Dans ce village, on appelle l'hiver l'été des esprits. Car les lentes colonnes de brume prennent parfois des formes insolites, tandis que le vent murmure des chants mélancoliques évoquant les sons des âmes perdues.
Mais qui s'en souciait ?
Le mal, disait-on, était une veine sur le cœur qui pourrit jusqu'à manipuler tel un pantin celui qui rencontre cette maladie. Une fissure qui ronge notre raison jusqu'à la consumer. Un jour d'hiver, tout changea. Les jours précédents on avait cru connaître un coupable, mais on s'était trompé.
Qui que ce soit, il souhaitait se baigner dans du sang.
Plus de sang.
Liraï, jeune fille d'un père aimant, sentait l'appréhension se répandre en elle, elle ne dormait plus, ne mangeait plus, s'attendait à chaque tournant que quelqu'un lui saute dessus pour la dévorer vivante et exposer ses entrailles.
Une question la tourmentait.
Quand ? Quand viendrait sa mort ?
Avant la mort de Havel, elle s'attendait à mourir, elle connaissait la date et l'heure de sa fin, s'y était préparée, avait su dire au revoir et se faire à cette idée. Mais maintenant, le tueur ne sévissait plus de la même manière. Toujours la nuit, toujours du sang dans la fontaine, toujours la plus belle fille, mais plus le premier du mois.
Alors, quand ?
Le mystère la brisait.
Elle arpentait les rues, des cernes violettes sous ses yeux, des larmes reflétant ses douleurs, ses peurs et son père se consumant de plus en plus.
Ses rêves se muaient en cauchemars. Le plus souvent, elle marchait dans la brume et soudain, à travers l'humidité, les filles disparues l'appelaient de partout, lui indiquaient la fontaine, où un miroir reflétant son visage baigné de sang l'attendait.
- Viens avec nous, disaient les filles, Tu es belle, viens... Viens.
Devant elle, le miroir se fissura, le sang coula des failles.
Soudain, des mains la saisissaient par ses jambes et des dents invisibles la dévoraient vivante
Chaque fois, elle se réveillait à ce moment, comme si elle savait que si elle allait plus loin dans son rêve, elle n'en reviendrait pas.
Sur le village, le jour devint une rivière d'or et les nuages chantèrent, la pluie, synonyme de renouveau, tomba généreusement. La vie reprit tandis qu'un nouveau jour commençait. Soudain, une silhouette se dessina dans les montagnes. Au cœur des tempêtes de neige se dessinait un visage étranger. Drapé de révélations et de vie, un homme s'aventura dans le village. Ses traits fin reflétaient l'aura de mystère qui se dégageait de lui. Ses yeux froids se perdaient dans l'ombre et des cheveux d'encre circulaient le long de ses tempes comme des serpents. Ses pas légers résonnaient contre les parois, comme si la nouveauté se démarquait de tout, tant ce village était perdu. Tout le monde se précipita vers l'inconnu, il fut inondé de questions et des regards curieux se posèrent sur lui. Mais l'homme ignora, passa son chemin.
- C'est un démon venu nous hanter !! disaient les villageois.
- Peut-être qu'il manipule nos amis pour les faire devenir meurtriers ? Peut-être attire-t-il nos filles dans la montagne pour les dévorer ?
- Il attire le mal sur notre village !
- Il doit partir ou mourir !
Les insultes, les injures et les prières emplirent l'air, seuls quelques-uns défendaient l'inconnu et le saluaient.
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Story world
Cerita PendekA toi qui lis ce livre, toi qui a des sentiments, toi qui rêve, et qui parmi les étoiles, brille encore parmi les astres, je te souhaite la bienvenue dans mon monde. Un monde de rêves et d'histoires, tristes ou fantastiques, magiques ou historiques...