Mortal Bonds

7. Eyes On Fire

Une bonne semaine est passée depuis le rendez-vous catastrophique et Yalina continue sa vie d'employée de bureau à la vie sociale inexistante. Elle se sent mieux ces derniers temps. La présence de Darkwaters la réconforte, leurs conversations quotidiennes lui apaisent l'esprit de toutes les pensées négatives qui peuvent l'occuper habituellement. Yalina a toujours eu tendance à s'attacher beaucoup trop facilement aux gens. Enfant, un sourire lui suffisait pour croire que vous seriez enfin l'ami qui allait la tirer de sa réalité morbide. Personne n'a jamais essayé de la sauver, les autres avaient plutôt tendance à l'enfoncer dans sa misère, l'entrainant dans des problèmes trop grands pour sa fragilité. Depuis, elle a tendance à se tenir à l'écart des gens pour se protéger même, et surtout, lorsqu'elle éprouve déjà de l'affection pour une personne. C'est pour ça que son « flirt » en ligne avec Darkwaters lui convient très bien, même si un jour ses sentiments vont trop loin et qu'elle ne contrôle plus la situation, Yalina n'aura qu'à le bloquer et tenter d'oublier son existence. Fallait-il encore qu'elle s'en rende compte à temps.

Les signes d'un stalker ont également disparus. La voiture suspecte n'est toujours pas réapparue et la jeune femme a réussi à laisser ses volets ouverts depuis plusieurs jours. Elle ne surveille plus ses arrières quand elle se balade le soir, n'éprouve plus cette sensation terrifiante d'être épiée en permanence. Les questions qu'elle se pose en conséquence sur son état psychique n'ont pas disparues, pourquoi s'était-elle inventée une histoire pareille ? La jeune femme a pris la décision de ralentir ses recherches sur les psychopathes, bien que ça l'attriste profondément, pour tenter de s'aérer le cerveau de tous ces détails angoissants. Sa présence sur le forum s'est amoindrie publiquement, mais elle y passe toujours des heures pour y discuter avec ses amis. Plus particulièrement, Oejin et Darkwaters.

En ce début d'après-midi, à son bureau près de la fenêtre, elle n'a aucune motivation pour travailler. Son regard se balade sur les buildings voisins et les nuages dans le ciel. Elle se demande ce que Darkwaters peut bien être en train de faire. Il installe surement son bar pour sa tournée du soir, faire l'inventaire de ses bouteilles ou quelque chose que les barmans font, mais que Yalina ignore. Le téléphone fixe posé sur son bureau se met à sonner soudainement, la sortant de ses rêveries. L'identifiant qui s'affiche sur le combiné correspond à la ligne directe menant à Mr. Ballard.

-          Oui, Monsieur ? Répond la jeune femme, légèrement anxieuse.

-          Mlle Morenos, j'ai besoin de vous dans mon bureau. Rapidement, s'il vous plait.

Yalina lui confirme qu'elle arrive immédiatement et raccroche. C'est assez rare qu'il convoque quelqu'un dans son bureau, s'il veut quelque chose d'elle en général un coup de téléphone ou un e-mail lui suffit. La jeune femme se lève et enfile sa veste de tailleur avant de se diriger vers l'ascenseur au bout de l'open space qu'elle occupe avec ses nombreux collègues. Elle presse le bouton de l'étage du dessus, celui où les cadres et autres chefs de services ont leurs bureaux personnels. Rapidement, elle arrive devant la porte de son supérieur, à l'intérieur elle peut entendre deux voix discuter. Mr Ballard serait donc avec un client, Yalina vérifie son apparence dans l'écran de son téléphone puis frappe à la porte. Elle entend son chef lui dire d'entrer sans prendre la peine de venir lui ouvrir. Lorsqu'elle abaisse la poignée et pousse le battant, elle se retrouve face à Ballard et Mr. Zintchenko.

-          Bonjour, Miss Rey Morenos. Dit-il de sa voix profonde.

Yalina reste presque pétrifiée un instant,  l'incompréhension se lit clairement sur son visage. Une forte nausée la prend, comme si son cœur essayait de sortir par sa bouche. Elle se reprend promptement, saluant l'homme aussi sereinement qu'elle le peut. Il est tout de même perturbant de serrer sa main avec celle qui lui a servi à se masturber en pensant à lui. Plusieurs fois.