SOUS L'EMPRISE DU VIKING

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Si Kaïra avait compris une chose, c'est qu'elle aurait besoin de temps pour pouvoir s'échapper. Une tentative déraisonné et impulsive se solderait irrémédiablement par un échec.

Arrivés à bon port, tout l'équipage descendit les uns après les autres : certains retrouvaient leurs familles qu'ils avaient quitté depuis, semble-t-il, bien trop longtemps. D'autres faisaient descendre les cargaisons, tandis que le reste d'occupaient de surveiller les prisonniers.

- Kaïra, j'ai peur qu'ils nous séparent, murmura Amalia

- Il n'en ai pas question, ne t'inquiète pas, je suis là, affirma Kaïra

Elle n'avait pas pensé à cette éventualité : séparer les prisonniers leur permettrait d'endiguer toute tentative d'évasion. Mais Kaïra n'eu pas le temps de poursuivre sa réflexion, puisqu'un viking s'approchait d'eux.

Cet homme l'impressionnait... Comment aurait-il pu en être autrement ? Il avait des yeux bleus, clairs, perçant, et une longue balafre longeant sa joue. Il était aussi très grand et très fort. La largeur de ses épaules attirait irrésistiblement le regard -du moins, celui de Kaïra... Il portait une barbe courte, ses longs cheveux blonds étaient retenus sur sa nuque par un grand cordon en cuir. Étrangement, il ne profitait pas de son gabarit pour s'imposer : Il restait en retrait à écouter, à observer, en silence, toujours. Il avait une démarche assurée et rapide, mais surtout discrète. Il se dégageait de lui une étrange aura de danger, liée autant à sa puissance physique qu'à cette propension à observer et à bouger avec la souplesse d'un fauve.

Il s'arrêta face à Kaïra un instant, la dévisagea de son regard d'un bleu aussi profond que l'océan avant de poursuivre son chemin pour regarder l'ensemble des prisonniers. Ceci fait, il ordonna à l'un deux de séparer les hommes et les femmes, puis ensuite, de ligoter les mains des prisonniers et de les emmener dans ce qui sera probablement leur maison. Alors qu'il expliquait l'organisation des tâches, Kaïra compris, comme l'avait redouté Amalia qu'elles seraient probablement séparés : Il était hors de question de la laisser. Elle connaissait sa demi-soeur mieux que quiconque. Dans ces conditions, cette dernière ne pourrait pas résister un seul jour seule. Depuis toujours, Kaïra veillait sur elle comme elle l'avait promis à sa mère et à son beau père. Elle n'allait surement pas briser sa promesse maintenant. Tant pis pour les plans méticuleux, il faut agir maintenant et vite.

Voyant que tout l'équipage était occupé à voir sa famille, à parler ou à travailler, Kaïra pensa que ce serait peut-être le bon, et surtout le seul moment de s'enfuir. Elle n'aurait pas le droit à l'erreur... Les vikings n'ont vraiment pas l'air de plaisanter. Une folie, peut-être. Un acte déraisonné, sûrement. Mais avait-elle le choix ?

Elle qui d'habitude prend toujours le temps de penser, de réfléchir et de tout prévoir au moindre détail, semblait pour la première fois, céder à son impulsivité et laisser ses instincts la guider. Elle fit signe à Amalia et lui murmura quelques mots pour lui signifier ses pensées. Cette dernière la regardait avec effroi pensant - à raison - que c'était de la pure folie. Mais parfois, c'est la seule solution qui s'offre à soi.

Elle offrit son visage au soleil levant, espérant qu'il lui donnerait la force et le courage nécessaire pour s'enfuir. Refusant de céder à la panique, elle effleura la fibule d'argent que lui avait donné sa mère et épia les vikings, les uns après les autres, en attendant le moment opportun.

- Cours ! Cria-t-elle de toute ses forces à sa demi-soeur en se faufilant dans la foule.

Ahuri et ne comprenant pas ce qui se passait, la foule demeura un instant interdite, laissa aux deux jeunes filles la voie libre pour s'enfuir. Ils étaient comme choqué par tant d'assurance, de courage ou encore de folie. Ce n'est qu'en entendant le cris d'un des vikings qu'il sortirent de leur léthargie et somnolence. Mais c'était trop tard puisqu'elles avaient déjà parcourus plusieurs mètre. Un viking, debout un peu plus loin, vit la scène se dérouler devant ses yeux et attrapa Kaïra par ses cheveux lorsque celle-ci passa devant lui.