Après la perte de son enfant, bien qu'elle fût désespérée et sans force, Aalana se mit à repenser à ses parents. Pendant sa grossesse, elle avait ressenti un immense lien se nouer entre son enfant et elle malgré qu'il ne fût jamais né. Elle l'avait aimé dès le moment où elle avait appris sa grossesse. En cet instant, elle eu l'impression que plus rien à part cet être qu'elle portait en elle n'était plus important. Elle savait aussi que son enfant avait ressenti la même chose lui aussi; ce magnifique lien entre-eux.
Elle s'était longuement demandée durant sa grossesse si sa mère avait également ressenti les mêmes émotions et les mêmes sensations qu'elle avait ressenti. Si oui, pourquoi s'était elle autant acharnée sur Aalana dès sa plus jeune enfance ? Aalana connaissait le passé de sa mère et son histoire. Elle n'ignorait pas que sa mère était la dernière enfant d'un riche comte irlandais et ce qui s'était passé avec son père biologique. Lorsque son père lui avait raconté l'histoire quand elle eût ses 16 ans, elle avait eu de la peine pour sa mère. Elle s'imaginait bien comment elle avait pu se sentir lorsqu'elle fût mise à la porte par son père puis destituée de son héritage et banni de sa famille juste parce qu'elle était tombée enceinte. Elle était pleinement consciente qu'une jeune fille du rang de sa mère qui avait tout les plus beaux partis à ses pieds, ne devrait pas se montrer légère avec les libertins. Sa mère aurait dû être un peu plus discrète et consciente. Mais au lieu de cela elle avait refusé d'écouter les conseils avisés de sa nourrisse, pour continuer ses badinages. Au fond, malgré tout ce qui s'était passé à l'époque, la pleine faute revenait à grande partie à sa mère pour s'être montrée aussi naïve. Son père celui de sa mère, qui était son grand-père, avait réagi certainement avec beaucoup de dureté ; mais il était comte, membre du parti politique en pouvoir, riche investisseur et chef d'une des plus vieilles familles de toute l'Europe. Un incident comme la grossesse prématurée de sa fille, lui aurait valu des moqueries et d'énormes répercussions, non seulement au sein même de sa famille mais dans le pays voir le Continent tout entier. Le vieux comte visait le rôle prestigieux de premier ministre depuis des années et à cette époque, il faisait parti des candidats potentiels pour remplir ce rôle. Il n'aurait donc rien laisser même pas sa propre fille l'empêcher d'atteindre cet objectif.
À cause du chagrin qu'elle avait ressenti en perdant son enfant, Aalana développa très vite une dépression sévère et prononcée. Elle avait perdu du poids, son appétit et était pour la plupart du temps triste. Il suffisait d'un rien pour l'ébranler et pour qu'elle se mette soudain à pleurer. Elle pensait tout le temps à son enfant mort et cela lui amenait des fois à délirer. Quand elle délirait, elle s'imaginait prendre soin de son enfant en le caressant, le dorlotant et ainsi de suite. Tout au fond d'elle elle savait que son enfant était mort mais elle pensait que cela l'aiderait. Elle avait peur de voir la vérité en face. Elle avait peur de ce qu'elle apercevrait lorsqu'elle aurait ouvert les yeux. Elle avait peur de cette solitude qu'elle ressentait, de ce sentiment de ne compter pour personne et de ne rien valoir. Elle avait peur aussi que le peu de personne qui l'entourait se lasserait d'elle et finissent par l'abandonner comme d'abord avec ses parents, puis Arthur enfin son enfant; car la solitude est le pire ennemi de l'homme.
La mort au moins vous emporte avec elle sans demander son reste et vous met dans un profond sommeil sans fin. Pourtant la solitude vous condamne et vous livre à vous-même. Vous vous retrouvez seul à vous contempler ; vos joie et vos peines, vos bonheurs et vos tristesses. Tous ces sentiments tellement contradictoires qui régissent les lois de nos vies sont tellement pesantes qu'elles nous obligent à vouloir les partager avec quelqu'un et à nous vider ainsi. Plus nous sommes heureux, plus nous sommes tristes et plus nous sommes remplis de l'intérieur. Et notre intérieur n'est pas très différent d'un ver ou n'importe quel autre contenant. Il a ses limites; même l'océan a ses limites de tolérance. C'est pour ça que de la même façon que l'eau coule d'un verre lorsqu'il est rempli, de cette même façon là nous désirons nous vider et nous alléger. Mais cela devient difficile pour quelqu'un qui est seul. Parce que petit à petit il mourira de l'intérieur et un jour sa seule délivrance sera la mort qui attendra avec joie parce que ce sera la seule amie qu'il aura et qui pourrait l'aider à alléger son fardeau, car c'est tout ce dont il a besoin pour se sentir vivre.
VOUS LISEZ
La Courtisane de Andover
Historical FictionMarkus Cavendish, duc de Devonshire est un homme séduisant et aussi riche que Crésus. Il est considéré comme le meilleur parti pour les jeunes célibataires. Mais son seul défaut : il est un homme à femme. Étant le dernier Cavendish encore en vie, il...