1 - Le jour où tout a basculé

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😺 Point de vue Riku 😺

<< Hé le chat de gouttière ! interpelle un camarade de classe posté devant mon pupitre. T'en as pas marre de toujours jouer à ces jeux débiles ? Lève les yeux pour une fois ! >>

Je ne relève pas et cache ma console dans ma veste en baissant la tête sous ma capuche. Je ne veux pas d'ennuis... J'attends qu'ils soient partis, lui et ses amis, pour me remettre à jouer jusqu'à ce que l'heure de la reprise des cours retentisse. Je range ma console dans mon sac que je garde entre mes jambes et m'accoude à la table en regardant par la fenêtre.

J'ai hâte de rentrer et me poser devant Genshin Impact...

Je m'appelle Riku Nekomura, et comme vous pouvez le constater, je suis une otaku pure et dure. Au Japon nous sommes un peu les reclus de la société. J'étudie dans une fac, loin d'être intéressante à côté du lycée Yuei, implanté non loin d'ici. On dit que seuls ceux qui désirent et ont le potentiel de devenir des héros peuvent y entrer. Mais moi je suis très attachée à ma tranquillité entourée de mes trésors. Figurines, mangas, magazines Shonen Jump, consoles de jeux, souvenirs de conventions, posters et dédicaces de mes mangakas et seiyuus favoris. Je ne veux pas devenir une héroïne, ça ne m'intéresse pas. Je ne sais pas me battre de toute façon, moi et le risque ça fait deux. En fait, mon plus gros problème c'est que je ne comprends pas la méchanceté humaine de base, et j'ai du mal à me faire comprendre. Alors je parle très peu et reste dans mon coin.

Je me suis toujours demandé une chose : Pourquoi créer deux camps, d'un côté les héros et de l'autre les vilains ? Personnellement je ne suis d'aucun parti. Je ne comprends pas cette bataille qu'ils mènent, tout simplement.

Je passe à la supérette comme à mon habitude, à la fin de la journée. Je connais bien les gérants qui y travaillent, je viens quasiment tous les jours chez eux, puisqu'ils vendent non seulement mes plats préférés, mais aussi chaque semaine ils mettent en rayon les nouveaux Shonen Jump. Une vrai paradis !

<< Des nouilles instantanées et en supplément, trois Bento faits maison, tu dois manger sainement ! annonce le patron du konbini avec un sourire. Comme d'habitude. Cadeau de la maison. >>

- Merci monsieur... remerciai-je en bégayant.

<< Je t'en prie, je t'ai déjà dis de m'appeler Harris, supplie-t-il d'un ton bienveillant. >>

Si tout le monde était plein de bonté comme ce vieillard ça éviterait bien des problèmes... Sa femme qui travaille aussi ici, s'avance vers moi avec la nouvelle collection de magazines Shonen Jump. En voyant la pile de bouquins entassée dans un sac en plastique mes yeux s'illuminent.

<< Tiens, ils viennent tout juste d'arriver, informe madame. Tu es sûre que tout ira bien ? Ca me parait lourd pour une petite crevette comme toi. >>

- Non ça ira, j'ai l'habitude...

J'ai toujours eu la voix basse, presque cassée. Je les remercie une dernière fois avant de repartir et prendre la direction de mon appartement. Je suis émancipée, mes parents voyagent beaucoup alors je ne les vois jamais. Je ne sais même plus à quoi ils ressemblent. Le seul membre de ma famille avec qui je garde contact c'est ma grand mère. Elle m'a légué ce trente-huit mètres carré avant de partir s'installer en France, dans les Alpes. Elle voulait vivre paisiblement sa retraite et elle a réussi. C'est la seule personne qui prend régulièrement de mes nouvelles.

En réalité beaucoup de gens du monde extérieur me traite de "Hikikomori", à savoir être quelqu'un de casanier qui ne sort quasiment jamais de son domicile, sans travail ni objectif dans la vie. Tout ça parce mes seules sorties sont principalement les trajets à la fac, le konbini du quartier et les conventions manga. Le reste m'importe peu, je ne suis pas vraiment douée pour faire des rencontres... Je ne discute qu'avec des gens virtuels. Parler en face à face avec un être humain me demande beaucoup de courage et d'énergie. Vous n'imaginez pas l'angoisse qui me tiraille !

Je suis une nekotaku...

Bref, je regarde le contenu de mon sac de courses avant de me figer devant l'entrée d'une ruelle peu rassurante. J'ai entendu un bruit métallique venant de celle-ci. Je tourne une oreille vers la ruelle avant de tourner lentement la tête. Ce que je suis en train de voir me terrifie instantanément. Un homme de grande taille et vêtu de noir est blessé ! Il semble épuisé... Au moment où il lève enfin la tête vers moi, je le vois glisser le long d'un mur qui jonchait cette ruelle et tomber lourdement au sol. J'ai cru pendant une fraction de seconde déceler ses yeux à traverse quelques mèches de ses cheveux noirs. Une averse finit par tomber en même temps, pendant que je reste figée devant cette scène horrifiante. 

Qui est-ce...? Est-ce que je dois appeler les urgences ?? Mais il a l'air de fuir quelque chose...

J'hésite un moment avant d'enfin sentir mon corps bouger à nouveau et m'approcher à pas de loup vers le corps gisant au sol, tout en serrant mon sac de courses contre ma poitrine. Je me penche au dessus du corps. Des plumes d'acier ? Le seul être que je connais qui en possède c'est Hawks. Je suis quand même l'actualité des héros au top du classement, alors je sais qui est la seule personne qui puisse posséder de telles plumes. Il aurait donc eu affaire à Hawks ? C'est un vilain ? Je suis perdue... Si j'appelle la police est-ce que ça serait comme refuser de l'aider, si c'est réellement un vilain ? Il est blessé et perd beaucoup de sang je ne peux pas le laisser comme ça.

Tant pis... Je ne m'abaisserai pas à catégoriser les gens de cette façon. Héros ou vilain, cet homme a besoin d'aide.

Je le couvre de ma veste de cours un poil trop petite pour sa carrure, puis passe sous son bras en faisant attention à ne pas aggraver son état et le charge sur mon dos. Il est lourd, mais mon appartement n'est plus très loin alors je peux tenir. Je suis un chat, mais je ne suis pas en sucre. Je me dépêche de rentrer avant que la pluie ne s'intensifie et allonge l'inconnu sur mon futon. Il est toujours inconscient et respire faiblement... Et maintenant je peux apercevoir qu'il est brûlé de partout. Sous ses yeux, sa mâchoire, ses oreilles, son cou, sa clavicule, ses bras... Il a dû souffrir...

Je ressens une profonde souffrance en moi, j'ai tendance à me mettre à la place de la personne. Je suis une hypersensible... Une qualité comme un défaut parfois, mais c'est dans ma nature.

Je lui retire sa veste et son haut tous deux trempés et les mets à sécher. J'examine ses plaies, sa respiration et son pouls. Il est brulant... Je retire soigneusement les plumes que je place dans une bassine vide tout en désinfectant les plaies avant de passer des bandages et des pansements. Je regarde son visage un instant. Il a l'air d'un enfant endormi... Puis je sens son bras faire un brusque mouvement qui me fait sursauter et reculer d'un bond en arrière. Mais il ne se réveille pas.

- Un réflexe... ?

Je soupire pour calmer mon stress et reprends mes soins délicats. Je ne sais pas qui il est, mais quelle importance ? J'aurais pu appeler l'hôpital, mais quelque chose me dit que si je fais ça, ce serait faire une énorme bêtise. S'il a été confronté à Hawks, c'est que ce type est forcément en cavale et que les autorités le recherchent. Je ne connais pas ses intentions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, mais je prends le risque, on verra bien. Mais si je ne l'aidais pas, j'aurais de profonds regrets... C'est pour moi l'occasion de faire une bonne action envers un autre humain et je me sentirai mieux plus tard, parce que j'aurais sauvé une vie. En le regardant de plus près, il n'a pas l'air menaçant ou agressif. Je peux toujours me tromper.

Je finis de nettoyer son corps et allume le chauffage avant de le couvrir. Je palpe son front et ses joues pour voir s'il a de la fièvre, sa forte température m'inquiète un peu... Dans le doute, je vais chercher une autre bassine remplie d'eau froide avec un linge que je trempe dedans avant de l'essorer et le placer sur son front. Il a aussi le souffle chaud... c'est obligé il a de la fièvre !

À suivre...

Riku | Dabi x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant