Le tunnel du temps

Chap 18

Assis à la table de Canhorn, parmi ses nombreux invités qui ne cessaient de le complimenter avec des sourires forcés, Harry fulminait intérieurement. Il était heureusement assis à coté de Thomas, le plan de table ayant envoyé Hermione et Drago du côté du roi, en face du roux et de Margot. Cette dernière portait au jeune homme des attentions qui ne laissait personne dupe sur l'intérêt qu'elle lui portait, au grand damn du blond et du brun.

Ron rit et se pencha vers la jeune femme, lui murmurant quelque chose qui la fit sourire aussitôt, et Harry se demanda si il était possible de vouloir autant frapper quelqu'un que l'on avait tant aimé un jour.

La jeune femme se pencha a son tour vers le roux qui rougit avant de prendre la main de Margot et d'y déposer un baiser.

Oui, c'était possible, jamais Harry n'en avait tant voulu à Ron, les abandonner, leur faire croire à sa mort pour les tromper de la sorte, ça en donnait la nausée au brun qui n'avait encore touché à aucun des plats pourtant appétissants qui étaient en train de refroidir dans son assiette.

Il sursauta en sentant quelqu'un lui agripper la jambe: Thomas lui intima silencieusement de se taire et lui pointa des yeux la vieille dame dont Hermione avait pris l'identité. Celle ci était discrètement en train de verser dans le pot de vin un liquide incolore, le véritasérum, il suffisait que le roi se serve et ils pourraient atteindre leur but.

Harry se secoua mentalement et tenta de se distraire de ses idées noires en mangeant ce qu'il n'aurait probablement jamais l'occasion de goûter à son époque, tout en prêtant aux discours qu'il avait jusque là ignoré, une oreille distraite seulement pour placer une parole de temps en temps et ne pas rendre suspect son silence prolongé.

Drago de l'autre coté de la table s'était intégré à merveille et il menait la discussion, les nobles l'écoutant avec ferveur déblatérer les insanité horrible qu'ils voulaient entendre. Ce faisant, il proposait aux convives de les resservir en vin, faisant lui même semblant de boire à sa coupe le breuvage coupé au sérum de vérité.

Au bout d'un certain temps, son manège porta ses fruits et il réussit à servir à leur ennemi un verre qu'il but d'un trait pour avaler la bouchée de viande qu'il mangeait à bouche ouverte tout en régalant ses invités d'un discours vantant ses nombreuses qualités.

" Au fait Monseigneur, demanda mielleusement Drago au roi une fois qu'il eut fini sa coupe, à propos de ces rebelles insurgés, y a t'il du nouveau ?

- Oh je pense qu'il n'y en aura plus avant longtemps, ricana le roi, mon intervention à dos de dragon leur a sûrement fait peur pour assez de décennies.

- Un dragon? Mazette je savais que vous étiez cruel mais pas au point d'incendier tout un village avec une de ces créatures, remarqua avec tranquillité une dame à la gauche de Drago.

- Je suis cruel, annonça le roi légèrement, mais c'est ce qu'il faut pour être un bon roi sinon les ordres ne sont pas respectés

- Oui mais entre nous, rétorqua un noble portant un chapeau à plume, assis à coté d'Hermione, vous n'êtes pas que cruel, vous êtes fou également!

- Je l'ai toujours pensé , s'écria la dame qui avait pris la parole."

Les sorciers s'échangèrent un regard alarmé, ils n'avaient pas vraiment prévu ce qui était en train de se passer : le véritasérum versé dans le verre des nobles agissait et ils se disaient à présent leurs quatres vérités sous le regard choqué de ceux qui n'avaient pas goûté au vin truqué. Drago fut le premier à réagir et s'interposa dans la discussion qui était en train de dégénérer.

" Mais ce Dragon Monseigneur, il doit être bien gros où le gardez vous donc?

- Dans mes cachots, ils ne me servent plus à présent que je donne mes prisonniers à manger à ce monstre, sauf mon bon Ronald, mais lui c'est différent il ne peut me désobéir n'est ce pas Monsieur Weasley ? susurra mielleusement Canhorn au roux qui en guise de réponse hocha la tête avec au fond des yeux un regard vide."

La déclaration du roi sur les prisonniers dévorés avait déclenché une clameur due au nombre croissant de nobles ayant consommé du sérum, qui désavouaient le roi, et les autres qui s'obstinaient à venter la grandeur de leur seigneur qui arborait un air lointain.

Ce fut pour les quatre sorciers le moment attendu, la pagaille qu'ils avaient semé leur offrait un assez bon alibi pour quitter la table et sortir de la pièce surchauffée sous les yeux ébahis des serveurs qui ne comprenaient pas un traître mot de la situation.

Les quatre amis dévalèrent de grands escaliers de marbre, sans but, guidés par la seule certitude de trouver les cachots le plus bas possible, mais où...? En déambulant dans les sous sols ils ne pourraient que tomber dessus.

En effet, après de nombreuses portes ouvertes et escaliers descendus, personnel stupefixié et tableaux au regards accusateurs passés, ils se retrouvèrent devant un ultime escalier en colimaçon dont la spirale en pierre grossièrement taillée semblait s'enfoncer dans le ventre du château.

Les quatre amis stoppèrent leur course et, sans un mot, s'interrogèrent du regard. l'endroit semblait sombre et humide, quel meilleur endroit pour cacher un gigantesque dragon ? Un rugissement sonore retentit, comme pour confirmer leur questionnement. Il ne pouvait être que là.

Soudain le son de pas précipités résonna derrière eux, alors qu'ils allaient s'engouffrer dans les escaliers peu engageants. Ils se retournèrent d'un même mouvement pour se retrouver devant un Ron essoufflé qui, plié en deux, parvenait mal à se remettre de sa course.

Paniqués à l'idée que le roux ait amené avec lui tout le gratin de la noblesse du salon, ils l'agrippèrent et sans aucune justification, le traînèrent avec eux jusque dans l'escalier qu'ils dévalèrent plus qu'ils ne descendirent. Lorsqu'ils arrivèrent en bas, tous se figèrent.

Ils se trouvaient sur un palier de l'escalier dominant une salle immense, souterraine, froide et éclairée à quelques endroits par de rares torches dont le halo fragile ne couvrait qu'une surface ridicule. La salle était vide à un point près: l'énorme dragon noir, qui somnolait, les yeux blancs, aveugles, entrouverts, comme dans la quête d'une proie qu'il ne verrait jamais arriver.

Une tranquillité et une beauté étrange émanaient de ce géant endormi, ce dragon féroce qui dormait en poussant des grondements, sûrement bercé par un rêve. Harry sentit couler une larme en repensant à ce qu'il aurait pu être si il avait été élevé par la bonne personne, à l'être formidable qu'il aurait pu devenir au lieu de cet esclave cloîtré sous un palais de marbre.

" Vos déguisements ne trompent personne, Harry, Drago, Hermione et Thomas" résonna derrière eux une voix traînante qui les fit sursauter.

Les quatre nommés se retournèrent pour faire face au sorcier roux,qu'ils avaient oubliés, perdus dans leur contemplations, et qui pointait à présent sa baguette dans leur direction, un sourire de victoire étirant ses lèvres.