Burt ne savait pas trop à quoi s'attendre en entrant dans la maison des Anderson. Il était difficile de s'imaginer comment des personnes comme ça pouvaient vivre. Peut-être que toutes les pièces seraient d'un blanc immaculé, un carrelage froid dans le salon avec un canapé en cuir laiteux, une ambiance cliniquement saine et une odeur d'hopital empuant toute la maison. Ou même un mur rempli de crucifix surplombant une table à manger luisante.
Cependant, leur maison n'avait rien de tout ça. C'était une maison normale, avec une décoration ordinaire, impeccablement nettoyée et rangée. Le père de Blaine lui demanda de retirer ses chaussures et Burt remarqua que leur parquet était parfaitement ciré. Il l'invita cordialement dans leur salon en lui disant qu'il allait préparer le thé. Toutes ces courtoisies et cérémonies semblaient très sarcastiques de la part de cet homme. Burt resta debout, sa casquette à la main, observant autour de lui. Sur la table basse il remarqua en pièce centrale un bouquet de fleurs. Il se pencha pour sentir leur odeur mais constata qu'elles étaient en plastique et comme recoupées pour une forme plus plaisante. En se relevant, il nota que leur cheminée était vide et que leur télévision avait comme écran de veille un feu animé. Il jeta alors un coup d'oeil aux meubles et ne trouva aucune photographie.
- Alors vous voulez me parler de Blaine.
Surpris, il se retourna et regarda le père poser un plateau sur la table basse. Il se mit alors à remplir consciencieusement leurs tasse d'un thé décoloré, comme peu infusé.
- C'est ça. Je suis le père d'un de ses camarades de classe. J'étais avec votre fils au magasin, à Noël.
Le père ne dit rien et lui tendit sa tasse. Burt prit une gorgée, et comme il l'avait deviné, le thé avait un goût d'eau chaude.
- Je sais où vous avez envoyé Blaine, continua-t-il. Et je sais bien que je n'ai rien à vous dire sur la manière dont vous élevez votre fils, je dois tout de même objecter sur ce point là.
Il s'interrompit et tenta de sonder les yeux mornes du père qui répondit en croisant les bras et en se rasseyant :
- Eh bien, allez-y. Objectez.
- Vous savez... qu'il ne pourra jamais changer? Ce que vous pensez qu'il a attrapé, c'est ce qu'il est. Et peu importe le nombre de fois que vous l'enverrez là-bas, il ne sortira jamais comme vous le souhaitez. Il pourra se faire passer pour s'il veut rester avec une famille qui l'accepte, mais sachez qu'il se mentira simplement à lui-même. Et que c'est extrêmement douloureux.
Un silence suivit cette objection. Ils se regardaient dans le blanc des yeux, cambrés sur leurs posture. Alors le père commença :
- Je vous avais reconnu. il releva lentement les yeux vers Burt. De Noël mais aussi d'avant. Un jour où vous êtes allez chercher votre fils à l'école. il prit une longue gorgée. J'ai une très bonne mémoire pour les visages. Comment oublier le vôtre et celui de votre fils? Vous êtes, disons... reconnaissables.
Inconfortable, Burt changea de position dans le canapé trop profond où il était assis. A mesure que l'homme parlait, il se sentait avalé.
- Ma femme et moi, continua-t-il, sommes membres du comité des parents d'élèves. J'ai fais mes recherches sur vous et sur votre petite famille. Très recomposée d'ailleurs. Vous êtes... garagiste.
Il fit un geste vers l'uniforme que portait Burt.
- Vous venez juste de sortir du travaille à ce que je vois.
Le père se releva alors pour mettre quelques morceaux de sucre dans sa tasse.
- Vous avez perdu votre première femme, ajouta-t-il. Puis vous êtes remarié. Vous avez toujours habité ici et avez commencé votre carrière juste après le lycée. Vous êtes aussi...
- Qu'est-ce que ça veut dire? l'interrompit Burt. Ce que vous faites, là. Pourquoi vous me dites tout ça?
Le père, silencieux, passa sa langue sur ses dents, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait ensuite dire.
- Je vous ai laissé entrer chez moi, répondit-il finalement consciencieusement, avec l'espoir d'être amusé par les reproches que vous pouviez me faire. Cela n'a pas manqué.
Burt déglutit en sentant son sang s'échauffer. Il resta silencieux, laissant le père de Blaine parler.
- Et en vous écoutant balbutier des mots que vous n'avez sans doute pas l'habitude d'utiliser, je me suis soudainement rappelé pourquoi je ne laissais normalement pas les gens comme vous entrer, à salir ma maison avec vos critiques risibles et vos mains pleines de... graisse et d'huile de moteur. Alors j'apprécierai si vous pouviez maintenant sortir de chez moi, en espérant que la prochaine fois que je vous verrais ça sera lorsque je vous demanderai de réparer ma voiture.
Il fit alors quelques pas vers la porte, lui indiquant la sortie. Mais Burt resta assis, le menton posé sur ses mains.
- Monsieur? le relança le père.
Burt se releva lentement, et sans avancer, se tourna vers lui.
- Vous vous prenez pour qui, au juste? Je veux dire, vraiment?
Le père ne dit rien et se contenta de le toiser, les bras croisés, toujours près de la porte. Burt eut une vague de chaleur et les mots qui sortirent alors de sa bouche lui vinrent tout droit du coeur :
- Vous autres, vous n'êtes pas meilleurs que nous. Jamais vous ne le serez. Vous envoyez vos enfants en thérapie de conversion, dans des lieux abominables, vous les traumatisez et les empêchez d'être eux-mêmes, pour quoi? Pour être sûr qu'on ne parle pas de vous à la messe? Que les voisins ne pensent pas du mal de vous?
Il attrapa le bouquet de fleurs sur la table, ce qui renversa le vase qui rebondit sur le tapis persan.
- Vous êtes factices ! Vous êtes tous faux, à vous soucier de vos apparences artificielles !
Burt lança les fleurs avec force aux pieds du père. Il essuya son front et continua :
- Et c'est effrayant à quel point vous êtes étroits d'esprit. Vous pensez me faire peur avec vos petites recherches sur ma vie, mais faites ce que vous voulez, pensez ce que vous voulez de moi. Peut-être que vous feriez mieux d'essayer, ça. Foutez vous-en des autres ! Et arrêtez de vouloir changer votre fils, parce qu'il ne changera jamais. Et alors, qu'est-ce qu'on s'en fout qu'il aime les garçons? Vous êtes prêt à lui faire du mal, à blesser votre propre sang et votre propre chair plutôt que de l'accepter ! Je ne peux pas comprendre ça : j'aime mon fils, et même si je ne me reconnais pas dans les choses qu'il aime, qu'il fait ou qu'il regarde, je sais quand même que je l'aime !
Sa voix s'enroua, sa gorge se serra et il sentit ses yeux s'humidifier. Il insista :
- Il est tout ce qu'il me reste, il est toute ma vie, et peut-être que je ne le lui montre pas assez, mais tout au fond de moi, je sais qu'il sait que je serai toujours là. Et même avec moi je sais que ce qu'il traverse est déjà bien assez difficile. Alors je n'essaie même pas d'imaginer ce que votre pauvre fils peut ressentir. Merde, alors, c'est encore un enfant et vous lui demander de choisir entre lui-même et l'entierté de sa famille? Eh bien tout ce que je peux vous souhaiter, c'est que vous retrouviez la raison, parce que vous l'avez tout à fait perdue.
Un silence lourd pesa entre les deux. Le père regardait maintenant par terre, ses dents mordant sa langue.
- Je vais vous demander de sortir, maintenant, finit-il par murmurer.
Burt acquiesça et lui souhaita la bonne journée en passant.
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In Secret*Klaine
FanfictionUne Dalton Academy homophobe, un Blaine qui se renie et se haïs et un Kurt qui doit faire le choix entre s'assumer ou se faire virer d'une école prestigieuse qui lui ouvrira un grand nombre de portes.