Je ne sais toujours pas quoi faire de la proposition d'emploi. Pourquoi fait-il que ma vie se complique toujours ? Rien ne se déroule comme je le voudrais. Ma grand-mère me dirait que nos prévisions font pâle figure face aux décisions du Destin. Elle est très croyante pour ces choses-là, contrairement au reste de la famille. Je descends prendre mon petit-déjeuner avant de partir faire l'interview d'un confiseur pour qu'il dévoile l'un de ses recettes de nougat. Cette semaine, l'émission fait une petite infidélité à Jacques. La semaine prochaine quand je vais le retrouver, j'aurai le droit à une petite blague sur le sujet.
Je regarde mon mini sapin artificiel et la décoration que j'ai pioché la veille, la date du journal où j'ai publié mon premier article dans la presse écrite, qui est toujours posé à même le plan de travail. L'article en question est dans une pochette plastifiée à l'abri des accidents, j'ai découpé la date du jour que j'ai ensuite plastifié pour la transformer en décoration. Je suis rentrée si perturbée, hier soir, que je n'ai pas su où l'accrocher. Plus j'y pense au poste proposé, plus je sens comme une masse dans ma poitrine qui rend ma respiration difficile. J'ai l'étrange impression que je passerais à côté de quelque chose si j'accepte. J'ai toujours du mal à écouter mon intuition, même si j'ai souvent regretté de ne plus l'avoir suivi. Pourtant mon esprit rationnel a besoin d'avoir de quelque chose de plus tangible pour pouvoir prendre cette décision. En désespoir de cause et ne voulant toujours pas prendre de décisions hâtives, j'accroche la décoration en bas du sapin. Cette année, mon travail m'apporte moins de joie qu'à l'accoutumée.
L'esprit ailleurs, je pioche celle d'aujourd'hui et tombe sur une des edelweiss de l'un des bouquets que mon père avait offert à ma mère quand ils étaient jeunes et qu'ils habitaient dans les Alpes suisses. Ma mère a conservé ces fleurs et nous a offert à ma sœur et moi à chacune l'une d'entre elles à l'intérieur d'une boule de Noël. Ils avaient trouvé un artisan verrier qui les avait réalisées en incluant les fleurs à l'intérieur. J'aime énormément le symbole que représente les edelweiss, l'amour noble, la cueillette de cette plante est difficile et nécessite beaucoup de patience. Cette fleur représente, pour moi, le véritable amour, celui de tous les jours, celui où il ne faut jamais renoncer pour que la flamme ne s'éteigne jamais. Je place l'ornement en haut du sapin, par espoir, espoir que je le rencontre un jour, celui qui sera prêt à aller cueillir en altitude ces fleurs délicates. Cette décoration m'a rendu le sourire et m'a fait oublier un instant mes tracas.
Mon café du matin avalé, je pars réaliser l'interview du confiseur. Entrer dans sa boutique s'apparente à mettre un pied au paradis des enfants et celles des caries pour les dentistes. Les bonbons sont très colorés et il y en a de toutes sortes. Le confiseur vient à ma rencontre et je me présente. Il me propose de visiter son laboratoire en attendant mon collègue qui va venir prendre le son. J'ai retrouvé mon âme d'enfant en visitant les lieux et j'ai eu le droit de goûter à quelques gourmandises en attendant. Je me suis régalée avec les bergamotes de Nancy et j'ai pris un sachet pour mon père, Lorrain d'origine, un petit cadeau de Noël en avance. Une fois mon collègue arrivé, tout s'enchaîne rapidement. Le reportage se déroule sans problème et nous avons même eu le droit à une barre de nougat tous les deux. Avant de partir, Maxime me dit que je vais être contactée par la radio et donc d'être disponible pour l'appel, il insiste bien là-dessus. Je comprends que ce coup de fil peut être important. Je le remercie ainsi que le confiseur puis je rentre à la maison.
J'arrive chez moi un peu avant midi et une demi-heure plus tard, mon téléphone portable sonne et le numéro de la radio s'affiche comme me l'avait annoncé mon collègue. Je décroche.
— Allô ! Pauline Michel à l'appareil, répondis-je.
— Pauline, c'est Jean-Philippe, me dit le présentateur de l'émission où passent mes reportages culinaires.
— Bonjour, Jean-Phi, comment vas-tu ?
— Très bien, merci. Je voulais savoir si tu étais disponible demain matin ? La personne qui devait venir est malade et j'aimerais que tu viennes parler de ton blog, celui sur Noël, comme on est dans la période des fêtes. Ça te dit ?
Je me retiens de sauter de joie, j'ai toujours voulu faire de la radio.
— J'aimerais beaucoup et je vais m'arranger pour venir. J'avais prévu de rédiger des articles pour mon blog et de préparer d'autres reportages, ça peut attendre un peu.
Je l'entends rire à l'autre bout du fil.
— Ça fait plaisir de te savoir si enthousiaste et pour une fois on pourra se parler directement et non par émissions interposées. Je préviens la rédaction et quelqu'un te contactera plus tard pour régler les derniers détails. À demain, Pauline, dit-il avant de raccrocher.
Une fois la communication terminée, j'entame une danse de la joie au grand désespoir de Jiminy qui fuit devant tant de gestes disgracieux. Ma bonne humeur persiste longtemps et c'est avec un grand sourire que j'ouvre à mon père venu réparer la porte de ma salle de bain qui coince ses derniers temps. Je lui prépare un café le temps qu'il regarde ce qu'il doit faire et je sors les bergamotes achetées le matin. Son regard s'illumine en voyant le sachet de friandises que je lui tends. Il l'ouvre et en pioche un avant de boire son expresso. Il s'assoit autour de ma table et me dit.
— Pour ta porte, c'est juste quelques vis à resserrer et peut-être les gonds à graisser. Rien d'important.
— Merci Papa, j'avais peur d'avoir des dépenses supplémentaires, c'est un peu serré ce mois-ci avec les cadeaux qu'il me reste à faire, dis-je avant de le remercier en lui déposant un bisou sur la joue.
— De rien, j'accepte les bergamotes en paiement, ma choupinette. Tu les as trouvé où ?
Un grand sourire s'étale sur mon visage, je rouspète pour la forme :
— Je les ai acheté chez le confiseur avec qui j'ai fait l'interview, ce matin, je te donnerais l'adresse. Sinon, j'ai passé l'âge d'être une choupinette, papa.
— Ce n'est pas toi qui le décide, tu seras toujours ma choupinette qui préfère lire un bouquin au milieu des moustiques pendant que je pêche alors que tu aurais pu faire les boutiques avec ta mère. Viens t'asseoir.
Je m'installe sur la chaise près de lui. Il regarde mon sapin et me demande les yeux brillants de malice.
— C'est Alexandre qui te met de bonne humeur ?
Je rougis.
— Non, je suis invitée demain à passer la matinée à la radio pour parler de mon blog.
Il hausse les sourcils avant de me taquiner.
— Pourtant quand je suis passée voir ta grand-mère, elle m'a dit que tu avais rougi quand elle t'avait parlé d'avoir des enfants. Je sais que tu n'es pas la pro de la coiffure comme ta mère et ta sœur, mais tu étais légèrement échevelée dimanche et lui un peu trop embarrassé par notre présence.
— D'accord, d'accord, d'accord, j'avoue ! répété-je en levant les yeux pour faire semblant de le trouver exaspérant même si le rougissement de mes joues me trahit. Je me suis rapproché d'Alexandre récemment, mais pour l'instant c'est trop frais pour en dire quelque chose, parlé-je avec les mains comme à chaque fois que je suis gênée.
Il rit et me dépose une bise sur la joue.
— C'est un bon gars, Alexandre, mais tu sais que s'il te fait du mal, je suis là. N'est-ce pas ma choupinette ?
Je hoche la tête en souriant à la complicité que j'ai avec mon père.
— J'y retourne. Je devrais avoir réglé le problème d'ici un quart d'heure, me dit-il avant de finir son café et de s'éloigner vers ma salle de bain. Va voir dans ma voiture, si je n'ai pas du dégrippant dans le coffre.
Je le regarde s'éloigner avant d'aller vérifier ce qu'il m'a demandé et lui apporter la bonbonne en question. J'envoie, en chemin, un message à Alexandre pour savoir à quelle heure il passe me prendre pour aller au restaurant, puis je retourne assister mon père. C'est-à-dire lui faire perdre du temps à chaque fois qu'il me parle d'un outil dont lui seul connaît la forme et que je dois lui passer.
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Toute la magie de Noël
ChickLitPauline est une accro à la magie de Noël à tel point qu'elle est la spécialiste des reportages sur Noël dans sa région. Elle adore créer de la décoration pour les fêtes, se vêtir des fameux pulls en laine avec des rennes en motif, chanter les chants...