Chapitre 20 - Case départ [2/2]

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Souhaitant entendre comment allait être présenté l'événement, et les parties qui allaient être omises volontairement, tous rejoignirent leur camarade, y compris Aleksy qui n'avait pas grand chose d'autre à faire à part songer à ce café qu'il n'avait toujours pas bu, pour se rendre au dortoir où ils s'installèrent parmi les autres membres de l'institut, élèves ou personnel. Apparemment, tout le monde dans l'établissement voulait connaître ce qu'on allait dire sur ce qu'il s'était passé la veille.
S'étant soigneusement tenu en arrière, Eléa entra dans le foyer la dernière, et qui disait dernière arrivée disait plus de place.
Parcourant la salle de son regard rouge, la jeune fille chercha un endroit libre où elle aurait pu s'installer mais elle dû se rendre à l'évidence qu'il n'y en avait guère.
Depuis le canapé, coincé entre Raphaël, qui tapait un message sur son portable à un mystérieux destinataire, et une fille de quatorze ans, Gabriel lui fit signe de venir s'asseoir sur ses genoux. Eléa détourna les yeux, déclinant la proposition en feignant de ne pas remarquer le jeune homme, les dents enfoncées dans sa lèvre inférieure.
Finalement, elle préféra rester debout, appuyée contre le mur du fond et les bras croisés sur la poitrine comme pour dresser une protection.
Retourné vers elle, Gabriel la fixait, un sourcil arqué, se demandant ce qu'il lui arrivait aujourd'hui, car elle ne semblait pas seulement être éprouvée de la veille et que son aura, repliée sur elle-même, ne lui fournissait aucune indice, alors qu'elle s'efforçait autant que possible d'éviter son regard.
Il n'eut cependant guère le loisir de se questionner plus longuement à ce sujet ou de tenter davantage d'accrocher les yeux d'Eléa des siens car la conférence de presse débuta à travers le poste de télévision.
Visiblement, elle avait été organisée dans la précipitation car elle se tenait seulement sur le trottoir devant le poste de police sans aucun pupitre ni rien, seulement une forêt de micros de presse hérissée face à trois personnes, notamment un homme aux tempes grisonnantes, grand et large d'épaules qu'Eléa n'avait jamais vu mais qu'elle devina être le commissaire, le supérieur évoqué par Aleksy.
En revanche, les deux autres, qui se tenaient légèrement en retrait, étaient parfaitement connus des pensionnaires de l'institut Belforde, en particulier de ceux composant la classe des plus âgés, les inspecteurs Guyon et Carmody, qui échangeaient régulièrement des regards incertains. De toute évidence, ils étaient tendus.
Appréhendaient-ils les révélations de leur supérieur ?
Quant à leur fidèle stagiaire, Tanguy n'était visible nulle part.
Après de brèves salutations polies d'usage, alors qu'un bandeau affichait son nom et sa fonction, qui était donc effectivement commissaire, apparaissait, l'homme prit la parole :

« Le sujet qui nous intéresse aujourd'hui est ce qu'il s'est produit hier à l'institut Belforde. Comme vous le savez déjà, les pensionnaires ont perdu le contrôle de leurs pouvoirs. Heureusement, les seuls dégâts à déplorer sont d'ordre matériel. Les deux blessés légers ont pu être pris en charge et ont quitté l'hôpital hier soir après des soins rapides. Cette perte de contrôle est le fai t d'un magicien extérieur à l'établissement qui a fait prendre aux  pensionnaires, à leur insu, un produit actuellement développé dans un laboratoire de recherches et qui a pour effet de faire se libérer la magie sans que les magiciens n'y puissent rien. Tout ce déchaînement de magie était donc totalement involontaire de la part des pensionnaires. Avant que vous ne me posiez la question, mesdames et messieurs, le responsable a volé le produit dans un laboratoire parisien spécialisé dans les recherches sur la magie.
- Et comment a t-il fait ça ? Demanda un journaliste.
- En utilisant ses pouvoirs. Ceux travaillant dans le laboratoire ne se sont aperçu du vole que ce matin lorsque nous les avons contactés à ce sujet.
- Quelle magie pratique cet homme ?
- Magie de l'ombre, qui correspond aux yeux verts foncé. Je vais vous éviter de me poser des questions en vous partageant son profil. Il s'appelle Victor Oakwood. Il est originaire de la région de Cambridge mais il a quitté l'Angleterre suite au meurtre de sa famille et sachez que le coupable n'a toujours pas été inculpé aujourd'hui. Nous n'avons pas réussi à remonter ses activités. Tout ce que nous savons est qu'il a récemment occupé illégalement une pièce à l'institut Belforde à l'insu de tous et qu'il l'a quittée depuis. Nous ne savons pas quelles sont ses motivations exactes mais il semblerait qu'il soit un suprématiste magicien. Des recherches sont en cours pour le retrouver et toute personne disposant d'informations à son sujet est la bienvenue. Je la prie de venir s'entretenir avec les inspecteurs chargés de l'enquête.

Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant