cette fille est folle. Ne bouge pas !

Des pas se rapprochèrent du lit et il apparut dans son champ de vision, le visage recouvert d'un bandage. Seuls son front, ses yeux et son menton étaient visibles.

- Espèce de malade, tu as failli me casser le nez ! cria-t-il, furieux.

Elle voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche, et sa nuque lui sembla trop raide pour tourner la tête.

- N'essaie pas de bouger, idiote, ce sera déjà un miracle si on arrive à te remettre tout en place, poursuivit-il, en colère. Pourquoi tu as fait ça ? J'allais te ramener chez moi, on aurait juste discuté, et tu serais rentrée à ton stupide hôtel. Pourquoi tu me défies devant mes hommes ? C'est si dur de jouer un peu le jeu ?

Ah, pensa-t-elle, c'est vrai, ne pas perdre la face.

- Tu as failli traverser le pare-brise, ça risque de faire un gros scandale, mes gars veulent t'étriper et je passe pour le minable qui n'a pas pu gérer une pauvre fille draguée dans un club. C'est quoi, ton problème ?

Elle le vit avec angoisse se laisser choir sur le lit. Le matelas se déforma à peine, et elle soupira de soulagement. Elle voulut demander depuis combien de temps elle était là, mais elle n'arrivait qu'à produire des gémissements.

- Bon, maintenant que tu es réveillée, on va au moins pouvoir te réaligner, dit-il en se levant.

Ses pas s'éloignèrent, il ouvrit une porte et elle l'entendit donner des ordres. Au bout de quelques minutes, d'autres personnes entrèrent dans la chambre en murmurant. Plusieurs visages se penchèrent alors au-dessus d'elle, et des mains lui empoignèrent les jambes, les épaules et les bras. Quelqu'un lui plaça un protège-dents dans la bouche tandis qu'elle essayait de hurler, de demander, de supplier. Elle le devinait debout, pas loin, savourant sa petite vengeance mesquine.

- Ça va faire très mal, annonça-t-il, mais tu l'as bien cherché.