Chapitre 3 _ Lundi 3 décembre (2/2)

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Vers dix-sept heures, j'aperçois des phares éclairer mon allée puis j'entends ma sonnette résonner. Je descends pour faire entrer la personne qui vient me chercher, le temps que je m'habille pour sortir. Alors que je m'attends à voir Julien, le mari de Laura, c'est Alexandre qui se tient devant la porte que je viens d'ouvrir, la surprise passée, je lui fais la bise. Il me regarde étrangement mettre mes vêtements pour sortir avant de me dire :

— Tu es sobre aujourd'hui, le contraste avec hier est saisissant. Rassure-moi, tu n'as pas eu de fuites d'eau et perdu l'intégralité de tes pulls de Noël ?

Je m'arrête deux secondes de mettre mes bottes pour le regarder dans les yeux, il a l'air très content de sa plaisanterie.

— J'ai un peu abusée hier alors j'ai décidé de me cantonner seulement aux sous-vêtements pour aujourd'hui. Si je ne veux pas dépasser mon quota, je dois avoir des jours off, c'est-à-dire où je m'habille normalement. Tu comprends, je ne dois pas griller ma couverture d'agent du Père Noël. À ton avis comment les lutins obtiennent les informations sur le marché du jouet dans notre pays ?

Il sourit à ma blague, mais choisit de ne pas répliquer. Une fois que je suis prête, nous partons vers la voiture et je lui demande en chemin :

— Tu devais venir toi aussi pour faire le bonhomme d'Emma ou tu as été réquisitionné de force ?

— Laura m'en a parlé au téléphone, cet après-midi, elle a un peu insisté surtout sur le fait que je ne devais pas louper le premier bonhomme de neige de ma nièce. Comme je finissais plus tôt aujourd'hui et que tu dois m'apprendre à être un tonton exceptionnel, j'ai décidé de venir.

— Tu es déjà un super parrain et tonton. Je t'envie beaucoup car je n'aurais jamais la même relation avec mes neveux que toi avec Emma.

— Ta sœur habite au Canada, c'est normal, tu ne les vois pas beaucoup. Si tu les voyais souvent, ils t'adoreraient.

Sa gentillesse me touche et je ne peux m'empêcher de renifler. Une larme coule sur ma joue sans prévenir et je l'essuie rapidement en espérant qu'il ne la remarque pas. Je jette un regard dans sa direction et je vois qu'il n'a pas été dupe. Son visage paniqué est presque comique, la situation le devient encore plus quand il me présente ses excuses.

— Je suis désolé si je t'ai blessé, ce n'était pas voulu. Je voulais te faire un compliment. Tu es géniale avec Emma.

Je souris, Il n'a pas l'air de comprendre ce qu'il se passe, il faut dire que j'envoie des signes contradictoires. Prise d'une envie soudaine, je défais ma ceinture de sécurité et me penche vers lui. Il se fige en attendant ma réaction et il sursaute, presque, quand je lui dépose un léger baiser sur la joue. Je l'entends relâcher sa respiration et le vois se détendre. Pour expliquer mon comportement, je lui raconte ma journée :

— Tu n'as rien dit de mal, ça a été une journée difficile aujourd'hui. Ma mère m'a appris ce matin que ma sœur ne venait pas en France pour Noël et que mes parents allaient faire le voyage pour les rejoindre au Québec. Pour la troisième année consécutive, je vais être seule pour Noël. C'est peut-être égoïste de ma part, mais j'ai l'impression d'être mise de côté, comme souvent quand il s'agit de ma sœur. Elle et ma mère ont toujours été proches, je préférais aller pêcher avec mon père, elles préféraient faire les magasins.

— Demande à Laura si tu peux venir manger avec nous ce jour-là, nous allons manger chez elle. Mes parents s'amusaient à dire que tu es leur deuxième fille, quand vous étiez au lycée toutes les deux, ils seront heureux de t'avoir ce Noël autour de la table, tente-t-il de me rassurer. Par contre, je trouve un peu lâche de la part de ta sœur d'avoir envoyé ta mère annoncer la nouvelle, elle aurait pu te téléphoner pour te l'apprendre.

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