17. 4am (1/2)

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Après quelques secondes de flottement, Vitaly se détourne de Yalina sans ajouter un mot, pour se diriger vers la porte de la chambre. Il disparaît dans le couloir, elle, n'ose pas bouger. Tous les sens de la jeune femme sont en alerte, elle vient de frapper un homme qu'elle connaît à peine et qui pourrait lui faire du mal s'il le voulait. Un énorme bruit sourd faire sursauter Yalina, puis un bruit de verre brisé, d'objets lancés. La respiration de la jeune femme se fait plus lourde et rapide, restant concentrée sur son ouïe pour déterminer les mouvements de Vitaly dans le salon. Peu de temps après, la porte d'entrée de l'appartement s'ouvre, puis se claque violemment pour laisser place à un silence profond.

Elle reste de longues minutes, debout dans la chambre, ses genoux toujours aussi fébriles. Son esprit est complètement vide tant ses pensées se mélangent, incapable d'apaiser toutes les alarmes qui hurlent en son for intérieur. Prudemment, la jeune femme sort de la chambre. Vitaly n'est plus là, comme elle s'y attendait. Les meubles du salon ont subi sa colère à la place de Yalina. Elle n'ose pas imaginer ce qui aurait pu arriver s'il n'avait pas eu la décence d'esprit de s'en aller. La jeune femme constate les dégâts qu'il a causé dans la pièce : il a renversé la table basse, jeté un vase contre un mur et quelques autres objets décoratifs, sûrement hors de prix, au sol. Immédiatement après, elle va vérifier que la porte d'entrée s'est bien verrouillée automatiquement, comme elle est censée le faire, et c'est le cas. Un soupir de soulagement la quitte, au moins, elle est en sécurité.

Yalina s'assoie sur le canapé, en évitant de marcher sur les bouts de verre qui jonchent le sol. Elle plonge son visage entre ses mains quelques instants. Vitaly a cherché à la pousser à bout, elle le sait, mais c'est elle qui l'a frappé. L'homme est allé beaucoup trop loin dans ses propos, il lui a consciemment manqué de respect. Pour autant, Yalina ne peut s'empêcher de culpabiliser, elle aurait dû arrêter de l'écouter avant d'en arriver là. La réaction de Mr. Zintchenko l'inquiète également, il pourrait décider de la renvoyer chez elle, s'il considère qu'une invitée n'a pas à agresser physiquement l'un de ses hôtes. Si Vitaly n'avait pas déjà ruiné l'image de Yalina auprès de son ami, il a maintenant assez de matériel pour le retourner contre elle. La jeune femme se met à réparer les dégâts que le russe à causé dans la pièce, ne sachant pas comment s'occuper pour l'instant. Elle ramasse les bouts de verre et les fleurs pour les jeter à la poubelle, éponge l'eau au sol, déplace la table basse et ramasse les objets abîmés.

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La nuit commençant à tomber, la jeune femme se sentant de moins en moins en sécurité, elle reprend ses mesures habituelles. Fermer les volets, vérifier plusieurs fois la porte. Évidemment, cette routine fut beaucoup plus longue ici, que dans son appartement. Toutes lumières allumées, Yalina entre dans sa salle de bain et s'y enferme pour prendre une douche. Essayant de se détendre, la jeune femme décide de prendre du temps pour elle. Un peu de musique sur son téléphone, un shampooing et un gommage du corps plus tard, Yalina se sent plus légère. Elle enfile un ensemble de pyjama simple et enroule sa serviette autour de ses cheveux. La jeune femme se dirige vers le salon quand une voix la surprend.

- J'ai entendu la musique et l'eau couler, j'ai préféré vous attendre ici.

Neven Zintchenko est assis sur le canapé. Yalina n'en peut plus d'être sur les nerfs, de sursauter à la moindre surprise. La jeune femme, qui vient de passer une bonne heure sous la douche, se demande depuis combien de temps il est arrivé. Ne pas l'avoir entendu entrer ne la rassure pas sur ses capacités à vaincre son stalker un jour, où au moins à lui survivre. Zintchenko a l'air grave, un visage qu'elle ne lui connaissait pas encore, mais qui l'impressionne plus que n'importe quel autre auparavant.

- Asseyez-vous.

Sa voix est glaciale, Yalina s'exécute en retirant la serviette de sa tête pour avoir l'air moins ridicule. Maintenant qu'elle est plus proche de lui, son regard n'arrive pas à se décoller de la table basse face à eux.

- Pouvez-vous m'expliquer ce qui s'est passé cet après-midi ? Aucune émotion ne se transmet par ses mots.

- J'ai eu un geste violent envers Monsieur Kedrov, que je regrette seulement parce qu'il ne reflète pas ma reconnaissance pour vous.

Yalina ne veut pas se justifier ou se trouver des excuses, ses actes ne peuvent être changés et elle se doit de les assumer pleinement. Mentir ne fait pas partie de ses habitudes et serait de toute façon inutile puisque Vitaly a déjà raconté sa version des événements à Mr. Zintchenko.

- Vous ne regrettez pas votre acte ? Pourquoi ?

La jeune femme sent qu'elle est en train de passer un interrogatoire et qu'il ne lui laissera pas savoir ce qu'il pense avant qu'elle n'ait répondu à toutes ses questions. Yalina commence à comprendre que cacher la vérité à cet homme relève presque de l'impossible. Elle n'a aucune envie de raconter son altercation avec Vitaly, de passer pour celle qui accuse l'autre, Zintchenko ne lui laisse pas réellement le choix cette fois-ci.

- Ses mots m'ont bien plus blessée que la gifle que je lui ai donné.

- Où sont passés le vase et les décorations de l'entrée ? Continue-t-il avec le même sérieux, voyant qu'elle n'est pas prête à lui en dire plus à ce sujet.

- Dans la poubelle et sur le comptoir de la cuisine.

Zintchenko marque une pause, Yalina lève les yeux vers lui, attendant qu'il dise quelque chose d'autre qu'une question. Elle veut savoir si elle doit préparer sa valise, si elle est pardonnée, s'il la déteste...

- Vous avez nettoyé derrière lui ? Il lâche un soupir désapprobateur. Ce n'était pas à vous de le faire.

Sa voix ne se fait pas plus tendre pour autant, Yalina croit entendre le Mr. Zintchenko de leur première rencontre, froid et impassible.

- Je sais que Vitaly peut avoir un caractère compliqué, mais de là à le frapper ? J'ai du mal à comprendre votre réaction. Qu'est-ce qui vous a poussé à en arriver là ?

Il n'a pas l'air en colère contre elle, il donne simplement l'impression de vouloir comprendre ce qu'il s'est passé, ce qui rassure légèrement Yalina. Ses yeux noirs la scrutent et elle regrette maintenant d'avoir porté les siens sur lui.

- Il a dit.. Ses attaques étaient si personnelles qu'elle a du mal à les répéter. Il a dit que vous ne « baiseriez jamais une pute comme moi. »

Les pommettes de Yalina rougissent de honte alors que les sourcils de Zintchenko se lèvent de stupeur. Il lâche ce qui semble être un juron bruyant dans sa langue natale, puis c'est lui qui se lève. Il sort son téléphone de sa poche, cherche le contact et porte l'appareil à son oreille. Pendant qu'il attend que son correspondant réponde, il regarde la jeune femme, assise face à lui. Yalina a du mal à déchiffrer les émotions qui brûlent derrière les pupilles de Zintchenko, mais elle croit y discerner une colère d'indignation comme celle qu'elle a ressenti avant de frapper Vitaly. C'est d'ailleurs celui-ci qu'elle pense entendre, de loin, à l'autre bout du fil lorsqu'il décroche enfin.

- Ты назвал ее шлюхой ? Il ne crie pas, sa rage se fait pourtant entendre dans le fond de sa voix. Ты издеваешься надо мной?

Yalina n'a aucune idée de ce qu'ils peuvent être en train de se dire, elle entend Zintchenko prononcer son nom à plusieurs reprises et son ton ne se calme pas au fur et à mesure de la conversation, au contraire. Ils raccrochent assez rapidement et l'homme regagne sa place auprès de Yalina. Il regarde dans le vide un moment, le visage fermé, collectant sûrement ses pensées.

- Je me rend compte que je ne vous apporte que des problèmes. Je vous remercie d'avoir accepté de m'aider. Yalina sent ses yeux s'embuer, alors elle prend une grande respiration pour se canaliser. Je ferais mieux de vous laisser tranquille.

Zintchenko relève les yeux vers elle, il peut sûrement voir les siens briller d'émotion.

Mortal BondsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant