Chapitre 9: ""Divertir""

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La vie de la Communauté était celle-ci. Tantôt les jours se faisaient mouvementés, épuisants, autant mentalement que physiquement, tantôt quelques jours de calme les étreignaient. Le calme enjambait le chaos, le chaos enjambait le calme. Alors que le Chaos guettait perpétuellement le Calme, ils n'arrivaient pas réellement à profiter de ces instants, et quand venait le tour de l'infernal, ils regrettaient de n'en avoir guère profiter. La boucle se répètait sans cesse, comme un cycle éternel.

Au fond, Améïss savait que cette vie l'épuisait, l'ardeur d'en finir était plus forte depuis quelques temps. Cette quête semblait, à ses yeux, lui avoir appris tout ce qu'elle devait savoir, et maintenant que cela été fait, elle voulait simplement rendre le calme complet à la Terre du Milieu, pour y vivre paisiblement, et le plus tôt serait le mieux.

Le roi Théoden était désormais mort. La bataille était finie et gagnée.  Le temps de la dernière déliberation était arrivé, après un repli sur la cité de Minas Thirit.

-Frodon est passé au-delà de ma vision. Les ténèbres s'épaississent, déclara sombrement Gandalf.

-Si Sauron avait l'Anneau, nous le saurions, répondit Aragorn.
 

-Ce n'est qu'une question de temps... Il a subit une défaite, c'est vrai...Mais...Mais derrière les murs du Mordor, notre ennemi se regroupe.

-Et bien qu'il y reste et qu'il y pourrisse ! intervint Gimli. Pourquoi s'en soucier ?
 
-Parce que 10 000 Orques se tiennent entre Frodon et la Montagne du Destin. Je l'ai envoyé à la mort...désespéra le magicien.

-Frodon...fit la demi-elfe.

-Non... Il y a encore de l'espoir pour Frodon. Il a besoin de temps et d'un chemin sûr pour traverser les Plaines de Gorgoroth. Et cela nous pouvons le lui donner, affirma son frère.

- Comment ? demanda le nain.

-En attirant les armées de Sauron, Gimli ! En vidant ses terres. Rassemblons toutes nos forces et marchons sur la Porte Noire, répondit-il.

-Nous n'obtiendrons pas la victoire par la force des armes, dit Eomer.

-Pas pour nous... mais nous pouvons donner à Frodon sa chance si l'Oeil de Sauron reste braquer sur nous ! Rendons-le aveugle à tout autre chose en mouvement.

-Une diversion, comprit Legolas.

-Une mort certaine ! Une faible chance de succès ! Mais qu'attendons nous ? lança Gimli.

-Sauron soupçonnera un piège. Il ne mordra pas à l'appât, répliqua Gandalf.

-Oh je crois que si, dit Aragorn, malicieusement.

-Es-tu fou? Pesta Améïss. C'est du suicide! Nous allons tous mourir.

-C'est la Terre du Milieu entière qui souffrira si on ne fait rien!

-Cela aurait du sens si au moins nous avions la certitude que cela aurait une chance de marcher, et ce n'est pas le cas!

-Nous le feront Améïss, nous n'avons pas le choix.

-Nous avons toujours le choix Aragorn.

La jeune femme quitta promptement la pièce, furieuse. Pas contre son frère, non. Mais contre ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Ils n'avaient absolument pas le choix, même si elle disait le contraire, et cela l'horrifiait. Elle ne voulait pas se résoudre à cette solution. Car malgré leurs habilitées, ils risquaient tous réellement leurs vies, Aragorn, Gimli, Legolas, tous ces gens qu'elle aimait. Anxieuse, elle courra jusqu'à l'extérieur du palais pour prendre l'air. Une silouhette la rejoint quelque temps après, celle d'Aragorn.

-Les endroits ouverts ont toujours été tes préférés, souffla t-il.

-Peut-être est-ce mon sang d'elfe qui influe sur ce trait de caractère chez moi, répondit-elle en souriant.

Sourire qu'elle perdit rapidement, alors que son frère la prit dans ses bras, dans un étreinte pleine de douceur. Elle ne pleura pas, car on ne pleure que lorsque la guerre est finie, mais c'était tout comme si elle l'avait fait.

-Je suis désolé, je...

-Je sais. coupa Aragorn. Je sais. Je comprends tes réactions depuis le temps. Tu as peur de nous perdre.

-Oui...

-Améïss, nous avons tous dédié nos vies à cette quête, tu le sais depuis que tu t'y es engagé.

-J'en ai bien conscience, mais ce n'est pas pour cette raison que cela n'est pas terrifiant.

-Nous avons tous peur, je ne veux pas te perdre Améïss, mais tu sais quoi? Pour chacun d'entre nous, tu représentes l'espoir, et ça a toujours été le cas. On voit en toi l'avenir. Alors reste forte, guide nous comme tu l'as toujours fait. C'est bientôt finit, on le sent tous.

Leur étreinte s'éternisa jusqu'à ce que la nuit devint noire au dessus de leurs têtes, et personne ne vint les déranger.

Un élan de douceur avant une vague de violence; le cycle.

 Bientôt ils fanfaronnerons pour divertir le Seigneur des Ténèbres. Ils étaient à l'aube d'un grand changement, d'une nouvelle ère.

Chroniques d'une humaine au sang d'elfe~ Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant