Toute la magie de Noël

Chapitre 1 _ Samedi 1er décembre (1/2)

Je suis encore en retard sur mon planning, il faut que j'arrête de procrastiner devant les téléfilms de Noël. Il me reste à terminer les gourmandises qui vont garnir le calendrier de l'Avent de ma filleule Emma, la fille de ma meilleure amie. J'ai hâte de voir sa petite tête d'ange s'éclairer quand elle verra son cadeau pour la première fois. Je jette un coup d'œil vers l'horloge qui orne l'un des murs de ma cuisine, je pousse un gémissement en me rendant compte que le temps m'est compté. Je suis affreusement en retard sur mon timing. Jiminy, mon chat, me signale sa présence :

— Miaou !

Je tourne la tête en direction du bar qui sépare mon salon de ma cuisine. Mon félin est étalé sur le plan de travail, couché sur le flanc, il lèche l'un de ses pattes avant pour la passer derrière ses oreilles. Malgré ses faux airs de chat pataud, il sait très bien arriver à ses fins. Quand il s'aperçoit que je le regarde en délaissant ma pâte et le rouleau à pâtisserie, il me fixe. Jiminy a le chic pour me faire sentir coupable quand il a ce regard, ses yeux verts grands ouverts et ses oreilles droites sur le côté. Cela dure quelques secondes avant qu'il reprenne sa toilette.

Je me retourne et reprends mon rouleau à pâtisserie, je regarde ma pâte à butterbredele, une des sortes de biscuits alsaciens que je préfère manger à cette période de l'année. Je me motive :

— Pauline Michel, dépêche-toi ! Dernière ligne droite !

Je repense à ce que représente pour moi, Noël. Depuis que je suis toute petite, c'est La Fête de l'année, j'adore l'ambiance qui règne à cette période de l'année. Si je suis devenue journaliste, c'est pour partager ma passion pour le mois de décembre. J'ai réussi à me faire un petit nom dans ma profession que ça soit pour la presse régionale ou la radio et je tiens plusieurs blogs dont un sur ma fête préférée qui se nomme Toute la Magie de Noël, qui voit son affluence augmenter dès qu'Halloween se termine. J'aime me dire que tous les Francs-Comtois lisent mes articles ou entendent au moins une fois ma voix pendant la période des fêtes de fin d'année. Mes amis dans le métier m'appellent affectueusement la Reine de Noël. Je rédige avec toujours autant d'enthousiasme des articles sur la cuisson de la dinde jusqu'aux jouets tendance de l'année. L'un de mes sujets de prédilection est la légende de la Fée Arie, c'est l'équivalent du Père Noël franc-comtois, une fée ou sorcière qui viendrait sur le dos de son âne déposer des oranges aux enfants travailleurs et obéissants ou du charbon aux mauvais garnements. Je suis de l'est de la France, j'aime profondément cette fête, l'esprit coule dans mon sang et je fais tout chaque année pour que Noël reste dans les mémoires de mes amis et de ma famille. Ma passion pour cette fête n'est pas forcément comprise par mon entourage mais ils s'amusent à trouver chaque année Le Pull de Noël que je ne possède pas encore. Ma penderie est remplie de pulls, de robes ou autres accessoires avec pour motifs des flocons, des rennes, bonhommes de neiges et autres.

Je finis d'étaler la pâte de mes petits biscuits traditionnels alsaciens, bredele pour les spécialistes, avec le rouleau à pâtisserie. Je m'y reprends à plusieurs fois pour que l'épaisseur soit uniforme mais pas trop fine pour que la cuisson soit parfaite. J'ai choisi des emporte-pièces en forme d'étoiles filantes et de sapins puis j'appuie pour découper les futurs biscuits avant de les placer sur du papier sulfurisé. Une fois terminé, j'enfourne mes butterbredele, une recette au beurre, et je profite du temps de cuisson pour garnir de confiture de fraises les mini-linzers, une sorte de petites tartes garnies de confitures et où la fraise ou la framboise se marie avec la saveur de cannelle du biscuit en dessous. J'ai opté cette année pour de la confiture d'un artisan du coin pour éviter le même désastre que l'an dernier où ma confiture avait un goût de brûlé que mes amis n'ont pas manqué de me le rappeler plusieurs mois après. J'attends un peu avant de les placer dans des sachets en tissus où se trouvent déjà les spritz, biscuits en zigzag que j'ai trempé la base dans le chocolat pour les napper, que j'ai préparé hier soir. Il me reste également à recouvrir de glace royale et de décorations en sucre les zimtsternes, biscuits à la cannelle en forme d'étoiles que l'on peut décorer. Les quinze minutes filent rapidement, le minuteur me rappelle que je dois sortir les petits gâteaux au beurre avant qu'ils ne soient carbonisés. J'attrape une manique et je sors la plaque du four et je reprends la tâche que j'ai interrompue quelques instants plus tôt en laissant les autres refroidir. J'enfourne la deuxième fournée cinq minutes après.