To the moon and back

Chapitre 109 : Dear Lexa

Lexa, mon amour,

Je ne suis pas capable de te raconter toute notre histoire, en face à face. Je suis incapable de te dire tout ce qu'il s'est passé ces dernières années, tout ce que j'ai vécu, tout ce que tu as vécu et subis. Alors je t'écris, je choisis de poser les mots dans cette lettre, qui je l'espère, t'aideront à te souvenir de tout, mais surtout du bon.

J'aimerais que ton cœur et ton esprit fusionnent et me comprennent, j'aimerais qu'après cette lecture, tu sois capable de continuer de m'aimer, malgré tout. Je prie pour que tu me pardonnes, parce que je sais qu'il va te falloir du courage et beaucoup de volonté pour le faire.

Mais j'ai décidé qu'il était temps que tu saches toute la vérité sur nous. Et je ne vais pas passer par quatre chemins, je ne vais pas minimiser ce que je fais et ce que je suis devenue, et je vais te raconter tout ce que je sais sur toi, tout ce que j'ai appris et tout ce qui te sera utile pour te souvenir.

Et par avance, je suis sincèrement désolée.

Tu te souviens de cette nuit où toi et moi, nous étions allongées à décider de ce que l'on ferait plus tard ? Ce soir-là, j'ai fait la pire erreur de mon existence. J'ai choisi à ta place ce qu'il adviendrait de nous. J'ai mis en péril notre futur et j'ai gâché du temps que l'on aurait pu et dû passer ensemble.

Je venais d'avoir une longue discussion avec Raven et Anya, et avec ton père aussi. Nous nous accordions tous sur le fait, qu'en allant sur Boston, tu ruinerais les opportunités qui se présentaient à toi sur San Francisco. Et nous avons décidé à ta place, ce jour-là, que tu ne pouvais pas faire ça, et encore moins pour moi, et pour nous.

Alors, j'ai été lâche et hypocrite, j'ai fait la pire des choses que je pouvais te faire. Je nous ai séparées et je t'ai éloigné de ta famille, de tes racines. J'ai répondu à ton inscription universitaire. Mais pas à celle de ton choix. Je t'ai expédiée à l'autre bout du pays, en plein milieu de la nuit, alors que tu dormais à quelques mètres de moi. Alors qu'on s'était retrouvées et qu'on comptait sans doute construire quelque chose ensemble, toi et moi. Je t'ai trahi et encore une fois, et même huit ans après, je sais que j'ai fait la pire erreur possible.

Je te dirais bien de me haïr pour ça, je te dirais bien de m'en vouloir parce que même si je culpabilise toujours, après tout ce temps, ce ne sera jamais à la hauteur de ce que je t'ai fait, j'en suis bien consciente.. Mais je te demande de ne pas le faire, égoïstement, amoureusement et en connaissance de cause, je te demande de ne pas m'en vouloir, de ne pas me détester.. Car tu l'as déjà fait, durant tant d'années.

Car oui, évidemment tu l'as appris. Par erreur d'ailleurs, enfin, pas au bon moment surtout. Tu m'as entendu en parler et je crois que tu es simplement tombée de haut. Que je puisse te faire ça, que je te connaisse si mal pour estimer que c'était le meilleur choix pour toi. On s'est disputées, violemment. Et tu as choisi de partir. Tu aurais pu annuler mon mail, tu aurais pu simplement dire "c'était une erreur" et venir sur Boston quand même.. Mais la douleur que tu as ressenti à ce moment-là était bien plus forte. Je t'ai brisé le cœur ce jour-là, je crois, tout comme j'ai brisé le mien.

Et tu as disparu de ma vie. Tu as totalement disparu. Pendant cinq ans. Cinq longues années qui m'ont semblées être un enfer sur Terre, cinq longues années où le vide était si intense, que je ne trouvais plus de réelle raison de me lever le matin.

Et je ne sais pas comment te dire ça, comment t'expliquer ce que j'ai vécu car, si tu pouvais te souvenir, tu saurais que ce sujet est pour moi, un des plus compliqué à aborder. Il est la représentation de mes erreurs et de ma faiblesse d'esprit. Il est le symbole de cette dépendance que j'ai envers toi, que j'ai toujours eu d'ailleurs. Car c'est le cas, aussi malsain que cela puisse être, aussi difficile qu'ait pu être notre relation à travers le temps, je sais que je suis dépendante de ta présence, je sais que tu es une immense partie de moi et que lorsque tu t'absentes, j'ai la sensation de crever la bouche ouverte. C'est pesant je sais, ce n'est pas la chose la plus équilibrée du monde, mais c'est mon amour pour toi. Et aussi moche soit-il, je sais qu'il est fort et je sais que tu es mon âme sœur. Et je l'ai sû au moment même où tu as fermé la porte de cette voiture et que tu as quitté Washington pour San Francisco. J'ai su que je venais de perdre l'amour de ma vie et ce qui a suivi fut une des épreuves les plus terribles de ma vie.