Lloyd - Il y a douze ans.
* Tous les dialogues en italique sont en français, cajun ou non.
Je soupire et essuie une larme solitaire qui a roulée sur ma joue. J'inspire un bon coup et me relève en grimaçant de douleur lorsque les nombreux bleus et entailles peu profondes qui parcourent mon corps se réveillent. Je regarde une dernière fois la tombe devant moi.
- Je t'aime maman. Mais c'est tellement dur sans toi. Et je haïs cette ville qui nous a tout pris. Qui t'a prise. Je reviendrais bientôt. Au revoir.
Puis, je quitte le cimetière. Je rentre à pieds chez moi. De toute façon, je n'ai pas l'argent pour me payer un trajet en bus. Dans deux heures, je dois allez bosser. Mais je préfère rentrer avant, pour vérifier qu'il est toujours vivant. Je rabats ma capuche sur ma tête après avoir enfilé une paire d'écouteurs. Le métal puissant de ma playlist me hurle dans les tympans et me coupe du reste du monde et c'est tant mieux.
Personne ne me comprend ici. Pour la plupart, je ne suis qu'un passant un peu flippant, pour les autres, ceux qui me connaissent un peu, je suis juste le mec bizarre qui ne réagit pas comme tout le monde et qui ne comprend pas de la même manière qu'eux. Le type qui se bat illégalement à seize ans pour payer son loyer, qui bosse le soir, qui n'a plus de mère et qui doit surveiller son père dépressif. Le pauvre gars qui sort avec la fille la plus belle et la plus intelligente du lycée aussi.
Bref. Ma vie a New York n'est pas super. J'en ai même marre. Mais bon. Trente minutes plus tard, j'arrive chez moi. Un pauvre appart miteux et moisi dans un immeuble pourrit dans un quartier abandonné par la police et gangrené par les gangs et la drogue. Le paradis. Ça me change de la maisonnette joyeuse et tranquille d'y a quelques mois. Je pouvais allez chez Abi en deux seconde vu qu'on était voisin. Maintenant, il me faut presque quarante minutes pour la rejoindre.
J'ouvre la porte de l'appart et entre dans le misérable deux pièces qui nous sert de lieu de vie. Mon père, le teint pâle, des cernes énormes sous les yeux, est vautré dans le vieux clic-clac défoncé, un grand verre d'eau à la main. Il m'offre un maigre sourire avant d'éteindre la télé. Il veut se lever mais je secoue la tête. À la place, je me laisse choir près de lui en sifflant de douleur. On soupire de concert.
Je reste bien trois quarts d'heure avec lui a discuter de tout et de rien. Puis je fini par me lever pour aller prendre une douche et mettre des vêtements propres et non déchirés. J'enfile ma veste en cuir, attrape mon sac avec toutes mes affaires et embrasse mon père sur la joue.
- Ne bois pas d'alcool. D'accord ? Dis-je.
- Promis. Sois prudent Lloyd.
- Ouai.
Je lui souris avant de sortir. Je marche dans les rues peu fréquentées et souvent malfamées de la ville pour rejoindre le bar dans lequel je travaille. À l'entrée du Night Club, les deux videurs me saluent d'un signe de tête que je leur rend avant de passer par la porte de service. Le boss me tombe aussitôt dessus et me suit derrière le comptoir en chouinant qu'une de ses serveuses ne peut pas venir. Je souffle en acceptant de la remplacer en plus de mon taf de barmen. En échange d'un bonus en liquide, faut pas déconner non plus.
Je fini donc à la fermeture, c'est à dire à trois heures du matin. J'ai cours à huit heures. Je soupire de fatigue. Heureusement pour moi, Berry, l'un des videurs, me ramène en voiture, ce qui me fais gagner du temps de sommeil.
Malgré tout, en arrivant en cours, j'ai la même tronche qu'un zombi. Dans le couloir, je croise plusieurs connards notoires. C'est dingue comment on peut passer de populaire à déchet vivant en si peu de temps. Mais je tombe finalement sur Abi. Ma chère Abi. La seule personne qui me permet de tenir le coup. Sauf qu'elle ne rayonne pas comme d'habitude. Son visage est fermé et son corps tendu. Quelque chose cloche clairement. Elle s'approche de moi, totalement crispée.
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Angel's Melody - T3 - A la frontière entre le Bien et le Mal
RomansaAbigail Stanford est une flic fille de flic, petite fille de flic. Avec un oncle capitaine dans l'armée, un cousin sniper d'élite chez les Marines et une mère profileuse. Sa seule entorse, c'était Lloyd. Son seul amour et sa première fois. Mais son...