Dimanche 13 décembre.
J'attends patiemment dans le bureau d'Irène, une bouteille d'eau à la main. Je suis déjà trop sur les nerfs pour un café. Ma jambe tressaute, mais je ne peux l'en empêcher. Les parents d'Eliott vont bientôt passer pour remplir les papiers d'admission. Et je vais devoir les rencontrer.
En tant qu'intervenante auprès d'Eliott, je dois assurer le suivi avec eux. Un travailleur social s'occupera de les éduquer sur l'identité de leur fils, mais pour l'instant, je suis leur seul lien avec lui, puisqu'Eliott a refusé de les voir. En même temps, je ne peux pas le blâmer. J'aurais fait pareil.
Je prends de grandes inspirations, tentant de contrôler ce sentiment de dégoût à leur égard. Je n'ai pas l'habitude d'interagir des parents. De notre duo, c'était toujours Alex qui s'en chargeait. Il ne parlait plus aux siens depuis des années, j'imagine que ça l'aidait à rester détaché et à ne pas s'emporter. J'espère arriver à garder mon sang-froid comme il le faisait avant.
J'aimerais que Théo soit là, au moins. Un soutien moral ne serait pas de refus. Trop de boulot au cabinet, j'imagine.
Je sors mon téléphone de ma poche et décide de répondre à quelques messages. Je n'ai rien de mieux à faire de toute façon. Je regarde d'abord celui de ma sœur, qui me supplie intensément de la dépanner en gardant ses enfants samedi soir. Elle va à un souper de Noël avec des amis et elle ne peut les emmener. Et puis sa gardienne habituelle est malade. Une gastro apparemment. Un long paragraphe m'étale tous les détails de sa requête : objet, raison, date, heure, précisions, tout. Pas étonnant qu'elle soit notaire. Même ses textos ressemblent à des contrats.
Je soupire et lui confirme qu'elle pourra les laisser chez moi en début de soirée. Passer du temps avec mes petits neveux me fera sûrement du bien. D'ailleurs, avec tout ce qui est arrivé cette année, il y a bien un moment que je les ai vus. Le petit doit avoir un an maintenant. Il ne se souviendra certainement pas de moi.
Le second message qui attire mon attention provient de Noah. Lui et Chris m'invitent à réveillonner avec eux, le 24 décembre. Noah mentionne mon année difficile et son désir de m'aider à forger de nouveaux souvenirs, plus joyeux. Je souris en lisant son court texte rempli d'émojis. L'idée de nous retrouver tous les trois me réjouit. Nous trois et Bulle. Selon Chris, je suis le seul autre humain à part eux que ce gros chat accepte de voir. Autrement, il se cache à la première apparition d'un étranger. À vrai dire, j'en suis flattée !
Excitée par cette soirée en leur compagnie, je réponds à mon meilleur ami que c'est avec plaisir que je me joindrai à eux. Je lui promets d'apporter le dessert et suffisamment à boire. On n'est pas des alcoolos, mais quelques verres de vin sont bien vite passés ! La réponse de Noah ne tarde pas et je reçois bientôt une tonne d'émojis festifs. Je rigole toute seule lorsqu'Irène apparait dans l'embrasure de la porte. Les parents d'Eliott arrivent.
Je prends une grande inspiration avant de sortir du bureau d'Irène et de la suivre jusqu'à la réception. Là se tiennent un homme et une femme, la quarantaine, bien habillés, main dans la main. Ils semblent assez inquiets à vrai dire. Irène se présente d'abord, leur précisant que c'est elle qui les a contactés par téléphone la veille. Les parents se présentent à leur tour, mais leurs noms m'échappent. Je m'avance ensuite et leur serre la main. Même si je suis là bénévolement, Irène tient à ce que je mentionne toujours mon titre d'intervenante jeunesse. Ça fait plus professionnel.
Irène invite les parents à la suivre jusqu'à son bureau, où elle règlera les formalités d'admission. Je referme la porte derrière tout le monde et m'installe au fond, assise sur le rebord de la fenêtre. Un léger courant d'air glisse dans le bas de mon dos à travers le verre givré. En espérant que la rencontre ne dure pas trop longtemps. Loin de moi l'envie de choper des hémorroïdes pour Noël.
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Pur Amant
Romansa→ Suite de « Faux Copain » et « Vrai Fiancé » C'est le temps des réjouissances, mais la vie ne me permet pas de me réjouir pour le moment. Entre les articles à corriger, celui à écrire, et les jeunes à aider, je n'ai même pas le temps de me familiar...