Chapitre 35 : Bon appétit

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Note : Bonjour à tous, cette fois-ci, pas d'erreur, pas de fausse publication (encore désolée pour ça), il faut juste que j'arrête d'écrire avec mon téléphone. 

Je vous souhaite une belle lecture.

Ael 

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Pov Clarke

Je devrais être en train de savourer ce moment, de savourer cette opportunité qui s'offre à moi mais à la place je ne suis présente qu'à moitié.

D'un côté, je réfléchis à tout ce que je viens d'apprendre, la possibilité de venir peindre ici, d'avoir tout ce matériel à disposition, d'être entourée de personnes appréciant l'art tout autant que moi, d'être encouragée et soutenue. Puis, d'avoir vu, également, cette espèce de fascination dans le regard de Nyko pour mon travail.
Je l'avais déjà remarqué chez les autres, surtout chez Lexa, mais, venant de la part d'une personne aussi engagée que lui dans ce domaine, m'a fait prendre conscience, que peut-être, au fond, j'avais du potentiel en moi.

Alors je réfléchis le temps que l'on se rende au restaurant, je réfléchis à comment je pourrais imaginer mon avenir. En tant que illustratrice ? Graphiste ? Peintre ? Car je sais que dans l'art, il est compliqué de percer. Est-ce que tout ces métiers me plaisaient ? Est-ce qu'au fond, j'ai envie de passer mon temps à dessiner et exposer ? La réponse et oui. Mais est-ce que je peux réellement gagner ma vie comme ça ? C'est la qu'arrive les problèmes. Mon travail a beau plaire, je ne suis personne, je ne connais personne et mes parents non plus. Nous ne sommes pas des gens fortunés ou les opportunités surviennent grâce à des connaissances proches. Non, nous ne sommes personne, et personne dans le monde de l'art, c'est finir sous un pont pour le restant de ces jours.
Et ça me frustre, parce que je n'ai pas envie, évidemment, de finir comme ça, mais je ne me vois pas non plus faire autre chose de ma vie. Je veux peindre, je veux prendre des photos, faire des expositions, être reconnue pour ça. Même les métiers directement liés à l'art comme celui de concept designer par exemple, me plaisent moins.

J'ai besoin de sentir la matière sous les doigts, de sentir le pinceau s'écraser sur la toile, d'être capable de capter des moments de vie grâce à mon vieux Reflex. Je ne veux pas, être derrière un ordinateur, travailler pour une entreprise basée uniquement sur le profit et la consommation. Je ne veux pas faire du marketing, je veux faire de l'art. Je veux être entourée de gens cultivés, capable de m'indiquer la voie, le chemin, les bons choix. Et Nyko me donne cet espoir là.

Alors pourquoi, pourquoi au lieu de voir ça, au lieu d'être concentrée sur cette opportunité, je suis concentrée sur cette silhouette devant moi ?
Pourquoi je me repasse en boucle les paroles de Lexa depuis deux jours ? Comme si rien d'autre n'avait de sens où d'importance. Pourquoi y-a-t-il fallu qu'elle revienne maintenant alors que je commençais à m'habituer à son absence ? Enfin m'habituer est un grand mot, mais je commençais à y arriver, à me dire qu'elle ne reviendrait jamais, qu'elle était passée à autre chose. J'ai commencé à croire que tout ce qu'on avait vécu n'avait pas d'importance pour elle ou du moins, beaucoup moins que ce que ça en avait pour moi. Ses ''ma personne'', ses ''tu es spéciale pour moi'', ses ''je t'aime'' déguisés, ses attentions, ses baisers. Je n'ai pas rêvé tout ça. Et pourtant son attitude des dernières semaines à fini par avoir raison de moi, de cette confiance que j'avais en nous.
Parce que oui, je n'ai plus confiance en elle. Je sais que c'est de ma faute, je sais que dès que je l'ai vu ce jour là, elle a été spéciale pour moi. Et vraiment. Pas comme elle, elle pourrait le penser. Non spéciale dans le sens où même aujourd'hui, même après tout ça, je n'attends qu'un signe de sa part, qu'un tout petit signe qui me dirait, qu'au fond, je suis toujours sa Clarke et qu'elle ne m'a pas abandonné. Parce qu'aussi importante que je puisse être à ses yeux, j'ai ce goût amer dans la bouche, qui me rappelle que je ne lui suis pas autant que Costia. Que je n'ai jamais été choisie par Lexa, ou aimée de la façon dont est aimée une petite amie. Et j'adore cette relation particulière que nous avons, je l'adore dans nos moments de tendresse mais elle me gonfle, elle me gonfle d'être si compliquée, si tumultueuse, si fatiguante. Il n'y a rien de simple à être cette ''personne'' pour quelqu'un quand on la voit défiler aux bras d'autres. Il n'y a rien de sain, mentalement, à être aimée puis chassée de la sorte.
Et je ne dis pas que je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça, au contraire. J'aurais juste aimé qu'elle se batte un peu plus pour moi, juste un peu, juste de quoi sauver un semblant d'amitié.
Mais à la place, j'ai été ignorée. Je me suis retrouvée dans une situation où la Clarke, forte, prête à affronter le monde, pleine de ressources, s'est retrouvée finalement, écrasée sur le sol, comme une merde que l'on étale du bout du pied. Je me suis retrouvée à pleurer d'attendre encore et encore des réponses à des SMS qui étaient de plus en plus dur à écrire, je me suis retrouvée à lutter pour ne pas la regarder, sachant pertinemment qu'elle tournerait sa tête pour m'éviter, pour m'ignorer encore. Puis je l'ai vu arrêter de me considérer tout simplement. Je l'ai vu me passer devant sans aucun mal alors que je hurlais intérieurement pour qu'elle se retourne, me tende la main, et pour que nous avancions à nouveau ensemble.
Mais il n'y avait plus d'ensemble, il n'y avait plus rien, plus de Clarke prononcé de cette façon, plus de parfum à la pêche, plus de moment à nous, il n'y avait plus rien; jusqu'à hier matin.

To the moon and backOù les histoires vivent. Découvrez maintenant