Chapitre 13

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~ Madeleine ~

Des voix me parvinrent, une main me toucha le front. Je ne réagis pas. J'en étais incapable. Quelque chose de front me fit froncer les sourcils. 

- Elle se réveille. Maddy ? 

Maddy ? C'était donc l'une des infirmières. 

- Il va me tuer, c'est sûr... 

Je fronçais à nouveau les sourcils. Cette voix... Puis tout me revint alors que je battais des cils. Ludwig. Hoffman. Des mains revinrent me toucher et j'aperçus Anne. Elle me fit lentement bouger la tête avant de m'aider à me redresser. Nous n'avions pas changé de place. Lorsque j'aperçus Wilhem, encore inconscient, mon cœur se mit à tambouriner avec douleur dans ma poitrine. Je voulus me relever en sentant la panique me submerger mais Anne m'en empêcha. Elle revint en face de moi au moment où je me mettais à hyperventiler. 

- Respire ! 

J'écarquillais les yeux en obéissant. Mon souffle finit par se réguler de lui-même, me permettant de reprendre un rythme cardiaque plus ou moins normal. Des mains puissantes me saisirent sous les aisselles pour me faire asseoir sur une chaise. Je glapis en essayant de m'échapper de ses mains d'homme avant d'apercevoir Ludwig. Il me fit les gros yeux en reposant une serviette humide contre mon front. Je lui lançais un regard interrogateur mais il haussa les épaules en me désignant Anne du menton. 

- Elle aurait été capable de me fusiller sur place, vous savez. 

- Pour une serviette ? Croassais-je avec difficulté. 

- Pour faire tomber ta fièvre ! Tonna la mère infirmière. Comment tu te sens ? 

J'entrouvris les lèvres pour débiter le premier mensonge qui me passait par la tête - soit que j'allais bien - avant de croiser son regard. Je refermais la bouche avec une moue pitoyable. Cette femme avait une autorité naturelle qui devait en effrayer plus d'un... uniforme ou pas ! J'énumérais alors mes symptômes en posant ma main sur la serviette contre mon front, soulageant Ludwig. 

- Migraine, vertige, stress, sûrement une légère hypoglycémie... 

- Légère ?! Appuya encore ma supérieure et amie. 

Je relevais une petite mine vers elle, ce qui eut pour effet de la détendre immédiatement. Elle posa une main protectrice sur mon épaule en levant les yeux vers Ludwig. Un regard noir et ô combien autoritaire. 

- Je veux que ce salopard d'Hoffman laisse mes filles tranquille ou je lui fais un deuxième orifice anal, c'est clair ? 

Ludwig écarquilla les yeux devant la grossièreté de la mère infirmière, m'arrachant un petit rire amusé. Il baissa un regard véritablement effrayé sur moi en la désignant à nouveau du menton. 

- Est-elle folle ? 

- Elle se moque éperdument de vos grades, admis-je. Je vous prie de l'en excuser. 

- Pour sûr que non ! Claqua-t-elle avec raideur. Je ne serais pas aussi conciliante que Madeleine ! Vous voulez que votre Colonel survive non ? Alors, tenez ce malotru à l'écart ! 

Je retins un nouveau rire en me mordant furieusement la lèvre inférieure. Ludwig s'étrangla encore en commençant une longue tirade sur les gardes militaires et le respect y étant lié sans qu'Anne n'écoute le moindre mot. Je finis par me redresser, toujours légèrement anxieuse mais plus sereine. Ce drôle de couple finit par disparaître, laissant un officier subalterne auprès de moi. J'avançais la chaise auprès de Wilhem pour contrôler son pouls à heure régulière et finis par me perdre dans la contemplation de ses traits. 

1943 : Amour de guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant