Chapitre 30 - Psychologue 4 (Fin)

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- Alors Eliot, dis-moi. Comment vas-tu ?

- Aujourd'hui ?

- Non. En ce moment. Comment te sens-tu, après tout ça ?

- Je ne suis qu'un lycéen qui a vécu plein de choses, c'est tout. ris-je. Honnêtement, je me sens bien, et je dis ça de la façon la plus sincère possible. J'ai vécu un mois de pur bonheur, et je me suis rendu compte d'une chose.

- Et... quelle est cette chose ? demande mon psychologue.

- Je suis heureux grâce à moi. Les gens autour de moi participent à ce bonheur, évidemment. Mais au final, je suis le seul à pouvoir m'apporter cette joie que je ressens, actuellement. Je suis le seul et l'unique qui pourra me dire, en me réveillant : aujourd'hui est une bonne journée, simplement parce que tu l'as décidé. On ne peut pas décider d'aller bien tous les jours, ce serait trop fatiguant. Mais on peut décider d'essayer, d'aller chercher le bonheur, de partir, de tout tenter pour ressentir cette brise qui vous fait sourire sans que vous ne l'ayez demandé. Depuis un mois, je n'ai plus eu d'idées noires. J'ai définitivement jeté les médicaments qui me restaient. J'ai écrit un poème, un texte joyeux. Je ne jetterai pas ce carnet, dans lequel j'ai écrit pour m'échapper quand tout était sombre. Mais pour l'instant, je ne le relirai pas. Je sais qu'il sera toujours là quand je n'irai pas bien. J'ai conscience que je le ressortirai probablement, un jour. Mais ce ne sera que pour une période, et cette révélation a tout changé pour moi.

- Quelle révélation ?

- Savoir que ce n'est qu'une période à passer. Mais que tout passera. Un jour, tu re-souriras. Un jour, tu riras à nouveau. C'est ça, que j'ai appris. Tout n'est qu'éphémère. Ce sentiment de plénitude l'est, aussi. Alors que je profite de chaque instant, chaque respiration. Un souvenir n'est qu'un souvenir, rien ne dit qu'il doit forger l'avenir. J'ai des souvenirs de moi au plus bas, qui ne sont en rien le reflet de ce que je vis aujourd'hui. Parce que j'ai choisi une autre voie. J'ai choisi de grandir, de ne pas abandonner cette part, en moi. Je suis devenu plus fort, grâce à cette épreuve. Alors je ne l'oublie pas, je ne la remercie pas, mais j'en fait mon alliée, sans pour autant qu'elle n'ait une place dans le présent. Vous voyez ?

- Oui. C'est très beau, ce que tu dis. Et très mature. En douze années de carrières, tu es l'adolescent le plus mature que je n'ai jamais vu, Eliot.

- Merci.

- Je suis content que tu le prennes comme un compliment. Malheureusement, les gens comme toi se développent vite à cause de leurs traumatismes. Ils sont confrontés à des problèmes qui les dépassent, et doivent grandir parce qu'ils n'ont pas d'autre choix, sauf celui qu'ils refusent de voir.

- J'ai pris la bonne direction.

- Et je t'en suis extrêmement reconnaissant. affirme-t-il.

- Je suis prêt, maintenant. Je suis prêt à affronter de nouvelles épreuves, et mon corps le sait. Mais pour l'instant, la vie me donne un peu de repos.

- Tu mérites ce repos, je t'assure.

- Est-ce que vous pensez que je dois arrêter de vous voir ?

- Il s'agit de ta décision, Eliot. On peut commencer par espacer les séances, si tu le veux bien.

- Vous voulez savoir ma vision des choses ?

- Je t'écoute. répond-t-il.

- Chaque individu, sur cette Terre, devrait voir un psychologue. Quand je dis ça, on me répond que tout le monde n'est pas fou, profondément triste ou n'a pas forcément un problème particulier qui mériterait une attention quelconque. Mais ce n'est pas ça, voir un psychologue. On a tous besoin d'aide, surtout pendant cette période de notre vie. On a tous besoin de parler, de se livrer, et même si on ne va pas mal, on sait ce que l'on ressent, ce dont nous avons réellement envie, besoin.

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