Former pour tuer

Joe

L'épaule négligemment appuyée contre la balustrade, j'admire mon pseudonyme en tête de liste grâce à mes deux points. Comme je me doutais j'ai gagné l'épreuve. Sofia a réussi elle aussi l'épreuve de combat. Grâce à cette réussite elle n'est plus la dernière du tableau. Je sirote ma brique de lait en attendant l'arrivée de Tom. Toutes les recrues étaient appelées à se regrouper dans le hall, pour une « annonce importante ».

Aaron et Tom descendent un quart de l'escalier central sous les chuchotements des recrues inquiètes. Légèrement en hauteur pour nous dominer, Tom commence à parler.

— Tous les trois jours une ou deux recrues partiront. Les deux derniers de la liste vont faire leurs valises.

Ils sont pressés à cause d'un chiffre dans le mois, mais ça je suis la seule a le savoir. Une des deux recrues en question s'énerve. Elle essaye de faire une mini rébellion contre le fait que : "ce n'est pas avec 2 épreuves qu'ils vont réussir à voir nos capacités. » Et ça marche quelques recrues commence à rejoindre son point de vue. Sofia et moi tenons à rester à l'écart de cette mini vendetta qui va mal finir.

La femme au tempérament bien trempé passe à l'offensive, et monte sur un meuble lustré. En un coup de pied elle reverse le vase qui s'écrase au sol. Les bouts de verre se promènent à une vitesse excessive, quand aux fleurs elle reste allongé sur le parquet qui se nourrir progressivement de l'eau. Elle continue ses arguments de plus en plus échauffer. Elle insulte Aaron qui descend lentement les escaliers tout en allument sa sucette à cancer. Il arrive devant elle en expirant la fumée. Avec un mouvement souple, il attrape sa tignasse pour la faire descendre elle suit son mouvement contraint par la douleur. Le brouhaha autour s'estompe. Il dégaine un couteau ou plutôt mon couteau pour le placer sur sa carotide. Je peux presque sentir le noeud qui lui tord les tripes et les hurlements qu'elle ravale.

— Ose remettre mon autorité en cause et je peux t'assurer que l'on te retrouvera démembrer au fond d'un caniveau.

Pour assurer sa crédibilité, Aaron laisse une fine coupure le long du cou de la femme. Celle-ci relâche ses larmes à présent retenues. Le chef se retourne vers nous avec assurance. Il nous toise d'un regard atypique.

— Quelques-uns d'autres veulent s'opposer à moi ?

Sa voix est tranchante, on sent bien que quiconque se mettait en travers de son chemin était mort.
Mon côté provocateur me crie de le défier, mais mon côté réfléchi prend le dessus pour cette fois.

— Les deux recrues faites vos valises. Pour les autres j'ai décidé de vous laisser l'après-midi de libre vous pouvez partir chez vous, poursuit Tom. Revenez pour 18h.

Cool. Par contre j'aimerais bien récupérer mon couteau. C'était le calice de mon père qui me l'a offert pour mes dix ans, un héritage de mon grand-père. Je n'ai aucune idée de comment je vais le récupérer. De plus j'ai déjà essayé sur les tatamis en vain. Je me retourne vers Sofia qui me confie quel préfère rester ici. Je monte dans ma chambre pour récupérer mon téléphone avant de partir. Une multitude de notifications de Mr. Vidal apparaît.

«Tu es trop lente ! » « Que ce passe t'il le 21 ?! » « Alba réponds-moi ! » « Tu vas le regretter. Comment il s'appelle déjà ? Joe ? » « Je vais te montrer qu'on se moque pas de moi »

Non non Joe... je prends mon glock désert que je prends soin de camoufler sous mon gilet. Je trottine vers la sortie de la demeure. J'aperçois au loin un bus. La chance dans cette ville fantôme t'a un bus tous les 5h. Je monte dans l'autocar assez stressé. Il faut que je m'attende au pire pour garder le contrôle arrivé là-bas. Joe a seulement 14 ans il est seul sans aucune accroche, ils peuvent le tuer de n'importe quelle manière. Mon pied se met automatiquement à trembler comme un Junky n'ayant pas eu sa dose, ce qui fait ressortir ma nervosité. Personne ne peut savoir l'impact qu'on a sur la vie d'autrui. Quel impact ai-je sur les personnes ? La réponse et facile ! Une mort certaine. Papa m'avait pourtant averti "ne t'attache à personne".