Eden with love

Chapitre 13 - Blessures silencieuses

- Je me disais bien que tout n'allait pas bien. Qu'est-ce qu'il se passe ? demande Alix, qui a décroché quelques secondes après que je l'ai appelée.

- J'ai... Je suis perdu, Alix. Honnêtement, je ne sais plus quoi faire. Et... ce que je suis en train de te dire doit peut-être te paraître dramatique, mais...

- Eliot, rien n'est dramatique, tout dépend de la sensibilité des gens en fonction des situations auxquelles ils doivent faire face. Est-ce que tu ne préfèrerais pas parler de tout ça en vrai, plutôt qu'au téléphone ?

- Si. Mais c'est juste que... j'ai besoin de quelqu'un, maintenant.

Ma voix tremble, et des larmes se mettent à couler de mes joues.

- Eliot, calme-toi. Respire. Je suis là, d'accord ? Je ne peux juste pas venir, maintenant. Mais tu pourras me raconter tout ça demain matin, d'accord ? En attendant, rentre chez toi, repose-toi, et écris un peu.

- Tu as raison. Merci, Alix. Ça m'a fait du bien de parler à quelqu'un.

- Je peux rester au téléphone avec toi, si tu veux. affirme-t-elle.

- Non, ne t'inquiète pas. Je sais exactement qui je dois aller voir.

- Maintenant ? Eliot ?

- À demain.

- D'accord... Envoie-moi un message quand tu rentr-

Je raccroche et range mon téléphone dans ma poche. Je me relève et traverse ce parc en courant. Le vent frappe mon visage, mes cheveux volent et se confondent entre eux.

Eliot : Est-ce que tu peux sortir de chez toi, s'il-te-plaît ?

Je cours dans les rues de cette grande ville, pour arriver quelques minutes plus tard devant son domicile.

Eden : ? Je sors.

Je l'attends de la porte de son immeuble. Il s'avance et se pose face à moi. Je le prends dans mes bras, geste qui semble le surprendre.

- Tu vas bien ?

- Non. Non je ne vais pas bien.

- Eliot, qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiète-t-il.

- Je ne comprends rien, Eden... Plus rien du tout... Je ne sais même plus quoi faire, en fait.

- Assieds-toi, Eliot.

- Non... Non !

Il me prend le bras. Je peine à respirer.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je ne sais pas, je... Je ne sais plus, Eden ! Je ne sais plus parce que tout va trop vite ! On était bien il y a une semaine, et là... Je ne comprends même pas comment tout ça a pu arriver, et... Je n'arrive même plus à parler !

- Calme-toi, Eliot... Tout va bien, d'accord ?

- Non tout ne va pas bien ! J'ai l'impression que tout va tout le temps trop vite ! Je n'arrive pas à suivre tout ce qui m'arrive, je ne comprends pas pourquoi... Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas capable d'aller complètement mieux ! Pourquoi tout le monde va bien et pas moi ? Des fois je me demande si je suis totalement guéri, et... Je ne comprends rien Eden !

- Comment ça ?

- Je suis désolé... Je débarque, comme ça. Comme j'ai débarqué dans ta vie, en fait. Tout le monde pense que je vais bien, comme j'ai arrêté de prendre des antidépresseurs et que je souris à nouveau. Je vais mieux, mais je ne vais pas bien. Et je ne sais pas comment aller bien. Parce que dès que je me retrouve seul j'ai besoin d'écrire. Je n'ai jamais été aussi entouré de ma vie et pourtant... Pourtant je ne me suis jamais senti aussi seul ! Je n'arrête pas de faire n'importe quoi, avec toi, avec tout le monde. Et à force de faire n'importe quoi, je me sentirais vraiment seul, parce que je finirai par l'être. Toi aussi, tu vas partir. Tout le monde finit par partir.