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« Bon anniversaire, Toni ! J'espère qu'on le fêtera bientôt. Julien »

Ce SMS est évidemment accompagné de plein de smileys. Je n'ai pas de nouvelles de mon meilleur ami, Antonin, et ceci depuis au moins deux jours, ce qui est énorme pour nous. Je ne lui en veux pas, il a une nouvelle petite copine. Au début, quand on est amoureux, on se déconnecte du reste du monde pour être à plein temps dans sa relation. J'attendais quand même un petit signe de vie, étant donné que c'est son anniversaire et que normalement on le fête ensemble. Nos autres potes n'ont apparemment pas non plus reçu d'invitation, ce n'est pas vraiment normal. S'il ne répond pas à ce texto, je débarque chez lui pour savoir ce qu'il se passe. Il n'y a pas non plus d'activité sur son profil Facebook, ni sur Instagram, où pourtant il n'est pas avare de photos. Le black-out complet, il doit être vraiment amoureux pour se détacher totalement des réseaux sociaux et surtout pour ne pas me répondre ! Qu'il snobe les autres, c'est compréhensible, mais moi, après tout ce qu'on a vécu ensemble...


Bon, voilà quatre heures que j'ai envoyé mon message d'anniversaire et je n'ai toujours pas de réponse. Un simple émoji m'aurait suffi, même si je l'aurais un peu mal pris. J'ai tenté de l'appeler mais le téléphone sonne dans le vide. Il me reste un dernier recours : le joindre au bureau. Je tombe sur l'un de ses collègues.

« Non, il n'est pas là, il a pris une semaine de congés. »

« Ah ouais ? Bon d'accord, je n'ai pas de nouvelles depuis des jours, c'est bizarre. »

« On allait t'appeler, on a aussi tenté de le joindre pour une question sur l'un de ses dossiers. Le chef n'est pas super content. »

« Je vais voir chez lui, je te tiens au courant. »

Ses collègues du commissariat me connaissent bien. Je passe régulièrement voir Antonin à son boulot et je suis même invité à toutes les fêtes organisées par les policiers de l'arrondissement. C'est comme si je faisais partie des leurs, sans avoir à porter l'uniforme. Bref, ce n'est pas le plus important pour l'instant. Tant pis si je ne respecte pas la vie privée d'Antonin, je veux savoir ce qu'il se passe. Je m'habille, je cherche le double des clés de son appartement. C'est bien pour un cas d'urgence qu'on s'est chacun laissé un double. Enfin, c'était surtout au cas où on se retrouverait bloqué devant la porte, oublier ses clés peut coûter cher. Je tente quand même une dernière fois de l'appeler. J'hésite à le déranger chez lui, s'il ne répond pas c'est qu'il veut être seul, avec sa copine. Mais quand je reçois un SMS de sa mère qui s'étonne de ne pas arriver à joindre son fils, je me décide et je fonce vers chez lui.


Il ne me faut pas longtemps pour arriver. Nous n'avons jamais vécu très éloignés l'un de l'autre. Notre amitié s'est forgée à l'école, parce que nous partagions la même classe au primaire. En plus, nos familles habitaient le même immeuble, donc nous étions toujours fourrés ensemble. Maintenant, il y a deux rues entre nous, ce qui ne nous empêche évidemment pas de nous voir tous les jours.

– Bonjour, Irénée.

Voilà, même la concierge me connaît. Pendant longtemps elle a cru que j'habitais l'immeuble, c'est dire si je suis souvent ici. Un jour elle s'est étonnée que je ne reçoive jamais de courrier et c'est seulement là qu'elle a découvert que je n'habitais pas l'un des appartements !

– Bonjour, vous avez vu Antonin récemment ?

– Non, pas depuis plusieurs jours. Il ne vide même pas sa boîte aux lettres. Il aurait pu me prévenir !

Parce que cet immeuble est assez sympa. Tout le monde se connaît et la concierge est très appréciée. Il est de coutume de l'avertir quand quelqu'un part en vacances, de cette façon elle peut « renforcer sa surveillance », c'est-à-dire vérifier que tout va bien et qu'aucune porte n'a été fracturée quand elle fait sa tournée dans les étages.

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