Lune pourpre

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Dans la Cime des Vents, une brume légère et colorée se leva sur la forêt.

Les lumières de la lune teintant la terre d'une lueur apaisante. Les arbres déployaient majestueusement leurs feuilles volant au grès du vent, comblant l'atmosphère apaisante de la Cime. Le silence, roi de ce lieu paisible, s'installa progressivement dans la nuit. Tout semblait parfait. Les arbres et la forêt, harmonieux et en paix, ne s'attendaient pour rien au monde à la tragédie de ce soir. Un spectacle sinistre et sanglant, dont ils sont, à contrecœur, au premier rang.

Tout commença un soir paisible et ordinaire. Un cri brisa le silence, un cri d'effroi, implorant, déchirant le calme du ciel.

Une jeune fille fuyant son destin, aussi funeste soit-il.

Chaque cycle, lorsque la Lune pourpre se lève, une jeune fille est sacrifiée en l'honneur d'un dieu malfaisant. Mais ce soir n'est pas comme les autres. La Lune pourpre est levée, une jeune fille est destinée à mourir, mais si cela continue, les plus épaisses ténèbres pourraient se libérer. Et tout détruire.

Elle courait à travers les bois, sa respiration faiblissait, son cœur tambourinait contre sa poitrine, mais elle ne s'arrêtait jamais. Elle savait trop bien ce que cela lui coûterait.

Courir, toujours courir, ne jamais s'arrêter. Ne jamais regarder derrière sois.

Derrière elle, une ombre silencieuse et menaçante tentait de la rattraper, elle filait à travers les arbres, se laissant porter par le vent et la faim, dévorant vice qui pousse aux pires crimes.

La jeune fille trébucha à plusieurs reprises. Elle s'éraflait sur la roche coupante de la Cime, des cicatrices parsemaient sa peau comme des veines. Elle souffrait, mais continuait.

Les cheveux de la fuyarde, tel un halo de lumière éclairé par la Lune, dansaient au rythme de la course effrénée tel des flammes. Ses yeux, gemmes de glaces, ne laissaient aucunes pitiés à la jeune fille, dont la vision fut profondément altérée par la brume et l'obscurité, annonçant une fin froide et impersonnelle.

Elle ne méritait pas la mort, elle ne méritait pas que son temps se termine si tôt, pourtant, la vie ne laisse jamais le choix, elle reprend toujours se qu'elle nous donne.

Toujours.

Elle entendait le vent chanter pour l'encourager, sifflant à travers la nuit, mélodie de la forêt, lui frayant un passage de fortune. Espoir rare parmi la peur enfouissant son cœur.

Ne jamais s'arrêter....

Des larmes coulaient le long des joues de la jeune fille. Pareils à des rivières salées, elles laissaient derrière elles une trace de leurs vies. Une goutte nourrissant un peu plus l'appétit de la bête d'ombre, se rapprochant dangereusement.

Ses crocs de ténèbres attendant patiemment leurs heures, hâtifs de mordre une chair fraîche et un sang chaud, hâtifs de se nourrir, d'étancher leur soif.

Sa faim, dévorante et terrible, ne s'apaisait jamais.

L'ombre, silencieuse et froide, avançait tel un esprit, ne laissant derrière elle qu'un sillage de mort. Désolé et aride. Elle hurlait sa fureur dévorante, elle annonçait la fin, et la provoquait.

Sa faim dévorante.....

Inspirant l'effroi aux générations de la Cime, elle se terrait dans ses bois, dans l'attente d'une proie, quelle déchiquettera sans aucunes pitiés.

.......ne s'apaisait jamais.

Et ne laissera que des ossements, et l'écho d'un sanglot, d'un cri, d'une larme, oubliée de tous.

Courir, toujours courir....

La jeune fille, imprudent festin, se laissait guider par son instinct, à l'affût du moindre abri, mais cela ne suffira pas cette nuit.

.......ne pas regarder en arrière.

Les ténèbres se rapprochaient, pour atteindre leur but.

Une vie de plus prise par les serres de l'ombre, arrachée à sa paix, sans sépulture, sans honneur. Ses lèvres rouges arrachée à un cri muet, une expression d'effroi figée sur le visage de porcelaine de la victime.

Les derniers cris de la jeune fille résonnèrent dans l'obscurité, glaçant d'effroi ceux qui l'entendrait. Laissant un souvenir vague d'une vie frêle trop vite arrachée.

C'est terminé....

Sa famille ne la pleura pas, ses amis l'oublièrent, elle fut morte dans la souffrance, dont la mort fut si terrible qu'elle demeurait sans nom pour la qualifiée. Elle fut oubliée, dévorée, engloutie par les ténèbres: puits sans fond inspirant la folie et le malheur.

Seuls les témoins de sa fin tragique honorèrent sa mémoire. La forêt et le vent, les astres et la nuit chantèrent pour elle se soir-là. Leurs habitat devenu scène de crime, leur innocence envolées, ou plutôt volée, par un assassin sans pitié.

Mais au lieu d'apaiser les esprits maléfiques comme le rituel le faisait depuis des millénaires, il se pourrait qu'il renforce la puissance des ombres. Qu'elles s'éveillent et aient très faim, qu'elles détruisent tout.

Ils prévinrent en runes celui qui les comprendra:

Un arbre dont les racines se nourrissent de son sang,

Une forêt chantant ses derniers instants,

Le vent transportant une nouvelle déchirante,

Un souvenir oublié, caché aux yeux de tous,

Les ténèbres se délectant,

Du sang de leurs victimes,

Attendant, tapis dans l'obscurité,

La nuit où elles serraient libérées,

Par une prophétie annonçant la fin de la vie,

Et le début de l'ère des esprits.

Ils attendront leur sauveur.....s'il existe.

A suivre...

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