Chapitre 21

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La première semaine de Mars, Alexandra descendait les marches du cachot menant au bureau de Rogue. C'était leur quatrième séance mais ils n'avaient pas vraiment progressé. Rogue lui avait apprit tout un tas de choses sur la légilimancie, à quel point le cerveau n'était pas un simple livre mais plutôt un labyrinthe complexe fait d'étages qu'il fallait décrypter et comprendre. Il avait également ajouté que les personnes dotées de légilimancie avaient une facilité déconcertante pour entendre les pensées et retirer les souvenirs des autres, ce qui l'avait un peu effrayée elle devait l'avouer. En revanche, il n'avait pas eu beaucoup d'informations à donner sur le fonctionnement des legilimens puisque ces derniers étaient rares et cachaient généralement leurs pouvoirs au yeux du monde. Elle en revenait au point ou elle étaient encore plus perdue qu'avant. Et plus les jours passaient, plus elle se demandait ou tout cela allait la mener. Elle frappa à la porte du bureau qui s'ouvrit en laissant apparaître Rogue.

- Entrez, dit-il.

Le bureau ne semblait jamais changer et à chaque fois qu'elle y entrait, elle sentait ce frisson remonter le long de sa colonne à cause des bestioles dans les bocaux et de la froideur de l'endroit.

- Nous en sommes à notre quatrième séance ensemble et comme vous avez put le constater, nous perdons notre temps.

Elle sentit son estomac se tordre et se mordit la joue.

- Je...

- Je n'ai pas besoin de vos excuses mademoiselle Harcourt, coupa Rogue en passant derrière son bureau. J'ai besoin d'efforts de votre part, de maturité. La légilimancie n'est pas un art aisé, ni un simple sortilège que l'on apprend en quelques heures, qui plus est dans votre cas. Vous êtes nées avec ce don et nous ne pouvons déterminer à quel point vous pouvez être puissante ou non dans ce domaine. Si vous continuez à refuser de progresser, je ne crains de ne rien pouvoir faire de plus.

- Je fais des efforts, protesta-t-elle.

- Ce n'est pas vrai. Si vous en faisiez, nous ne serions pas ici ce soir.

Rogue lui avait parlé de la complexité de cet art, de sa difficulté même pour les plus doués des sorciers. Et elle se demandait sincèrement si elle y arriverait un jour ou si c'était une cause perdue d'avance.

- Je voudrais essayer quelque chose de différent aujourd'hui, reprit-il. Si cela s'avère infructueux nous serons dans l'obligation d'arrêter ces séances.

Elle sentit une pierre lui tomber dans l'estomac. La porte du bureau s'ouvrit alors et Peter passa la tête dans l'entrebâillement.

- Il faut frapper monsieur Harcourt, dit Rogue. Entrez maintenant.

Peter entra et referma la porte. Alexandra fronça les sourcils sans le lâcher du regard.

- Votre frère a accepté de participer à la séance de ce soir, et je pense qu'il va pouvoir vous motiver.

Il leur fit signe de s'asseoir et ils obéirent. Peter semblait serein, il lui adressa un regard rassurant avant de reporter son attention sur Rogue.

- J'aimerais que vous essayez d'entrer dans sa tête, annonça alors le professeur.

- Non, elle secoua la tête immédiatement.

Et si elle lui faisait du mal encore ? Et si ça se passait mal ? Peter ne se rendait pas compte de ce à quoi il jouait en ce moment.

- J'ai du mal formuler : vous allez entrer dans sa tête ou je le ferais moi-même et croyez moi cela sera bien moins agréable que ça en a l'air.

Peter grimaça, visiblement il ne trouvait pas que cela semblait agréable. Rogue se leva, prit sa baguette sur son bureau et se plaça à côté du fauteuil de Peter.

- Je ne vais pas y arriver, dit-elle.

- Pas si vous continuez de voir les choses ainsi. Vous avez une minute.

Elle fixa Peter en essayant de vider son esprit comme Rogue le lui avait apprit. Elle essaya de se concentrer uniquement sur lui, sur ce à quoi il pouvait bien penser. Elle sentit ses doigts trembler et les resserra sur les bras du fauteuil. Rogue était persuadé qu'elle n'avait pas besoin de baguette ni de parole pour y arriver. Mais comment pouvait-elle quand même les plus grands devaient s'entrainer des années avant d'y arriver parfaitement. Rogue remua les lèvres et Peter grimaça pendant un instant en resserrant les mains sur le fauteuil. Quand Rogue releva sa baguette, son frère était pâle et elle, elle avait l'impression que la pierre dans son estomac roulait dans tous les sens et que son coeur voulait sortir de sa poitrine.

- Encore, dit Rogue.

Elle n'eut pas le temps de reprendre ses esprits qu'il braquait de nouveau sa baguette sur Peter. Et ils recommencèrent encore et encore jusqu'à ce que Peter demande une pause pour reprendre ses esprits.

- Je dois vous avouer que j'espérais plus de votre part mademoiselle Harcourt, dit Rogue.

Elle ne répondit pas, elle était fatiguée, épuisée de n'arriver à rien du tout. Peter se massa les tempes et hocha la tête pour dire qu'il était prêt. Rogue leva de nouveau sa baguette. Elle souffla profondément et fixa son frère dans les yeux. C'était assez. Elle ne voulait plus qu'il entre dans sa tête, elle ne voulait plus être la raison pour laquelle tout le monde souffrait. Elle en avait assez d'être si impuissante. Ce n'était pas elle cette chose perdue et stupide dans ce bureau froid et grand. Elle sentit une chaleur remonter dans sa poitrine jusque dans sa nuque et la seconde suivante elle se voyait.

Elle devait avoir cinq ans, elle courait dans les couloirs de leur maison près de Londres. Elle portait un pyjama gris avec des balais jaunes dessus et ses cheveux étaient plus courts qu'aujourd'hui. Elle portait un gros lapin en peluche sous son bras et l'agitait de temps à autre. Puis elle vit leurs parents qui déposaient Peter pour la première fois à Durmstrang, elle sentit la tristesse émaner de son souvenir en les regardant disparaître au loin. Puis elle vit les couloirs de Durmstrang et elle se vit passer plus loin accompagnée d'Elouann, se disputant probablement à cause du quidditch ou d'une blague stupide.

Quand elle ouvrit les yeux, elle était toujours dans le bureau de Rogue. Peter avait un léger sourire sur ses lèvres et Rogue avait abaissé sa baguette.

- Bravo mademoiselle Harcourt, vous venez d'utiliser la légilimancie.

Elle se sentait nauséeuse, ailleurs. Les souvenirs de Peter flottaient toujours devant ses yeux comme si ils étaient à elle. Pourtant elle savait qu'ils lui appartenait à lui, qu'elle n'avait eu qu'un droit de regard sur eux mais il y avait eu toutes ces émotions.

- Ce sera tout pour ce soir, annonça Rogue en s'asseyant derrière son bureau. Vous avez besoin de sommeil maintenant.

Allongée dans son lit, Alexandra fixait le plafond. Elle était fatiguée mais plus que tout elle était complétement déboussolée. Elle avait réussie, elle l'avait fait. Et ça avait semblé si naturel que s'en était presque terrifiant. Elle était entrée dans la tête de Peter et elle y avait vu toutes ces choses. Ils n'en avaient même pas parlé, Peter avait eu l'air plutôt secoué en sortant et il s'était excusé avant de disparaître dans le parc pour rejoindre le vaisseau de Durmstrang. Avait-il choisi de lui montrer ces images ou étais-ce elle qui avait décidé pour lui ? Et maintenant la grande question qui brillait dans sa tête était : jusqu'ou pouvait-elle aller ? Elle avait l'impression que tout son cerveau était en ébullition, des centaines de questions se multipliaient chaque minute en explosant dans tous les coins. Quand elle s'endormit enfin, ses rêves furent peuplés des souvenirs de Peter. 

As the world caves in - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant