20. Unpunishable

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Par la suite, les jours se suivent et se ressemblent, Vitaly et Yalina sont entrés dans une routine qui les arrange tous les deux. Leur relation ne s'est pas améliorée, ils ne s'adressent la parole que pour le nécessaire. La jeune femme travaille la majorité de la journée et s'occupe des repas, tandis qu'il fait les courses et passe le temps comme il peut dans la salle de sport. Yalina a enfin pris le temps de visiter le reste de l'appartement, elle a découvert qu'il comprend en tout trois chambres, deux salles de bain, une salle de sport, une salle de jeux et les pièces communes. Il y a de quoi ne pas s'ennuyer et pourtant, l'appartement est comme scindé en deux, chacun reste de son côté et n'empiète pas sur le territoire de l'autre.

Au fil des jours, les nouvelles de Neven se font de plus en plus rares. Lui, qui l'appelait parfois même pour quelques minutes, ne semble plus trouver l'occasion d'envoyer un message à Yalina dans la journée. La jeune femme a du mal à savoir quoi en penser, Neven a sa propre vie, elle en est consciente, il est aussi sûrement très pris par son travail. Enfermée entre quatre murs, aussi agréables soient-ils, elle ne peut s'empêcher de ruminer sa frustration.

Yalina sursaute en entendant quelqu'un tambouriner à la porte. Personne n'est jamais venu ici sans posséder la carte d'accès. D'autres coups plus forts se font entendre et Yalina se lève vivement du canapé, paniquée. Son stalker ne peut pas connaître cette adresse, il ne peut pas avoir réussi à l'atteindre. Voyant que Vitaly n'arrive pas, elle se précipite vers la salle de sport, où elle l'entend s'entraîner sur le tapis de course. Elle ouvre violemment la porte, il ne se retourne pas vers elle, les oreilles bouchées par ses écouteurs et chantonnant par-dessus. La jeune femme se rue vers lui, attrapant son poignet et le secouant pour qu'il réagisse. Vitaly l'envoie valser de surprise et retire une oreillette, se demandant pourquoi elle vient le déranger, tout en continuant à courir.

- Y'a- y'a- Elle prend une bouffée d'air pour se calmer. Quelqu'un à la porte.

Ses yeux sont écarquillés, son souffle est court et Vitaly ne peut passer outre la peur qu'il lit sur le visage de Yalina. Il arrête sur-le-champ le tapis et sa musique, faisant signe à Yalina de rester derrière lui, jusqu'à ce qu'ils arrivent au salon. Les coups n'ont pas cessé, ils sont même encore plus puissants qu'auparavant. Une fois proche de la porte, l'homme regarde à travers le judas. Il recule immédiatement après avoir l'avoir fait, l'air dépassé parce qu'il vient de voir. Yalina ne comprend rien à ce qui est en train de se passer. Vitaly ouvre la porte et une jeune femme se jette sur lui pour frapper son torse à coups de poings faibles. Il ne se défend pas, il lève même les mains en l'air, comme pour se rendre.

- Idiot ! Imbécile ! Abruti !

Elle accompagne chacun de ses coups d'une insulte à son égard jusqu'à ne plus en avoir en stock. L'inconnue dégage son visage de longues mèches châtaines en bataille et fusille le russe du regard.

- Disparais plus jamais, tu m'entends ? Je croyais que t'étais mort, moi !

Elle va pour continuer de sermonner Vitaly, mais ses yeux finissent par détecter Yalina dans sa vision périphérique. Sa bouche s'ouvre de choc avant qu'elle ne reporte ses yeux sur le russe, prête à l'insulter à nouveau. Il ne lui en laisse pas l'occasion et la serre fort dans ses bras, bloquant ses mouvements. La jeune femme se défend, lui frappant le dos et lâchant des mots emplis de rage, étouffés par le t-shirt de Vitaly. Une fois que sa colère est évacuée, et qu'elle comprend qu'elle n'arrive pas à se dégager de son emprise, elle abandonne.

- Tu sais que je te ferai jamais ça. Laisse-moi t'expliquer avant de vouloir me tuer. La rassure Vitaly, maintenant qu'elle s'est calmée.

Le visage de l'inconnue est encore enfoncé dans le torse de l'homme et ses mots sont incompréhensibles, il la relâche pour qu'elle puisse s'exprimer.

- C'est elle qui va m'expliquer. Répète-t-elle en désignant Yalina. Toi, l'imbécile, je ne veux pas t'entendre.

Vitaly ferme la porte et montre le chemin du salon à leur invitée surprise.

- Je suis la copine de Vitaly, Alexis. Elle marque une pause ironique. Enfin, tout dépend de ce que tu vas me dire.

C'est une belle jeune femme, grande, une peau halée par le soleil californien, une bouche pulpeuse et des cheveux ondulés soigneux. Ils s'assoient sur le canapé et le russe tente de passer son bras autour des épaules de sa petite amie, elle le repousse, toujours fâchée.

- Je suis Yalina, la... La jeune femme ne sait pas comment décrire la situation sans trop en dire, surtout que Vitaly lui lance un regard appuyé, confirmant son instinct de ne rien révéler. Colocataire.

- La colocataire de Vita ? Demande Alexis dans l'incompréhension la plus totale.


- J'ai eu quelques problèmes personnels récemment et un ami lui a demandé de vivre avec moi durant cette période.

Le russe souffle du nez en entendant Yalina prétendre être une amie de Neven, Alexis le foudroie des yeux.

- Tu trouve ça drôle ? Il ne lui répond pas, faisant juste une moue en haussant les épaules. Donc ça fait plus d'une semaine que je t'appelle et que tu me réponds pas parce que t'es ici ? Si t'as rien à te reprocher, pourquoi tu m'as pas prévenue ?

- Ordres de Neven. Se dédouane Vitaly.

Alexis pousse un long soupir, levant les yeux au ciel face à cet argument pathétique, qu'elle a l'air d'avoir entendu beaucoup trop de fois.

- Je tiens à te rassurer, Vitaly et moi n'entretenons aucun type de relation. Même pas amicale. Yalina veut dissiper les doutes restants chez la jeune femme.

- Vu son caractère de cochon, je te crois. Je vais quand même avoir besoin de plus d'explications.

Le reste ne dépend que de Vitaly, s'il veut sauver son couple, Yalina ne peut pas l'aider beaucoup plus.

- Attends... L'homme fronce les sourcils soudainement. Comment t'as su où j'étais ?

- Euh... Alexis détourne le regard en pinçant les lèvres. C'est Neven qui m'a envoyé l'adresse.

Yalina est légèrement piquée par cette information, il sait encore utiliser son téléphone, mais par pour elle.

- Arrête de mentir. Il rit bruyamment. Il te l'aurait jamais dit !

Alexis croise les bras sur sa poitrine, une moue boudeuse collée aux lèvres. Elle marmonne des mots inaudibles et Vitaly lui demande de manière joueuse de répéter à plusieurs reprises.

- J'ai piraté ton téléphone, voilà, j'avoue ! J'étais désespérée !

Le russe commence à taquiner sa petite amie en la chatouillant derrière le genou et Yalina sent que c'est son signal pour quitter la pièce.

- Je vous laisse.

Vitaly ne prend même pas la peine de la regarder. Alexis elle, lui rend un sourire embarrassé, mais sincère.








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