Mortal Bonds

1. I Wanna Be Adored

La violence et l'amour peuvent paraitre si différents, les entremêler se révèle dangereux sans exceptions, et pourtant chacun court après la passion. Chacun se languit de connaitre le grand frisson, ce moment hors du temps où le monde s'obscurcit pour ne laisser place qu'à un abandon total et assourdissant. Cette recherche désespérée, chez celui qui la ressent, mène presque toujours à l'addiction, à l'accoutumance puis enfin à la déception. Les drogues, l'adrénaline, la douleur, seuls ne peuvent égaler ce que procure un amour destructeur et mortel. Deux vies qui s'entremêlent dans le chaos, finissant par se confondre, puis qui s'immolent pour ne laisser que des cendres à la vue du commun des mortels mais pour un œil aguerrit : de la poussière d'étoiles.

Rares sont les vivants capables d'atteindre cette douloureuse allégresse mais Yalina n'était pas étrangère à ces désirs sombres et honteux. La simple idée d'une existence banale noyée par l'ennui l'avait toujours emplie d'une sensation d'étouffement. Dans des moments comme celui-ci, la nuit au volant de sa voiture sous une pluie fine, elle rêvasse à sa mort. Idéalement elle quitterait cette existence pour quelqu'un qu'elle aimerait plus que tout au monde, ou de la main de cette dite personne. Rien ne lui paraissait plus beau que de donner sa vie, délaisser son âme pour un être qui le mériterait. Malheureusement, cette personne semblait ne vivre que dans ses pensées. Elle rentre d'un énième rendez-vous décevant suivant une conversation rapide sur un site de rencontres. C'était son dernier recours pour trouver de l'attention et de l'affection, le prince charmant n'étant pas une option dans ce genre de contexte. Yalina était toujours claire sur ce point, ces sites n'ont pour intérêt que de satisfaire ses instincts les plus primitifs. Néanmoins, une infime partie d'elle espère encore que le destin mettrait sur son chemin celui qui comblerait le vide affectif laissé par des années de déceptions sentimentales et autres traumatismes passés.

Il est déjà tard lorsqu'elle passe la porte de son appartement, la verrouille à double tour et enlève ses chaussures à talons avec soulagement. Faire glisser la fermeture Eclair de sa robe suffocante et dégrafer son soutien-gorge hors de prix se révèle encore plus jubilatoire. Elle qui pensait que d'autres mains s'en chargeraient ce soir, quelle déception. Yalina prend une douche rapide pour s'extirper de l'odeur du bar dans lequel elle avait passé les dernières heures, enfile une tenue plus confortable pour aller s'avachir dans son lit, ordinateur portable sur les cuisses. Comme tous les soirs elle s'adonne à son activité favorite, l'un de ses seuls exutoires lui permettant d'oublier à quel point sa vie est décevante : trainer sur des sites relayant l'histoire de tous les tueurs en séries. Vivants ou morts, emprisonnés ou impossibles à localiser. L'horreur, le morbide et la froideur des actes de ses meurtriers préférés l'avaient toujours autant fascinée qu'effrayée. La jeune femme fait un tour rapide du site avant d'ouvrir un dossier dans son ordinateur où elle a déjà commencé l'écriture d'un article sur un tueur en série obscure de Roumanie ayant sévit dans les années 1800.

Elle est rapidement interrompue par le bruit d'une notification. Au cours de ses heures passées sur ces forums assez populaires, elle avait rencontré quelques personnes qu'elle considère comme ses amis. Yalina est en effet une jeune femme plutôt réservée et solitaire dans la vie réelle, ayant toujours eu beaucoup de mal à s'identifier aux personnes de son âge. Elle se trouve à présent dans sa vingtaine avec très peu de proches sur qui compter. La personne correspondant au pseudo « DahmerForever45 » est une jeune fille, Oejin, qui habite en Corée du Sud et que Yalina connait depuis longtemps. Elles sont toutes les deux particulièrement actives en ligne, plutôt similaires dans leurs gouts en matière de psychopathes et s'étaient donc naturellement rapprochées. « Alors ce date ?? », elle soupire à la vue de tant d'espoir venant de son amie, celle-ci semble ne pas connaitre la banalité des hommes américains. En réalité il n'y avait pas grand-chose à raconter, ils avaient discuté de leurs travails respectifs, de leurs relations passées, de leurs centres d'intérêts –hormis son obsession des crimes bien sûr. Connectée sur son compte habituel « Coldnightx » elle répond simplement :