3 ans sont passés.
3 longues années.Ma mère est morte.
3 ans en arrière, la maladie l'a emporté. Mon père l'a rejoint un an après. Son cœur a lâché. Un AVC. La tristesse et la pression ont eu raison de lui. Leur amour a été scellé d'un linceul.
Lorsqu'ils sont eux aussi partis rejoindre les Cieux, j'ai digéré que l'expérience de la mort fait partie intégrante de la vie.
Je suis divorcée.
Ça fait 2 ans maintenant.
Djibril et moi n'avons pas résisté au diable de la séparation. Il nous a eu dans ses griffes et nous a bien malmené.Notre mariage n'a pas tenu à la tempête.
Les secousses ont été trop fortes.Notre fils est né 7 mois avant le terme. Je l'avais appelé Ayaan. Il est venu au monde par césarienne. À sa naissance, j'étais à la fois heureuse et inquiète. Les médecins l'ont mis dans une couveuse parce qu'il était trop petit. Djibril et moi avons prié nuit et jour pour qu'il nous revienne sain et sauf. Durant deux mois, Ayaan luttait. Il s'accrochait à la vie. Durant deux mois, j'ai nourri de l'espoir.
Mon fils nous a quitté après deux mois de lutte acharné. Ça m'a fait mal. J'ai pleuré. J'ai maudis le monde entier. J'étais dans une matrix dont personne ne pouvait me sortir. Je me suis affamée. J'ai fais des cauchemars. Je ne dormais plus. Je passais ma journée dans la chambre qu'on avait fait pour lui. Cette chambre qu'il n'a jamais occupé...
Le jour où Djibril a décidé de mettre un terme à notre souffrance en débarrassant cette pièce fantôme, j'ai pété les plombs. Aujourd'hui avec du recul, je sais que ce qu'il faisait était à contrecœur et qu'il luttait pour ne pas craquer... mais j'avais pas sa force.
Ce jour-là, on s'est fortement disputés.
J'étais en sanglot.
Je suis tombée au sol. Je tenais fermement une peluche à lui. Je me sentais impuissante.
Les kilos-drames que j'ai transporté tout au long de ma vie étaient devenus trop lourd pour mes épaules frêles.- C'est à notre fils Djibril, tu peux pas faire ça !
- Il reviendra pas Rehana, arrête.
- Si... mon bébé... mon bébé...
Je sanglotais tellement fort que mon cœur aurait pu se détacher de ma poitrine. La douleur faisait mal... trop mal. Djibril m'a pris dans ses bras pour me calmer.
- Je veux... je veux mon fils Djibril... je veux... je veux mon fils... pourquoi on me l'a pris... pourquoi... dis-moi... pourquoi... mon bébé...
Je l'ai entendu renifler.
Notre douleur était commune.Ma vie était devenue noire.
Dès que je voyais une femme avec une poussette et un enfant à l'intérieur, je me mettais à pleurer. C'était automatique. Tout me rappelait mon fils.Djibril et moi, on s'est soutenus. Du moins on a essayé.
Je m'en suis voulue. J'ai pas réussi à le maintenir 9 mois dans mon ventre. Je me sentais responsable de tous nos maux.
Avec le temps j'ai compris que c'était l'œuvre du destin.
Finalement, j'ai réussi à m'en remettre.
On a réussi à se relever.
On s'est accrochés aux ailes de l'avion.On a essayé d'avoir un autre enfant. Sans succès. Je m'en voulais. Encore une fois. Je pensais avoir un problème donc j'ai consulté. On a rien trouvé ! Notre désir d'avoir un enfant consumait notre relation et notre amour. La patience que je connaissais à Djibril s'étiolait. On s'est accrochés. On a tout essayé. Rien. Puis. D'autres événements sont venus altérer notre mariage tels que les disputes incessantes. On ne passait plus de temps ensemble. Plus de relation charnelle. Plus d'attentions. Plus rien. Se battre ne servait à rien. On savait tous les deux que c'était fini. On a décidé d'un commun accord de tout arrêter.
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Kilo-drames TOME II
Fiksi UmumLa perte est une peste, va-t-elle la surmonter ou s'enfoncer ?