Chapitre 8 _ Samedi 8 décembre (1/2)

2K 225 2
                                    


À peine debout que je dois déjà m'habiller, l'enthousiasme qui m'anime depuis une semaine à l'idée d'aller visiter le marché de Noël de Colmar passe après ma mauvaise humeur due à mon réveil précoce. Malgré le brouillard qui obscurcit mes pensées le matin, je me faufile à pas de loup dans la chambre d'amis pour sortir les affaires d'Emma que Laura m'a gentiment rangé la veille. Je regarde le petit ange dormir dans le lit avant de remarquer que Jiminy dort à ses pieds, je fonds devant ce spectacle, si Emma n'était pas profondément endormie, je serais allée chercher mon téléphone portable pour pouvoir les prendre en photo. Un grand sourire barre mon visage quand je repousse avec précaution la porte avant de descendre dans la cuisine prendre mon petit-déjeuner. Je mets en route la cafetière et sors de mon bureau la valise avec le nécessaire pour la nuit d'hôtel pour la placer dans l'entrée. Je range à l'intérieur du bagage ma nuisette en coton que j'ai pensé à descendre.

Le café est prêt et je me sers une tasse quand je reçois un message d'Alexandre qui m'informe qu'il part de chez lui. J'avale ma boisson chaude en faisant attention à ne pas me brûler la gorge et je manque de m'asperger les pieds avec les quelques gouttes que je laisse échapper. Je commence à préparer le chocolat chaud de ma filleule quand une lumière éclaire mon entrée, les phares de la voiture de son oncle. Je pose la brique de lait sur le plan de travail et je vais lui ouvrir pour qu'il ne réveille pas Emma en utilisant la sonnette. Il arrive devant la porte d'entrée quelques secondes après, la neige commence à tomber et quelques flocons s'accrochent dans ses cheveux, dans les films et les séries télés, je trouve cela craquant. En vrai, c'est encore plus sexy, je me vois passer la main dans ses cheveux pour les lui enlever, je me retiens de justesse. Je le fais entrer et je me penche sur la pointe des pieds vers lui pour lui faire la bise. Visiblement, nous avons eu la même idée en même temps car j'évite au dernier moment de poser mes lèvres sur les siennes qui finissent par atterrir juste au coin de ma bouche. Je rougis et me mords la lèvre inférieure de gêne, Alexandre n'a pas l'air d'être très réveillé et ne semble pas réagir. Je lui dis de s'installer et de se mettre à l'aise le temps que j'aille réveiller Emma. Je l'aperçois rapidement en train de se déchausser, son manteau déjà enlevé, j'ai un bel aperçu de ses fesses quand je monte les escaliers. Je tourne la tête et j'augmente la cadence pour m'éloigner du frère de ma meilleure amie.

J'ouvre la porte de la chambre d'amis, m'avance vers le petit lit, caresse le front de ma filleule et lui demande de se réveiller. Elle gronde dans son sommeil alors j'allume la lumière de l'applique vers nous, dont l'intensité lumineuse est plus faible que celle du plafond et moins brutale pour nos yeux à cette heure aussi matinale. Elle finit par sortir des bras de Morphée après plusieurs sollicitations de ma part. Ensommeillée, je l'aide à s'habiller et une fois prête, je la prends dans mes bras pour descendre. Elle s'appuie contre moi en tenant son doudou serré contre sa poitrine. Quand elle voit son oncle qui l'attend dans la cuisine, elle se redresse et Alexandre me la prend des bras, elle se blottit contre lui. Je peux finir de préparer la boisson chaude de ma filleule. Quand son lait est prêt, je lui tends le biberon et je prépare une tasse à son oncle.

Il est en train de montrer à Emma les décorations de mon Sapin de l'Avent, je prends la boîte et je fais piocher à la petite la décoration de la journée. Elle pioche une petite fée que j'adorais quand j'étais petite et elle la place sur une branche au milieu. Je me prends à rêver à vivre la même scène mais cette fois-ci avec mon propre enfant. Cette envie me brise le cœur, les annonces de mes amies qui fondent leur famille me font mal et si je me laisse prendre au jeu de mes émotions, je sais que je finirais en larmes. Ce n'est pas le moment. Je me secoue intérieurement et vais chercher le manteau d'Emma. Je l'habille pendant qu'elle finit son biberon, à moitié endormie sur la chaise où elle est assise pendant que je me bats avec sa fermeture éclair. Alexandre est déjà parti ranger ma valise et le sac à dos de sa nièce dans le coffre de sa voiture. Je suis contente qu'on ne prenne pas ma Twingo et qu'on profite du confort de son cross-over pour le trajet, mes fesses vont apprécier le siège chauffant. Sur la route, Emma se rendort rapidement et je ne trouve aucun sujet de conversation mais cela ne semble pas déranger Alexandre.

Après presque deux routes de trajet, il m'annonce avoir besoin d'une pause et sort sur la première aire de repos où l'on peut se restaurer. Nous entrons dans la cafétéria, Alexandre va s'asseoir à une table avec Emma qui se réveille pendant je pars commander des viennoiseries et des boissons chaudes. L'endroit est presque désert, seuls deux employés et un monsieur, les yeux fixés sur son téléphone, sont présents dans les lieux. Je m'approche du comptoir, la femme derrière vient me voir. Elle est visiblement et de très bonne humeur, peut-être trop pour moi de si bon matin, cela a tendance à me vider de mon énergie plutôt qu'à me dynamiser.

— Bonjour, que vous faut-il ? me demande-t-elle avec vivacité.

— Deux cafés et trois croissants.

Elle jette un coup d'œil à la table où se trouvent Alexandre et Emma.

— Si vous avez besoin de réchauffer quelque chose pour votre petite, vous pouvez utiliser le micro-ondes qui se trouve dans l'angle, m'explique-t-elle en me montrant l'appareil.

— Merci.

— De rien, vous formez une jolie famille. Je vais vous paraître indiscrète, mais où vous rendez vous ? m'interroge-t-elle en toute sympathie tout en préparant notre commande.

— Nous allons au marché de Noël de Colmar.

— Oh ! La petite va être ravie, c'est l'un de mes moments préférés de l'année. C'est magique pour un enfant. Voici votre commande, profitez bien de votre journée, me dit-elle en me tendant le plateau.

Je luis souris un peu gênée de ne pas l'avoir détrompée, mais je manquais d'énergie et je n'avais pas envie d'engager une conversation de ce type à neuf heures du matin. Je me dirige vers la table et m'assois à côté d'Alexandre, je tends le croissant à Emma qui croque dedans à pleines dents. Alexandre remarque immédiatement mon manque d'entrain.

— Ça va ? me demande-t-il.

— Rien d'important, la vendeuse a cru que nous étions une famille et je ne l'ai pas détrompé. Je ne voulais pas perdre de temps à tout lui expliquer.

— Ça ne va pas lui bousiller sa vie si un client n'est pas complètement honnête avec elle. Détend-toi et pense à la journée que tu vas passer dans un de tes lieux de prédilection, me répond-il en remettant une mèche de cheveu derrière mon oreille.

Ma peau me picote à l'endroit qui entre en contact avec ses doigts. J'ai chaud d'un coup et je rougis avant de prendre une gorgée de café pour éviter de parler. Emma qui a fini de manger sa viennoiserie et, étrangère à l'attirance qui règne entre Alexandre et moi, nous demande innocemment.

— On va voir le Père Noël aujourd'hui ou son assistant ?

Je souris en reposant ma tasse, Alexandre la regarde, amusé. Je tente une réponse.

— Aujourd'hui, si on croise un Père Noël ça sera sûrement un assistant, le vrai doit travailler beaucoup pour faire les cadeaux de tous les enfants de la Terre.

— Et il faut qu'il s'occupe des rennes, renchérit Alexandre.

Emma semble plus convaincue par l'argument de son oncle que le mien car elle nous dit sérieusement.

— Ben oui ! Faut pas que Rudolphe tombe malade. C'est lui qui éclaire le chemin du traîneau avec son gros nez rouge.

C'est très mignon à voir mais la solennité avec laquelle elle nous a répondu me donne envie de rire. Je remarque que la main d'Alexandre tremble et qu'il se mord la lèvre inférieure. Nos regards se croisent et je vois la même hilarité dans ses yeux qui fait écho à celle que je retiens. Un instant complice, j'ai le sentiment que nous sommes connectés à ce moment. Emma ne nous pose aucune autre question vis-à-vis du bonhomme rouge et nous terminons de manger et d'avaler nos cafés avant de reprendre la route. Je vais à l'arrière pour distraire le restant du trajet ma filleule, qui est bien réveillée et en pleine forme.

Toute la magie de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant