Prologue - ELENA

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Je croisai les bras en me renfrognant, mécontente. Ma psy n'était pas toujours tendre avec moi. Un an que je la voyais chaque semaine pour lui raconter mes peines et on en revenait toujours au même point.

— Elena, dit-elle avec patience, il est normal que vos proches formulent des attentes à votre égard. Il vous revient de décider si vous acceptez de vous ouvrir à eux et à quel point, mais vous avez besoin de leur présence à vos côtés.

— David n'est pas un proche, remarquai-je.

— David souhaitait vous connaître davantage et vous lui avez refusé cette possibilité. Pourquoi ?

— Il n'a jamais été question de ça entre nous. Je n'ai jamais voulu que ce soit sérieux.

— Pourquoi ?

Avec elle, c'était toujours « pourquoi ». Il est difficile de faire face à ses faiblesses. Le chemin était tortueux, mais elle m'amenait à me poser les bonnes questions, je le savais. David n'avait rien fait de mal à part tenter de faire passer notre relation à une étape supérieure. Je n'étais pas prête. C'était compliqué. Des complications que je voulais ignorer.

— Il ne convenait pas, répondis-je.

— Vous semblez n'accorder votre affection qu'à des hommes qui ne conviennent pas, souligna-t-elle.

Exactement.

Les exigences de mon père en matière d'homme n'étaient pas difficiles à satisfaire, mais ses critères étaient bien différents des miens. A 28 ans, j'étais donc toujours célibataire et pas vraiment pressée d'être en couple. J'avais trouvé un bon équilibre entre mon travail, mes amis et mon père, envisageant de manière bien distincte chacun de ces aspects de ma vie. S'il était plus simple de gérer mes relations de cette façon, je ne me sentais pas heureuse pour autant. Je savais que pour l'être, je devais prendre des risques et me livrer davantage à ceux qui m'entouraient, mais je n'en avais pas le courage.

— Je sais que je dois m'ouvrir, soupirai-je, mais je n'y suis pas prête. Je n'en ai pas la force.

— Il peut sembler difficile de se dévoiler lorsqu'on se sent fragile, mais vous pouvez y aller progressivement. Commencez peut-être par vous livrer à vos amis. Ils semblent beaucoup tenir à vous.

Ils tenaient à moi et je tenais à eux. Vraiment. Sans mes amis, je me serais écroulée depuis longtemps. J'éprouvais néanmoins des difficultés à tout leur raconter. Je redoutais leur jugement. Ou peut-être était-ce le mien ?

Alors que ma psy notait des commentaires dans son carnet bleu, je réalisais qu'il me restait encore du chemin à parcourir avant d'être capable d'affronter mes conflits intérieurs.


A la porte de ton cœur - Chroniques de nos Cœurs Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant