Chapitre 2 - Joyeux putain de réveillon de Noël

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- Bonjour. marmonne mon père. Joyeux réveillon de Noël.

- Merci. Toi aussi.

Il se rend dans la cuisine tandis que je reste assis sur le canapé dans le salon.

- Je t'ai préparé un chocolat chaud. dis-je.

Il se retourne et me sourit. Je baisse la tête et retourne sur mon téléphone pour tenter d'éviter son regard.

- Je suis désolé, pour hier. Je te promets que ça n'arrivera plus. s'excuse-t-il.

- C'était censé ne jamais arriver, en fait.

- Tout s'est bien passé, chez ton psychologue ? demande-t-il.

- Donc tu comptes faire comme si rien ne s'était passé ?

- Je me sens mal, tu n'aurais pas dû me retrouver comme ça.

- Et tu penses que je me sens comment, moi ? Tu crois que ça fait quoi de retrouver son père dans cet état là, surtout quand il ne t'en reste plus qu'un ?

- Je ne l'ai pas choisi, Eliot. Je n'ai rien choisi, en fait. Alors arrête de vouloir tout me reprocher, parce que la situation est suffisamment dure comme ça. Chacun gère les choses à sa façon, j'ai merdé, et j'en suis désolé. Va dans ta chambre, maintenant.

Je monte les escaliers avant de m'enfermer à clés en enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles. Je m'allonge sur mon lit et fixe le plafond, en jetant un coup d'œil vers mon sac soigneusement posé à côté de mon bureau. Ce n'est pas le moment pour lire la lettre, mais c'est peut-être celui d'en écrire une.

Je me pose à mon bureau et allume une petite lampe qui me permet de voir ce que j'écris. Je sors une feuille blanche et un stylo noir, et laisse mon inspiration s'exprimer sur le papier.


Papa,

Cela fait maintenant quatre mois que tu es parti. Je ne vais pas te mentir, j'ai connu des jours meilleurs. En fait, j'ai comme l'impression de m'efforcer de sourire et de ma battre alors que j'ai juste envie d'abandonner. Parfois je me mets face à mon reflet dans le miroir et je souhaite tout lâcher, tout recommencer. Mais ce n'est pas possible. Aujourd'hui signe le premier réveillon de Noël passé sans toi. Il y a quelques semaines j'avais envie de te rejoindre, aujourd'hui je souhaite que tu sois là, avec nous. J'aime papa, on a toujours été proches, tous les trois. Mais il ne va pas bien, quand tu n'es plus là. Quelque chose a changé, en lui, et entre nous, mais tout finira par se réparer, j'en suis sûr. Il nous faudra du temps, ce n'est pas facile. Je n'ose pas lire tes lettres, j'ai peur. J'espère que je ne te fais pas trop attendre. En tout cas je sais que tu es là, et que tu le seras toujours. Je t'aime papa.


Je range la feuille dans mon carnet et le remet dans le tiroir de mon bureau en prenant soin de bien le refermer. J'essuies une larme sur ma joue avant de retourner m'allonger dans mon lit aux draps propres, fraîchement lavés.

Eden : Pressé de te voir, ce soir. J'espère que tout va bien :)

Je mets mon téléphone à charger et je sors de ma chambre pour m'asseoir dans les escaliers, là où se trouve sa photo. Mon père n'avait pas voulu l'enlever, « pas celle-là ». Cette maison respire son odeur, et même s'il m'arrive un jour de faire mon deuil, je sais que je continuerai de penser à lui tous les jours.

J'entends des bruits provenant d'en bas, je tends l'oreille et constate que mon père ne va pas bien. Je descends le rejoindre et le trouve dans la cuisine, ses mains cachant ses yeux, les coudes aux extrémités de son bol de chocolat chaud auquel il ne semble pas avoir touché.

Eden with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant