Soudain, Kaïra cessa de rire. Un frisson lui parcourut la nuque. Quelqu'un se trouvait là, avec elle. Elle ne le voyait pas, mais elle en était certaine. Aussitôt, ses sens se mirent en alerte.
Elle entendit des pas lourds.
Puis elle distingua les contours d'une haute silhouette.
Un homme, très certainement.
Un homme très grand, tout en muscles.
Son cœur se mit à cogner à tout rompre dans sa poitrine et elle fit malgré elle un pas en avant, comme si ses jambes avaient l'intention de fuir, avec son accord ou non. Mais l'obscurité, l'irrégularité du sol et son manque d'équilibre lui jouèrent un mauvais tour, et elle aurait trébuché et sans doute chuté si une main ne l'avait pas rattrapée.
Elle devinai la force d'airain retenue derrière ce contact doux et bienveillant. L'odeur de cet inconnu lui caressa les narines — une odeur qui ne lui était pas si étrangère, car profondément masculine, et qui évoquait le bois, le cuir et la fumée.
Ivar...
— Je ne vous ferai aucun mal, dit-il tout bas.
Dans sa voix, elle détecta de la sincérité, un sens de l'honneur certain, et une réelle volonté de la rassurer. Ses mots dissipèrent ses craintes. Sans savoir vraiment pourquoi, elle le crut.
Il l'aida à se rétablir sur ses pieds, et elle fut surprise de trouver ce geste protecteur plus engageant que menaçant, surtout dans une telle obscurité. C'était comme un ancrage, sûr et calme, qu'il lui offrait dans le tumulte de la nuit.
Elle dut reconnaître qu'au fond d'elle, Kaïra appréciait cette rencontre imprévue et illicite. Elle n'avait pas peur, depuis que la voix du viking l'avait rassurée. Et elle se sentais attirée, sans qu'elle puisse l'expliquer, par son odeur épicée et entêtante.
Il ne lui lâcha pas le bras et l'attira tout près de lui, contre son corps chaud et ferme. Un corps sombre, invisible, presque spectral. Pourtant l'impression de solidité qui se dégageait de lui avait quelque chose de rassurant. C'était un réconfort fortuit et totalement imprévu, qu'elle n'aurait pu trouver ailleurs que dans ce jardin caché, loin du bruit et de la lumière. C'était comme si, pour un court instant, ils avaient tous deux échappé à la réalité dont ne leur parvenait, dans le lointain, qu'un vague murmure.
Ivar passa sans bruit son bras autour d'elle et elle sentit la caresse soyeuse de ses cheveux dans mon cou. L'intimité de ce doux contact lui coupa le souffle et remua au plus profond de son être, comme jamais cela ne lui était arrivé auparavant.
Puis, sans même qu'elle ne se rende compte, sous la sombre couverture d'un ciel sans lune, les lèvres entrouvertes d'Ivar touchèrent les siennes, les effleurant d'abord lentement avant de s'y poser avec douceur mais autorité. Son esprit se retrouva comme vidé, et ses genoux vacillèrent, mais le viking la serrait si fort que cela n'eut aucune conséquence. La douce exploration de sa langue, curieuse et insistante, faisait naître en elle des bouffées de chaleur intense qui se propageaient dans tout son corps. Le goût de ce baiser, si inattendu, si agréable, l'invitait à s'ouvrir, à se laisser faire, et même à participer en retour à cette rencontre extraordinaire.
Ce n'était pas leur premier baiser. Mais Cette fois, c'était quelque chose de différent. Il n'y avait rien de timide ni d'innocent dans ce baiser, qui m'emmenait vers des contrées où, si elle n'avait pas perdu la raison à ce moment-là, elle n'aurait jamais osé s'aventurer. Une sensation brute et sauvage s'insinua au plus profond d'elle alors que le baiser d'Ivar devenait de plus en plus intense. Il tenait son menton avec une douceur et une attention infinies. Le peu de retenue qu'il lui restait fut balayé par le désir soudain et violent qui s'était emparé d'elle. Les effets de ce contact intime migrèrent jusqu'à enveloppé tout son corps qui dut gagné par une chaleur d'une intensité croissante.
Un sourd grognement de plaisir s'échappa de la gorge d'Ivar, et elle en ressentit l'effet jusqu'au plus profond d'elle-même.
Emprisonnée dans le cocon de sensualité que le jarl tissait autour d'elle, Kaïra avait perdu la notion du temps et de l'endroit où elle se trouvait, quand une voix brutale la rappela cruellement à la réalité.
Ivar rejeta la tête en arrière, le regard affamé et intense, tandis qu'il la dévisageait.
Sans la libérer, la cachant derrière sa silhouette, il s'adressa, de dos, sèchement à l'ombre d'un homme qui se tenait sur le seuil.
— Quoi ?
Malgré les seules quelques connaissances qu'elle avait apprise de cette langue du Nord, elle comprit qu'on lui demandait de venir régler un problème assez urgent, à en juger par la tonalité de sa voix.
La déception qui se lut sur le visage de ce dernier lui confirma qu'elle avait deviné juste.
L'air s'était chargé d'une frustration presque palpable, et il sembla à Kaïra qu'un froid intense l'enveloppait quand Ivar s'écarta.
— Pardonnez-moi, dit-il d'un ton formel, je dois...
— Je comprend, je dois de toute façon rejoindre... ma soeur
Kaïra lui adressa un sourire poli, qu'Ivar lui rendit mais la lueur incandescente qui vibrait au fond de ses prunelles lui prouvait indiscutablement qu'il n'éprouvait pas que des sentiments courtois à son égard.
Cet échange muet fit battre plus fort le cœur de la jeune femme et, sous la caresse brûlante des yeux d'Ivar, elle eut la sensation que tout son corps fondait comme neige au soleil. Kaïra avait envie de l'attirer à elle, d'exiger le baiser passionné dont elle avait été privée, mais son bon sens la rappela à l'ordre.
Il leur était impossible d'envisager un avenir commun. Elle le savait pertinemment, et il ne servirait à rien de se bercer d'illusions. D'autant plus qu'elle était sûre qu'Ivar ne partageait pas les mêmes sentiments qu'elle à son égard : s'il l'avait embrassé, c'est parce qu'il avait cédé à une pulsion, à une désir. Alors que Kaïra elle, avait cédé à la passion, à... l'amour
— Bonne nuit, Kaïra.
— Bonne nuit, Ivar.
Un regret passa dans le regard du guerrier, tandis qu'il fixait une dernière fois ses lèvres.
Elle ne pouvait l'ampleur de la lutte à laquelle se livraient dans son esprit le désir qu'il avait d'elle et la raison qui lui enjoignait de battre en retraite. Mais finalement, il lui adressa un signe de tête et tourna les talons, la laissant seule.
Son cœur se serra : Kaïra eut le sentiment qu'elle venait de perdre quelqu'un d'infiniment important.
- b y L I B R E R T Y
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SOUS L'EMPRISE DU VIKING
Ficção HistóricaLorsque son village est envahi par l'armée des vikings, Kaïra tente de se sauver et d'échapper à ces barbares avant de perdre connaissance et de se retrouver, à son réveil dans un bateau viking l'emmenant droit vers son nouveau destin #1 dans la cat...