chap 15

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 Harry sentit que ses jambes allaient se dérober. Le bourreau avait fait vaciller le tabouret et maintenant le corps inanimé de Marvin rendait ses dernières convulsions. Le brun retint le haut le cœur qui lui souleva l'estomac lorsqu'il croisa les yeux révulsés de celui qui avait été son ami, et qu'il s'était promit de protéger pour que jamais rien ne lui arrive.

Mais Marvin était un traître, et on ne pouvait se permettre de garder un traître dans son camp alors on les pendait, on les torturait à titre d'exemple dans l'espoir d'avorter définitivement toute idée de trahison ayant pu germer dans les esprits. Marvin était passé par ces étapes et son corps couvert d'hématome achevait la phase finale de cet horrible processus.

Harry n'avait pu se résoudre à participer à la sentence du garçon, et s'il avait participé au procès, il s'était bien gardé de voter. Il ne pouvait dissocier la bonté et la gentillesse du jeune homme souriant qu'il avait connu et se résoudre a accepter en face la terrible vérité. Mais le conseil s'était occupé des décisions à sa place et avait largement disgracié Marvin, lui appliquant la plus terrible et irréversible des sentences : la pendaison.

Harry avait, en vain, essayé d'alléger sa peine, mais tout parlait contre lui, et les aveux qu'il avait lui même déclamé devant toute une assemblée réunie, suffisaient à eux seuls comme raison de se faire occire.

Harry avait écouté les accusations prononcées d'une voix forte par le bourreau sur l'échafaud, monté provisoirement, bancal et simpliste au possible.

Il avait supporté le regard de haine et les propos extrêmes qu'avait continué de déblatérer Marvin alors que le bourreau le mettait en place sur l'échafaud.

Mais maintenant c'était trop, un mort de plus, un regard vide supplémentaire, une nouvelle vie amputée. Il ne pouvait le supporter et s'excusa rapidement pour se frayer un chemin entre les gens rassemblés, silencieux, solennels, le regard gravement baissé, comme lors de l'enterrement d'un enfant parti trop tôt.

Car après tout, c'était tout ce qu'était Marvin, un enfant endoctriné par un roi trop puissant, un enfant innocent du mauvais coté, utilisé et à présent délesté de cette trop lourde tâche mais à quel prix ?

Toutes ces pensées tournaient dans la tête de Harry alors qu'il s'éloignait le plus possible du campement, s'enfonçant dans la forêt que le coucher de soleil paraît de reflets dorés autant que d'ombres inquiétantes. Il cherchait du calme, un endroit loin du monde où il pourrait laisser éclater sa tristesse. Ses yeux se remplirent de larmes qu'il n'essaya pas de retenir et finit pas tomber à genoux dans le tapis de feuilles mortes. Là, il pleura, longtemps et cria, beaucoup, évacuant la pression de ces derniers événement trop condensés et intense pour être supportables par un seul être.

Il aurait tant voulut que Ron et Drago soient là...

Soudain, un bruit de pas se fit entendre derrière lui, suivit d'une voix douce qu'il connaissait bien:

« Viens, l'invita Drago au brun qui s'était retourné.

Harry leva la tête et a travers le rideau salé de ses larmes, il put voir le blond qui lui souriait tendrement.

Encerclé de la lumière crépusculaire tamisée par les feuilles qui faisait ressortir le blond presque blanc de ses cheveux, Harry trouva que le jeune homme ressemblait à un ange, à la beauté froide et au regard brûlant.

Ses yeux étaient emplis de la tristesse due a la perte de Ron mais le brun y lut également tout l'amour que le Serpentard lui portait. Un amour puissant et indestructible.

Cette constatation ne fit qu'accentuer ses larmes. Jamais de son souvenir il ne s'était senti aussi aimé et après tant d'épreuves, d'incertitudes, de déceptions et de trahisons, une telle sincérité était bien trop forte pour qu'il puisse retenir ses pleurs.

Drago l'étreignit en un long câlin réconfortant, chaud et agréable, accompagné d'un silence confortable, meublé seulement par les reniflements de Harry qui peinait à calmer sa respiration et ses sanglots.

Ils décidèrent de ne pas rentrer au campement ce soir là, chargeant un patronus de prévenir Hermione, connaissant le tempérament protecteur de leur meilleure amie et cherchant à lui éviter une nuit de tracas inutiles. Lovés l'un contre l'autre, tenus au chaud par un sort, protégés par un autre et confortablement installés dans leurs habits médiévaux, les garçons s'endormirent sous le regard bienveillant de la lune, d'un sommeil calme a peine troublé par les bruits naturels d'une nuit sylvestre.

Drago fut le premier à ouvrir les yeux, surpris par les rayons du soleil et la fraîcheur matinale, il se releva délicatement pour ne pas réveiller son amant encore endormi. Il le dévisagea longuement, enregistrant chaque détail de son visage qu'il connaissait pourtant déjà par cœur pour l'avoir dévoré du regard de nombreuses fois lorsqu'ils étaient en cours, à Poudlard, à ce qui semblait des années lumières de l'endroit et l'époque où ils se trouvaient.

Il sourit en se rappelant ce film moldu que Harry l'avait forcé à voir ; Dans une galaxie très très lointaine... heureusement que les Jedis étaient bien foutus sinon il n'aurait pas cédé aux supplications de son amant pour voir L'INTEGRALITE de la saga. Qu'est ce qu'on ferait pas par amour franchement.

Qu'est- ce qu'on ferait pas... Cette époque lui semblait si loin de celle là, mais pourtant si proche, il avait la potion dans son sac et il lui suffisait d'y penser très fort. Mais il ne pouvait abandonner ses amis. Ces stupides Griffondor pour qui le seul but dans la vie était de sauver les vies des autres aux dépends des siennes. Le blond sourit amèrement. Il resterait avec eux jusqu'au bout, il ne voulait pas les laisser, et surtout, il ne voulait plus perdre personne.

Un grognement de l'être qu'il dévisageait depuis déjà un bon quart d'heure fit sortir le blond de ses pensées.

" Mhhhh le soleil... quelle heure ? finit par demander Harry après s'être caché les yeux pour masquer la lumière.

- Je sais que je suis éblouissant mais quand même, tu pourrais faire un effort pour admirer ton copain quand même, railla Drago, il est 7h30, ma marmotte préférée veut qu'on retourne se coucher au campement ? demanda-t-il sur le même ton en voyant la grimace qu'avait esquissé son compagnon.

- Nan ça va, faut juste que je me réveille. y'a du café?

- On est en 1513 mon chou, y'a peu de chance qu'ils en aient déjà étant donné qu'ils ont a peine découvert l'Amérique.

- meeerde c'était pas un rêve, grogna Harry en se levant complètement, les yeux toujours plissés, comme pour retarder le moment où il devrait à nouveau affronter la réalité.

- Eh non, malheureusement, soupira Drago, bon café ou marche matinale vivifiante jusqu'au campement pour émerger ? Indice, la deuxième solution est la seule option.

- Bon, eh bien allons y alors, soupira Harry en se levant difficilement avant de heurter le Serpentard qui s'était avancé pour le serrer dans ses bras.

- Je t'aime, mon Griffondor à moi que personne ne touchera sans subir la colère du terrible Drago Malfoy.

- Ouh j'ai peur, chuchota Harry en se blottissant dans le cou de son amant.

- Je sais, je suis terrifiant on me le dit souvent, argumenta Drago, ce qui fit partir Harry en un éclat de rire cristallin, vite rejoint par celui du blond.

Et c'est sur cette douce musique que formaient leur rires combinés qu'ils se dirigèrent d'un pas léger vers le campement récemment redressé.

Le tunnel du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant