Chapitre 24 _ Lundi 24 décembre (1/2)

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C'est la première fois de ma vie que je suis debout à six heures du matin, le 24 décembre. Mon corps m'a accordé cinq malheureuses heures de sommeil, cinq heures pour oublier que j'ai un réveillon de Noël pour une dizaine de personnes à préparer en vingt-quatre heures. Laura doit arriver à neuf heures, en l'attendant, je regarde sur internet les articles pour la décoration de tables des magasins présents dans la ville. Sur un calepin, je gribouille un plan de table pour que ma sœur et ma meilleure amie ne se retrouvent pas côte à côte pendant le repas. Un meurtre serait de très mauvais goût. La meilleure solution est de mettre nos parents en tampon pour éviter une attaque frontale. Satisfaite, je décide d'aller dans mon placard à l'étage pour trouver de quoi faire une décoration de table suffisamment festive. Je déniche quelques bougies à la bonne couleur, mais seulement un paquet à moitié vide de serviettes en papier, du vert moche en prime. Démotivée, je redescends dans mon salon. Je réfléchis un instant, à m'installer devant la télé pour écouter les conseils des journalistes sur les préparations du Réveillon avant de changer d'avis de mettre la musique et de danser.

Laura me retrouve à l'heure prévue, elle me fait la bise avant de s'installer à la table à manger. Elle s'affale sur une chaise, pose son sac sur la table et me lance un regard désespéré.

— J'en peux plus, me dit-elle. Franchement, si tu peux trouver la moindre excuse pour que je reste le plus longtemps possible avec toi, je prends. Il est neuf heures et j'ai déjà eu deux appels de ma belle-mère. Elle voit Emma demain, mais non, faut qu'elle me pourrisse mon premier jour de congé.

Je souris, je suis habituée à cette rengaine. Mon amie se plaint toujours de la mère de Julien, mais au fond, les deux s'adorent.

— Tu me donneras des conseils pour que je me débarrasse de ma frangine une fois le réveillon passé. Il ne lui a fallu que quelques minutes pour m'insupporter.

Laura fait une grimace en entendant parler de ma sœur.

— Je suis désolée de ne t'avoir rien dit, mais tu connais ta mère. Elle sait comment être chiante pour que tu craques. Même si elle sait être agréable, elle a vraiment été pénible. Julien m'a dit d'accepter pour être tranquille. En plus, t'es vachement moins rancunière que les deux réunies alors j'ai flanché.

La radio passe un chant de Noël et ma meilleure amie se crispe.

— Désolée mais j'en peux plus. J'ai le droit à la version de Petit Papa Noël tous les jours par une enfant de trois ans. J'en arrive à écouter du hard rock discrètement pour couvrir Emma qui chante, ça fait depuis le lycée et le gars bizarre avec qui je sortais que je n'avais pas écouté ce genre de musique. Tu m'excuseras, mais tu ne seras pas la marraine du deuxième, je n'ai pas envie de monter une chorale de Noël comme dans les téléfilms américains.

Je pouffe de rire en imaginant Laura en train de faire le chef d'orchestre. Je sers un verre de jus de fruit à ma meilleure amie qui grommelle en regardant avec envie ma tasse de café :

— Dès que j'accouche, je demande un café, même celui qui est dégueulasse à la maternité.

Elle me supplie de lui en donner un peu, ce que je refuse et elle me menace :

— Ne compte pas sur moi pour t'aider quand ça sera ton tour. Je te ferai tous les plats que ton odorat ne supportera pas, tu comprendras ma douleur. Bon, prête à entrer dans l'antre du Diable ? change-t-elle de sujet.

J'acquiesce.

— J'ai essayé tous les tours de magie que je connais, mais je n'ai pas réussi à faire apparaître un seul plat, ni décoration, ni assiette.

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