Chapitre 57 : Éclaircie pluvieuse

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Pov Clarke

Cela doit bien faire une heure que je regarde le plafond de la chambre. Une heure que le soleil a commencé à caresser mon visage à travers la baie vitrée. Une heure que j'entends la respiration de Niylah à côté de moi me prouvant qu'elle est encore dans un sommeil profond.

Comment j'en suis arrivée là ? Je pose le dos de ma main sur mon front sentant le frais de cette nouvelle matinée s'insérer doucement sous la couette. Je fais attention de ne pas déranger ma partenaire, et je laisse échapper un soupir. Mes yeux se ferment et je revois les scènes de ces derniers mois.

Je me tourne sur le flanc, observant à l'horizon les quelques grattes ciel dessinant la ville et je sens glisser sur ma joue, une larme. Elle n'est franchement pas triste et c'est bien ça le soucis. Elle est résignée, compréhensive d'une situation qui a peut-être bien trop durée. Il est sans doute venu le temps de me sortir de là.

Je ne sais pas si ce sont les événements d'hier soir - et je crois qu'ils y jouent un peu, beaucoup même - mais lorsque Lexa s'est endormie dans mes bras, quelque chose s'est débloqué en moi. J'ai pris du recul je crois et j'ai fait le point, restant là, contre elle, et ne rejoignant Niylah que très tard dans la nuit.

Après tout, après notre dispute d'hier soir, je n'étais même pas sûre d'y retourner. Mais j'ai fini par lui donner cet espoir, qu'à nouveau, tout ceci n'était qu'un énième conflit. Mais hélas, ce n'est pas le cas. Je suis revenue dans sa chambre uniquement par respect ? Uniquement pour avoir cette conversation ce matin, uniquement pour qu'on puisse fermer les yeux paisiblement une dernière fois ensemble. J'ai laissé Lexa après m'être rendue compte que sa seule présence me rendait bien plus heureuse que ma relation avec ma petite amie.

Et c'est là que j'ai compris également que ce n'étaient pas mes sentiments pour Lexa qui me faisaient réfléchir à tout ça mais simplement le fait que ce n'était pas normal de ressentir ça. J'ai réfléchi et je me suis rendue compte que ce n'était même pas ça.. Même pas elle. Non, car même mes relations avec mes amis les plus simples sont plus douces et agréables que ma relation avec Niylah.

Je sais que c'est en partie de ma faute si tout s'est dégradé au fil des mois. Je sais que dans un sens, elle n'a fait qu'essayer d'éloigner notre couple d'un danger que pouvait potentiellement être Lexa. Et pourtant, pourtant, même après les baisers échangés avec elle hier soir, même après ça, même après cette envie de recommencer dans sa chambre, même après l'avoir vu nue devant moi, même après avoir frôlé ses jambes en l'aidant à se coucher, même après avoir entendu son ''mon amour'' caresser mes oreilles. Même après tout ça, je n'ai rien fait de plus. Je n'ai pas profité de la situation alors que Niylah dormait à point fermé. Et j'aurais pu, j'aurais pu être infidèle des milliers de fois, j'aurais pu prendre tendrement ou sauvagement Lexa dans notre salle d'art. Parce que oui, c'est devenu la nôtre. J'aurais pu l'embrasser sur son canapé les nombreuses fois ou Raven nous laissait seule pour x raisons. J'aurais pu mais je n'ai jamais.

Parce qu'autant je peux être émotive, autant je peux être capable d'aimer sans savoir où je vais, autant, je ne trompe pas. Et sans le jeu d'hier, je n'aurais sans doute jamais embrassé Lexa, je n'aurais pas franchi cette ligne. Et ce que j'ai ressenti à ce moment.. Je n'arrive même pas à le décrire. Je me suis revue chez elle, ce soir-là, juste un instant, j'y ai cru, juste un instant, j'ai ressenti cette atroce vérité qui remue sous mon nez depuis des semaines, des mois même. Personne, personne n'est capable de me faire vibrer autant qu'elle. Personne n'est capable d'englober mon cœur de cette chaleur aussi rapidement, aussi intensément.

Mais la réalité m'a rattrapé. Nous a rattrapé. Niylah. Niylah s'échappant dans sa chambre. Niylah en pleure. Niylah que j'ai dû rassurer en lui soufflant des ''ce n'est qu'un jeu, ne t'inquiète pas..'' mais j'ai eu beau lui parler de l'échange entre Lex et Luna, de la part de responsabilité qu'a eu l'alcool ce soir, du fait que jamais je n'aurais fait ça dans d'autres circonstances ou bien même du fait que c'est elle qui m'a proposé de jouer ce soir, d'une certaine façon. J'ai eu beau parler, j'ai eu beau m'expliquer, elle ne m'a pas entendu, tourmentée par une peine bien trop profonde, par un sentiment d'exclusion, de jalousie, de haine aussi, bien plus intense que la tendresse qu'elle peut ou a pu me porter.

To the moon and backOù les histoires vivent. Découvrez maintenant