XIII

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Samedi 19 décembre.

J'enfile mon manteau et enfonce mon bonnet sur ma tête. Je passe mon sac en bandoulière et m'assure de n'avoir rien oublié : téléphone, portefeuille, clés. Les trois trucs essentiels. Je pousse les deux portes du refuge et un froid crissant me mord déjà les joues. Théo sort derrière moi.

— Bordel qu'il fait froid ! lâche-t-il.

Je laisse échapper un petit rire, pas habituée de l'entendre parler de la sorte. Ne voyant pas ma voiture dans le stationnement, il me demande :

— Tu rentres à pied ?

J'acquiesce, lui expliquant que ce n'était pas aussi glacial ce matin, en partant de chez moi.

— Avoir su, dis-je en posant mes mains contre mon visage pour le réchauffer un peu.

— Je peux te ramener si tu veux.

Je considère la proposition quelques secondes, puis refuse, ne voulant pas l'encombrer d'un détour par une température aussi peu clémente. Mais Théo insiste. Il regretterait de me voir revenir avec des engelures par sa faute. J'accepte alors, heureuse de pouvoir rentrer plus rapidement et au chaud.

Nous montons dans sa berline noire, un modèle récent si je me fie à la console entièrement numérique du tableau de bord. Plein de petites lumières s'allument alors qu'il met le contact. Il tourne le bouton du chauffage et déjà, la chaleur emplit l'habitacle. J'aimerais trop que mon système de ventilation soit aussi efficace.

J'indique à Théo où j'habite, lui expliquant quelle rue prendre à quel moment. Une douce musique joue faiblement dans les haut-parleurs. Pas mon genre de musique, mais c'est agréable. Après une journée de boulot, ça repose l'esprit. En quelques minutes, nous arrivons devant mon immeuble. Ne désirant pas me retrouver seule en ce samedi soir, je l'invite à monter, histoire de boire un café en bavardant un peu. J'apprécie de plus en plus sa compagnie et sa présence m'aide grandement à me détendre, à me faire sentir en sécurité.

Théo refuse d'abord l'offre, comme moi plus tôt, mais finit par céder. Il gare sa voiture à côté de la mienne, puis monte à mon appartement avec moi. Je nous débarrasse de nos manteaux et démarre immédiatement la cafetière que m'ont achetée Noah et Chris lors de mon déménagement. Elle émet un de ces sons atroces, mais elle produit le meilleur café que j'aie goûté. Je sors deux tasses et invite Théo à prendre place au salon. Pendant plusieurs minutes, il regarde attentivement les différents cadres accrochés aux murs de la pièce : quelques photos avec mon cousin et Noah, une autre avec ma famille, une de mon chien et d'autres d'endroits que j'aimerais visiter.

— Tu voyages beaucoup ? me demande Théo alors que j'entre dans le salon, tasses en mains.

Je souris en lui tendant la sienne. Il me remercie. Je me tourne comme lui vers les photos.

— Non, malheureusement. Pas encore. Peut-être un jour...

— Peut-être un jour, oui. Je te le souhaite.

— Merci.

Nos regards restent accrochés l'un à l'autre une seconde de trop, assez pour que le rose me vienne aux joues. J'ai toujours détesté ce trait de famille. Je détourne les yeux et propose qu'on s'assoie. Chacun à un bout du canapé, un vieux meuble de cuir caramel, nous comblons le silence à coup de petites gorgées.

— Tu as l'air plus proche de ta famille maintenant, souligne Théo en pointant la photo au-dessus de lui.

Je lève la tête vers le cadre.

— Oui, un peu plus. Je sais pas si mes parents m'ont réellement acceptée, mais au moins il me laisse venir aux dîners de famille, alors j'imagine que ça va. Je suis surtout proche de ma sœur... Ma sœur !

Pur AmantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant