Chapitre 70 : Réglons les comptes

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Pov Lexa

Putain mais putain ! Je souffle, je souffle avant de me retourner vers l'arbre derrière moi et de lui assainir un coup de poing me démontant les phalanges.

"PUTAIN !"

Mes doigts ont craqué sous l'impact, ma peau s'est fissurée et j'ai mal. J'ai mal de ne pas être capable de me contenir lorsqu'elle est là, j'ai mal parce que je ne sais pas comment agir avec elle.

Je secoue la main violemment le long de mon corps, essayant de chasser cette douleur qui me paralyse l'avant bras, puis, sans réfléchir, je me laisse glisser au sol, rabattant mes genoux contre mon torse.

Clarke Griffin. Je ne sais pas si j'ai envie de hurler ou de sourire. Mais je sais que ses mots ont réussi à me craqueler juste un peu plus. Et je la comprends, je comprends que mon comportement la choque, je comprends ses paroles, je comprends ses émotions, comme je l'ai toujours fait. Même après autant de temps, elle est transparente quand il s'agit de ce qu'elle ressent. Je ne suis pas la plus empathe des personnes en général, bien au contraire, je repousse les autres, je me fou de leur problème, de leur petite vie misérable, mais lorsqu'il s'agit de Clarke, lorsqu'il s'agit de ses sentiments alors mon corps absorbe tout. J'ai beau élever mais plus hautes barrières, il absorbe tout, comme si nous étions liées, comme si elle et moi, nous n'étions qu'une.

C'était déjà le cas au lycée. La première fois où je l'ai vu pleurer alors que je ne la connaissais même pas. Déjà là, mon cœur s'est attendrie pour elle. Et les deux années qui ont suivi ont été encore pires. J'ai ressenti ses déceptions, j'ai ressenti ses peines, ses pleurs, j'ai pu apprendre à reconnaître l'amour au désir, ou le désir à l'envie. Elle fut un livre ouvert pour moi, un livre dont j'ai pu lire chaque page, chaque caractère tracé au marqueur indélébile. Et il y a eu son amour, son amour pour moi, d'abord si pure, puis entaché petit à petit par d'autres, par moi-même d'ailleurs. Il y a eu ses joies, ses rires francs, l'image de ses joues rouges, la sensation de son souffle contre ma bouche, il y a eu cette fois-là, lorsque nos corps se sont mélangés, il y a eu la tendresse et la passion. Je crois que j'ai réussi à tout vivre avec elle, jusqu'à cette dernière image, ce dernier sentiment, cette déception profonde qu'elle a infligé à mon cœur.

Et c'est là, à ce moment là, précisément, que mon corps et mon âme, l'ont rejeté. J'ai passé des mois à tout absorber, des mois à ne vivre que pour elle je crois bien. Et s'en était trop, juste trop. J'ai réussi à faire un blocage, un blocage qui a su durer cinq longues années. Cinq années où le prénom de Clarke Griffin signifiait, pour moi, de la souffrance, une faiblesse cachée, au fond de ma poitrine.

Et voila qu'aujourd'hui, pour la deuxième fois en quelques jours, elle arrive à nouveau à fissurer ce mur qui lutte pour rester en place. Parce qu'au mon dieu, qu'est ce qu'elle m'a manqué. Manqué au point de parfois oublier qu'elle m'a menti, qu'elle nous a fait du mal. Manqué au point de parfois avoir l'impression d'être à nouveau la Lexa du passé, celle éperdument amoureuse d'elle, celle qui donnerait tout pour être à ses côtés. Mais parfois.. Parfois c'est plus compliqué. Parfois je rage qu'on lui tourne autour et parfois je me laisse emporter par mes pulsions du moment.

J'ai tout réglé par le sexe. Durant cinq ans, j'ai oublié Clarke par le sexe, ou plutôt j'ai remplacé Clarke par le sexe. Je pense avoir fait le tour de tout ça. Jeune, vieille, mince, bien en chair, à deux, à trois, à dix, dans une chambre, une voiture, un avion. J'ai été soumise mais j'ai vite dominé. J'ai été novice, j'ai été timide, mais j'ai vite pris confiance en moi, j'ai vite assumé celle que j'étais. Et aujourd'hui, je suis ce que je suis. Aujourd'hui, je suis capable de rompre l'esprit de quelqu'un, de détruire sa vie, si cela peut me permettre d'aller mieux, si cela peut me permettre de garder mes oeillères en place et d'oublier ce sentiment de culpabilité qui me ronge parfois, lorsque je suis seule, chez moi, lorsque je n'ai personne en qui m'introduire, aucun fesse à flageller, aucun corps à griffer, mordre, pincer.

To the moon and backOù les histoires vivent. Découvrez maintenant