Mortal Bonds

10. Acquainted

Yalina décida de prendre quelques jours de congés pour s'éclaircir les idées, la panique l'avait gagnée et elle ne se sentait pas capable d'aller travailler dans ces conditions. Son cerveau avait besoin de calme pour pouvoir décider de ce qu'elle allait faire. Partir et abandonner tout ce qui lui tient à cœur lui parait impossible, elle ne saurait de toute façon pas où aller. Accablée par le poids de l'inévitable Yalina fini par conclure qu'elle ne peut rien y faire, que si cet homme la veut, il l'aura surement. La jeune femme est donc contrainte à continuer sa vie comme elle le peut, limitant ses déplacements, ne sortant que pour le travail et en journée. Yalina est incapable de penser à autre chose qu'à cette ombre vicieuse qui la suit surement en permanence. A contrecœur, elle est retournée au travail. Se mêler à la foule fut beaucoup plus angoissant que ce qu'elle pensait, s'étant pourtant persuadée que le couteau à cran d'arrêt et le taser dans son sac à main suffiraient à la rassurer. Heureusement, il y a peu de risques pour que son stalker ne l'attaque pendant la journée et surtout sur son lieu de travail. Ainsi, Yalina se sent presque en sécurité assise à son bureau et pour la première fois, elle est heureuse d'être entourée de ses collègues. La jeune femme sait qu'ils sont innocents puisqu'aucun d'entre eux n'a assez de temps libre ou d'intérêt pour elle.

Dans la semaine qui suit son retour de congés, où elle est restée chez elle à ne pas trouver le sommeil, elle dort presque tous les jours sur son bureau. La qualité de ses traductions s'est dégradée et elle doit redoubler d'efforts pour maintenir un rendu correct. Sa vision est parfois brouillée par la fatigue, sa tête est comme serrée dans un étau d'une tonne et son attention s'égare plus souvent qu'elle ne le voudrait. Un matin où elle n'arrive même plus à lire les mots sur l'écran de son ordinateur, son téléphone de bureau sonne.

-          Oui ?

-          Bonjour, Miss Rey Morenos.

La voix de Neven Zintchenko lui retourne le ventre, comme à son habitude. Yalina n'a eu aucun contact avec l'homme depuis leur soirée au bar, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. La jeune femme redoutait le moment où elle devrait être à nouveau confrontée à lui, tout en ayant irrésistiblement envie de le revoir.

-          Même au téléphone vous n'arrivez pas à me parler ? Sa voix indique qu'il sourit.

-          Excusez-moi. Bonjour, Mr. Zintchenko, que puis-je faire pour vous ?

Yalina reprend son personnage de l'employée parfaite, même s'il sait ce qu'elle ressent pour lui, la jeune femme ne peut se permettre d'être familière. Ayant quitté la table rapidement, elle n'a en fait aucune idée de ce qu'il comptait lui dire. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'ils travaillent ensemble et que faire comme si de rien n'était est la meilleure solution.

-          J'aimerais que nous puissions terminer notre conversation. Il marque une pause. Vous savez, celle où vous ne m'avez pas laissé le temps de vous dire que j'aimerais apprendre à mieux vous connaitre.

Yalina bloque sur les mots. Lui ? Il veut encore passer du temps avec elle ? La jeune femme n'a jamais espéré qu'il puisse s'intéresser à elle, seulement dans ses fantasmes les plus secrets. Elle se remet à être anxieuse, sa main serre un peu plus fort le combiné du téléphone. Cette attirance magnétique qu'elle ressent en sa présence n'est peut-être pas à sens unique. Son instinct lui avait pourtant dit de s'éloigner de Mr. Zintchenko et elle l'avait écouté. Ne pas succomber à ses désirs est beaucoup plus facile lorsque l'objet de vos convoitises ne vous remarque pas.

-          Le lieu semble vous avoir mise mal à l'aise l'autre soir. Je pourrais venir vous chercher à votre pause déjeuner ? Vous choisissez l'endroit où nous mangerons.