Chapitre 14

383 27 12
                                    

~ Madeleine ~

Mon rythme cardiaque frôla l'arrêt lorsque le colonel se redressa, vacillant légèrement. Il envahit mon espace vital, son torse proche de ma poitrine. Je retins ma respiration lorsqu'il leva la main. Il glissa ses doigts sur mon uniforme alors que je restais droite, immobile. J'étais incapable de bouger. Il ne me le demanda pas. Je frémis en le sentant effleurer ma joue. Il ne sourit pas, baissant ses doigts sur mon menton. Je compris la raison avec retard et me retrouvais piégée dans son regard impérieux. Une marque rouge striait ma peau. Là où Hoffman m'avait frappé à plusieurs reprises. 

Mais il ne s'arrêta pas là et continua de glisser sur mon uniforme. Je rougis violemment en me rappelant l'état dans lequel j'étais. Je n'avais toujours pas revêtu de tablier et Wilhem était torse nu. Mon souffle se coupa à nouveau quand il arriva sur mon poignet. Là où il m'avait blessé par inadvertance. Il porta lentement mon bras à ses lèvres pour embrasser ma peau meurtrie sans me relâcher. Je dus contracter les mâchoires pour empêcher mes lèvres de trembler. Wilhem me libéra juste après pour baisser les yeux sur mon uniforme encore humide. 

- Que s'est-il passé ? 

- Je... suis tombée. 

- La vérité, Madeleine ! Tonna-t-il. 

- Vous ne devez pas vous énerver, soufflais-je. 

- Ne m'y forcez pas, siffla-t-il. Répondez ! 

- Un incident, lâchais-je rapidement. Je vous en prie, ne m'obligez pas à vous répondre. 

L'incompréhension glissa dans ses yeux. Il prit mon visage en coupe pour m'observer plus en détails. 

- Depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi correctement ? 

- Mais je.. je veillais sur vous ! 

- Ca ne vous empêchait pas de dormir, laissa-t-il tomber durement. Venez ! 

- Quoi ? Où ?! 

Il ne me répondit pas et m'entraîna à sa suite mais je l'arrêtais en tirant sur son bras. Il fronça les sourcils en revenant me dévisager. Je me mis à bégayer en le désignant. Puis je lui désignais l'uniforme sur la chaise derrière son lit. Wilhem jura en allemand avant de faire demi-tour sans pour autant lâcher ma main. Quand est-ce qu'il l'avait prise, d'ailleurs ? Je le suivis, incapable de me défaire de son emprise. Son dos meurtri me fit tressaillir. Mon très cher colonel me relâcha juste le temps de passer son uniforme. Lorsqu'il glissa sa ceinture autour de sa taille, mon geste inconscient me revint en tête. 

- Où est mon arme ? Me demanda-t-il avec inquiétude. 

Je blêmis immédiatement. 

- Madeleine ? 

Il se raidit en me fixant plus intensément. Un long frisson me figea sur place avant que la sueur ne reprenne le relais. Mes nerfs menacèrent de craquer alors qu'il esquissait un pas vers moi. 

- Qu'est-ce que vous avez fait ? Gronda-t-il. 

Je secouais la tête alors que mes souvenirs m'assaillaient avec violence. Il se rapprocha encore, imposant et ô combien dangereux. Je n'avais plus que l'officier allemand en face de moi. J'étais finie. Une peur irrationnelle s'empara de moi alors qu'il levait à nouveau la main. Cette fois, je sursautais et levais vivement le bras. Il me jeta un regard d'incompréhension totale en reculant immédiatement les mains qu'il leva en signe d'apaisement. Une migraine atroce revint. Encore. Mes tempes me brulèrent. Mes yeux s'humidifièrent alors que je baissais le bras, abattue. 

- Ne me détestez pas, murmurais-je. 

- Pourquoi je le ferais ? S'enquit-il avec douceur mais fermeté. 

1943 : Amour de guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant