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Avant même l'arrivée du duc et de sa maîtresse, un groupe d'homme et de femme s'était préalablement formés, discutant ensemble de ce qui allait se produire. Tous savaient que Mr Brown avait invité le duc de Devonshire et que celui-ci avait accepté l'invitation à la seule condition de venir accompagné par sa maîtresse, miss Perkins, la fameuse courtisane. La plupart furent étonnés et choqués par le comportement du duc qui n'avait pas le droit de venir accompagné de sa maîtresse. C'était une soirée réservée aux personnes respectées de la société dont ne faisait pas parti Aalana qui était une courtisane. Il existait d'autres types de soirées où les hommes et leurs maîtresses respectives étaient admises et quelques fois accompagnés des épouses de ceux-ci. Toutefois, très peu de femmes respectables supportait déjà assez mal les infidélités de leur conjoint mais le tolérait en faisant mine de rien. Il n'y avait que des femmes plus libertines et moins investies qui acceptaient de participer à ce genre de soirée. Elles étaient très peu certaines refusant de se montrer par peur des représailles ou à cause de leur pudeur qui les interdisait d'assister à ce genre de soirée.

Considérant les règles de l'étiquette, Brown aurait dû refuser l'accès au duc s'il était accompagné par sa ‘‘ putain ’’ comme ils appelaient Aalana. Mais dans un bourg comme Andover, un simple roturier fût-il fortuné ne pouvait pas se permettre de manquer de recevoir un homme tel que sa grâce le duc de Devonshire. Il avait donc accepté à contrecœur.

— Ma foi, commença une femme toute joufflue en compagnie d'autres personnes, que pouvons-nous attendre de ces londoniens. Se ramener ici avec sa catin.

— Que pouvons-nous faire d'autre ma chère, affirma une autre femme moins jeune et plus élancée que la précédente. C'est le duc de Devonshire et c'est un bon parti. Qui sait, il pourrait peut-être s'intéresser à ma petite Lizzie (sa petite-fille).

— Ne soyez pas aussi sotte, répliqua un homme d'une trentaine d'années environ. Le duc est bien trop vieux pour Lizzie ; elle n'a que 17 ans et sa grâce en a 35.

— Si je n'en vois pas d'inconvénient, répondit-elle férocement, Lizzie n'en verra pas également.

— Calmez-vous madame, s'excusa le jeune homme. Mon but bien qu'il ne fût pas atteint, n'était pas de vous offenser mais de surligner un fait des plus véridiques. Le duc est bien trop mûr pour une jeune fille comme Elizabeth (Lizzie).

— Et bien vos faits, dit la vieille dame, vous pouvez les garder pour vous.

— Je pense que ce jeune monsieur a raison, déclara une autre convive. Le duc n'aura certainement pas d'égard que ce que lui dicte le protocole envers votre petite-fille. Il préfère les femmes comme moi, qui avons de l'expérience et de la maturité. Et non de simple gamine.

— De l'expérience en tant que vieille fille vous voulez dire, se moqua une autre convive, ce qui mit en colère l'autre invitée.

— Je suis peut-être vieille fille mais pas aussi désespérée que vous l'êtes très chère, répondit celle-ci. Vous pensez vraiment que personne ne sait pour vos fréquentes visites à Morrison ?

Avant que la convive puisse répliquer, le valet annonça l'arrivée du duc et de miss Perkins. Le groupe formé s'était entassé non loin de l'entrée de la salle de bal ; pas trop proche de la porte d'entrée et pas trop loin non plus. Suffisamment proche pour remarquer qui entrait et suffisamment loin pour ne pas être vu au premier coup d'œil. Ils se tinrent donc là entendant patiemment Aalana et le duc comme un pêcheur attendant qu'un poisson morde à l'hameçon. Pour quelques, ils recherchaient juste un sujet de commérage valable pour des semaines ; car un endroit tel qu’Andover ne fournissait pas autant de potin que le ferait une ville comme Londres. Pour d'autres, surtout les hommes, ils ne désiraient que de voir à quoi ressemblait la fameuse miss Aalana Perkins. Ils voulaient savoir si elle était aussi belle que les rumeurs le racontaient. Ils souhaitaient tous la voir et la regarder faire. Miss Perkins étant une courtisane des plus renommées, les convives souhaitaient savoir si elle pourrait se comporter comme une vraie lady dans ses agissements.

La Courtisane de AndoverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant