Chapitre 14 - Sensationnel

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           J'ouvre les yeux, je n'ai pas envie de me réveiller. Il paraît que les pensées matinales annoncent généralement le déroulé de la journée.

Je ne saurais pas dire quand la soirée s'est arrêtée hier. Je ne saurais même pas dire à quelle conclusion nous en sommes venus. Une chose est sûre : je veux être avec lui. J'aime ce garçon, j'aime ce qu'il reflète chez moi, du moins ce qu'il reflétait. En fait, il est là le problème : les choses ont changé.

Deux personnes peuvent changer pour le bien, mais se nuire l'une et l'autre. Peut-être que ces nouvelles versions de nous ne sont pas prêtes à être ensemble. Peut-être qu'Eden évolue, et que je stagne à un niveau de vie inférieur.

Quand deux personnes ne jouent pas sur la même fréquence, il faut que la fréquence basse s'accorde avec l'autre, qu'elle s'élève pour jouer un accord parfait. Alors c'est ce que je vais faire. Je choisis de ne pas pleurer sur les mots que tu m'as dits, Eden. Je les accepte, et je deviendrais une meilleure personne pour toi. Pour moi. Pour tout le monde.

Je veux être quelqu'un de bien. Je ne peux plus me contenter d'essayer de l'être.


L'humain est sans cesse à la recherche de sensationnel. Le début d'une relation est toujours sensationnel. Je ne dis pas que cela est bien, parce qu'on a tendance à idéaliser la personne, lui fabriquer une image à laquelle elle tentera d'échapper tôt ou tard. Parce que la perfection n'existe pas, mais surtout parce que l'imperfection rend la beauté réelle.

Je n'aime pas ce qui est parfait. J'aime quand Eden se ronge les ongles alors qu'il s'était juré d'arrêter. J'aime quand son ventre gargouille et qu'il fait mine de regarder autre part en espérant que je n'ai rien entendu. J'aime quand il dort la bouche ouverte. J'aime quand son correcteur écrit mon prénom avec deux « t » et qu'il s'excuse pendant plusieurs minutes d'avoir tapé trop vite.

J'aime les petits défauts, mais lui ne les remarque plus chez moi, je le sais. Et ça c'est un défaut que je n'aime pas.

Dimanche matin, une nouvelle semaine s'apprête à débuter. Cela fait plusieurs jours qu'Eden et moi ne nous parlons plus vraiment. Je l'appelle quelques fois, et je le regarde faire ses devoirs. Le silence a pris la place de la parole, tout simplement parce ni l'un ni l'autre ne savons quoi dire.

Je reçois une vidéo d'Alix, qui se trouve au parc. J'ai envie d'y aller, de lui faire une surprise. Et puis, cela ne me fera pas de mal de sortir un peu.

- Papa ? Je peux sortir cet après-midi, s'il-te-plaît ?

- Oui, bien sûr. Ne rentre juste pas trop tard. répond-t-il.

- Merci papa. À tout à l'heure !

Je mets mes chaussures et m'apprête à partir.

- Eliot ? Ça va ?

- Oui. Je crois que oui.

- Amuse-toi bien. Je t'aime.

- Moi aussi papa.

Je sors de chez moi et me rends jusqu'au parc, dans lequel je pénètre en essayant de trouver Alix. Alors que j'avance, je me stoppe un instant en constatant qu'elle est accompagnée, assise sur une table. Léo caresse ses cheveux en l'embrassant. Ils sont tous les deux, je ne vais pas les déranger.

Je fais demi-tour vers chez moi, quand je croise Emy, plus loin.

- Emy ? Emy !

- Eli !! Qu'est-ce que tu fais là ? s'écrie-t-elle en se retournant et courant vers moi.

Eden with loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant