Chapitre 10 - Psychologue 2

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- Bonjour Eliot. Comment vas-tu aujourd'hui ?

Je souris, et mon psychologue me fait signe de m'assoir sur le canapé.

- Je vais bien, je crois. En fait, la dernière fois je disais penser aller bien, en sachant que ce n'était pas le cas. Aujourd'hui c'est différent.

- Comment se sont passées les fêtes ? demande-t-il.

- Mal. Pour Noël, surtout. J'ai été tellement... brusqué, de ne pas voir mon père. Mais j'ai réussi à passer cette étape, alors...

- Qu'est-ce que tu veux dire par « brusqué » ?

- Je me suis retrouvé devant tous ces gens heureux, certains affichant des sourires hypocrites, et j'avais comme l'impression qu'il me manquait la seule chose dont j'avais besoin. C'est comme si... avant que mon père ne... j'avais besoin de lui de temps en temps. Mais depuis sa mort, j'ai l'impression d'avoir besoin de lui tout le temps.

- C'est le manque, qui te fait ressentir cela. Mais le temps finira par arranger les choses. tente-t-il de me rassurer.

- Mais je n'ai pas forcément envie que les choses s'arrangent. Quand vous dîtes que le temps me guérira, j'ai l'impression que je vais l'oublier, passer à autre chose. Et ce n'est pas ce dont j'ai envie.

- Non, Eliot. Ce que je te dis, c'est qu'il te manquera peut-être tous les jours, mais qu'à un moment, tu te souviendras uniquement du positif, avec lui. Et à ce moment, tu seras triste de sa perte, mais tu seras heureux de te rappeler de tous tes souvenirs avec lui.

- Je vois. C'est juste que... parfois j'ai l'impression de ne pas arriver à passer à autre chose. Je pense à lui à mon réveil, avant de me coucher. Dès que je vois un lieu auquel un souvenir est rattaché à lui je... J'ai accepté qu'il soit parti, dans le sens où j'en suis conscient, mais je n'ai pas accepté sa mort, parce que je trouve ça injuste. Vous voyez ? Tous mes amis ne m'en parlent pas. Avant, avec Eden on en discutait, parfois. Maintenant c'est fini. C'est comme si tous pensaient que j'étais passé à autre chose, mais que je n'étais qu'au début du long chemin que j'avais à parcourir. Et j'ai le sentiment qu'ils avancent sans moi, parfois.

- Parce que tu te forces à courir à côté d'eux. Eliot, si tu leurs montre que tu n'arrive pas à avancer, derrière eux, tu sais qu'ils se retourneront et qu'ils viendront te chercher. déclare-t-il.

- Oui. Mais ils sont déjà venus me chercher. Ils m'ont pris la main, j'ai avancé, et eux aussi. Et je ne veux pas leur montrer que je n'arrive pas à marcher à leur rythme, parce qu'ils ont déjà fait tant d'efforts pour moi...

- Alors prends une pause pour toi. Je t'assure que tes amis ne t'abandonneront pas, s'ils sont comme tu me les as décrits. Mais si tu ne te sens pas de courir à leurs côtés, parfois la meilleure solution est d'avancer seul, à son propre rythme. Prendre du temps pour soi et aussi ce qui te guérira, surtout si tu te forces à avancer d'un pas qui ne te correspond pas. affirme-t-il.

Il a probablement raison. Non, bien sûr qu'il a raison. C'est juste que je suis un peu perdu, au milieu de tous ces chemins. J'ai l'impression de ne pas aller assez vite, de prendre le mauvais, ou qu'on cherche sans cesse à m'amener vers l'un des leurs, alors que le mien souhaite simplement m'ouvrir ses portes.

J'aimerais trouver quelqu'un qui m'accompagne sur ma route.

- Et avec Eden, les choses vont-elles mieux ? questionne-t-il.

- Avec Eden, les choses sont parfaites. Notre relation a vraiment évolué, on est connectés comme jamais on ne l'a été auparavant. Mais justement, ça me fait un peu peur.

Eden with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant