2 décembre - Seokjin

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                                             Le QG
                                             2 décembre 2020
                                             Aucune idée de l'heure qu'il est...

                Jay-Kay,

Je sens que ça te turlupine et je te comprends, tu as raison, nous ne pouvons pas rester sur ce mystère entier trop longtemps. Sache que je vais te révéler ici même, dans cette lettre, qui possède It's far from over dans sa bio Twitter.

Tu es prêt ? Sache que cela risque sûrement de changer ta vie à tout jamais...

Roulement de tambours, s'il vous plaît.

C'est : MOI.

J'éclate déjà de rire en imaginant ta tête lorsque tu liras cette lettre, je suis d'ailleurs déçu que tu aies oublié à quoi ressemblait ma bio Twitter. Mon compte est pourtant actif et très apprécié pour mon incroyable humour même si Namjoon refuse toujours d'y adhérer mais je sais que dans le fond il me suit lui aussi.

Sache que je suis particulièrement fier et d'autant plus en apprenant que cette phrase te tourne dans la tête.

C'est bien, jeune padawan, tu as tout compris.

Il faut dire que je reste surpris de la tartine que tu nous as soudainement écrite hier, je t'avoue que le jour où je t'ai dit que si tu ne voulais pas parler tu devais écrire, je n'aurais jamais imaginé que des années plus tard tu écrirais pour de vrai.

Jay-Kay, je crois que tu as grandi, laisse-moi effacer une larme imaginaire sur mon visage parfait.

N'empêche, je suis heureux d'apprendre que lorsque je parle tu m'écoutes, notamment quand je sors des choses aussi intelligentes, parfois je m'aime et me fascine à la fois. Que veux-tu, c'est le prix à payer pour être un homme grandiose.

Je ferai passer le mot aux autres, à partir de maintenant, merci de m'appeler Seokjin le Magnifique.

Ou Seokjin l'Incroyable.

Ou Seokjin le Grand

Ou...

Voilà que je t'entends me dire que je me perds encore, je t'imagine face à moi et je vois ta bouille se fermer et tes sourcils se froncer en me disant que je suis difficile à suivre quand je fais ça.

J'sais bien mais j'ai senti que tu ne souriais pas en écrivant ta lettre et tu sais que je n'aime pas quand tu fais cette tête-là.

D'ailleurs, en parlant de tête, lève la tienne et contemple mon œuvre, pour le coup j'ai été étonné de voir que tu n'avais pas foutu une rose des vents en plein milieu de la fresque. Ton avion en papier est mignon, mais je me suis dit qu'il fallait laisser faire l'expert. Donc, j'en ai fait d'autres, des plus gros, et j'en ai mis partout histoire que tu ne les loupes pas. Ça faisait un moment que je n'avais pas dessiné mais je me suis dit que ça te marquerait.

Parce-que sérieusement, je ne suis pas sûr de me rappeler du jour où je t'ai dit que si tu ne voulais pas parler tu pouvais écrire, par contre je me souviens du moment où tu ne voulais ni me parler, ni m'écrire. Cette belle époque où ton joli minois d'adolescent tirait la gueule à longueur de journée de l'autre côté de ma fenêtre dans la maison à côté de la mienne.

Dire qu'on venait d'emménager sur Séoul et que je me faisais une joie de vivre dans cette ville, puis il a fallu que je te voie.

Jamais vu un gosse aussi récalcitrant aux avions en papier, fallait dire que tu n'étais pas commun comme ado.

Combien en ai-je envoyé avant que tu daignes les déplier pour lire les magnifiques mots que j'avais écrits dedans ? À la fin, je suis devenu un expert en pliage de papier, j'en fais encore au boulot, figure-toi qu'on me complimente parce que les miens volent vraiment loin.

C'est l'expérience que veux-tu, j'aime me vanter de ce genre de détails.

Mes collègues m'aiment, tu le sais bien et ils aiment mes œuvres bien plus que toi tu les aimais à cette époque-là. Combien de temps ça fait déjà ?

En lisant ta lettre, j'ai visualisé ta tête : tu faisais déjà la même à cette époque-là. Le manque de sourire ne te va pas, je te l'ai répété mille fois.

Tu sais, de nuit comme de jour, j'attendais que ta fenêtre s'entrouvre, et je visais si bien qu'à la fin, aucun ne se perdait ni sur le toit de ta maison, ni dans le jardin et les hortensias juste en dessous.

Puis il y a eu ce jour-là, ce jour où tu l'as finalement déplié, que tu as coché la case « non » à la phrase : « Veux-tu devenir mon ami ? » Je peux compter aujourd'hui sur les doigts d'une main les moments dans ma vie où je me suis fait jeter.

Une fois : par toi. (Et non, la soirée du nouvel an ne compte pas, merci de ne pas remettre le sujet sur la table.)

Jamais été aussi frustré. J'ai l'habitude d'avoir ce que je veux Jay-Kay, et ce jour-là je n'ai pas flanché. Si je n'avais pas existé dans ta vie, tu m'aurais regretté.

Mais je crois qu'en fait, si tu n'avais pas fini par cocher cette case « oui » pour de bon, c'est toi que j'aurais regretté dans la mienne.

Et ni une ni deux, quand tu m'as renvoyé cet avion en papier contenant la réponse la plus positive que tu ne m'avais jamais dite, j'ai sauté sur le rebord de la fenêtre pour voler jusqu'à la tienne.

Parce que tu vois, Jay-Kay, l'amitié ça donne des ailes.

Je vois encore tes yeux effarés, mon grand écart aussi impressionnant que le plus grand des gymnastes, et la pensée, dans mon cerveau, me disant que j'avais mal évalué les distances et que fichtre, ta fenêtre semblait bien plus éloignée que je ne l'imaginais de la mienne.

J'ai fini un étage plus bas, la tête dans les hortensias de ta mère, le cul en l'air.

Mais tu vois Jay Kay, ce moment, je ne le regrette pas parce que dans le fond c'est la première fois que tu t'es mis à rire avec moi, et que j'ai écopé de ce superbe surnom de Tarzan, comme l'homme viril et bien bâti que je suis.

Il fallait bien une chute pour que tout commence.

La chute est un changement finalement.

Maintenant je me demande à quoi ressemblent les hortensias de ta mère, s'ils sont toujours là. Nous ne sommes plus des gamins, tu n'es plus un ado ni moi l'adulte de cinq ans de plus que toi capable de sauter entre ta fenêtre et la mienne, mais j'y crois à cette histoire d'écriture.

J'y crois aux avions en papier.

Alors tu ne pourras pas y louper parce que si cette boîte aux lettres au QG existe, c'est qu'elle a une bonne raison d'être là. Si je te réponds ici, et fichtre que j'ai mal au poignet à force d'écrire, je doute être le seul à tenter de jouer le jeu.

Chacun aura ses propres avions en papier.

Assieds-toi et prépare-toi, tu n'y louperas pas. Déplie-les chacun un par un, peu importe la forme qu'ils auront. Je crois, tout comme ce jour-là, qu'il y a des choses à dire et des choses à entendre, des cases à cocher et des moments où il te faudra voler.


Avec tout mon amour pour les hortensias de ta mère,

Seokjin le Magnifique

Seokjin le Magnifique

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FriendZone7 [Advent Calendar 2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant