Chapitre 6 - Retour à l'institut [1/2]

54 14 4
                                    

Comme annoncé suite au vote de l'Assemblée Nationale, une semaine plus tard, l'institut Belforde rouvrait pour la plus grande joie de ses pensionnaires et de son personnel, excepté son directeur qui ne s'était toujours pas davantage exprimé sur la réouverture de son établissement et le retour de ses élèves. Il ne s'y était pas opposé pour autant et tous ceux qui le souhaitaient revenaient y vivre, comme si la fermeture n'avait jamais eu lieu.
Durant cette semaine nécessaire à la mise en place de la réouverture, Eléa était rentrée chez elle, quelque peu assommée par ces nouvelles car, si elle se réjouissait sincèrement de son retour prochain à l'institut, elle demeurait encore abasourdie par cette histoire de supériorité des magiciens, même une semaine après qu'elle l'ait appris.
À l'instar d'Adriel, Irina s'était montré contente que les droits des magiciens ne soient pas supprimés mais également peinée de voir sa fille partir une fois encore et inquiète car, même si l'établissement reprenait ses fonctions avec l'avale du Gouvernement, il y restait le risque du meurtrier, qui n'avait pas été arrêté, bien qu'il n'ait plus sévi depuis la fermeture, et celui que les tensions éclatent puisque, après tout, ce n'était pas parce qu'il était à présent interdit de les exprimer ouvertement qu'elles disparaissaient, bien au contraire.
Eléa le savait parfaitement et elle continuait à juger ce brusque revirement des plus étranges, et même inquiétant par certains aspects.
D'un autre côté, elle n'avait pas pu s'empêcher de ressentir comme une vengeance plutôt satisfaisante à l'arrestation de centaines de manifestants qui défilaient suite à cette nouvelle loi, bien qu'il n'y avait certainement pas eu que des opposants aux magiciens mais également des personnes qui voulaient simplement comprendre ou qui trouvaient cette mesure répressive, ce qu'on pouvait effectivement penser après la vague.
Visiblement, le Gouvernement comptait bien faire respecter l'interdiction de la moindre critique sur les magiciens et n'hésitait pas à appliquer une forte répression pour ce faire.
C'était cela qui préoccupait et interrogeait beaucoup car cette réaction semblait digne d'un état carcéral qui n'aurait eu que faire des droits de ses ressortissants.
Eléa le reconnaissait et c'était cela qui l'inquiétait, comme beaucoup d'autres personnes, mais, en attendant, la jeune fille devait avouer que c'était plaisant que d'arriver devant l'institut Belforde sans devoir subir des slogans intolérants ni devoir se frayer un chemin à coups de coudes pour pouvoir accéder au portail.
En ce jour de réouverture de l'établissement pour magiciens, aucun groupe d'opposants ne se tenait devant la grille. Il y avait seulement des pensionnaires qui revenaient vivre à l'institut, qui gardait pourtant toujours des effectifs bas comme nombreux étaient ceux qui continuaient à craindre de nouveaux meurtres ou des débordements dus à l'étrange situation actuelle, qui se saluaient, s'étreignaient ainsi que quelques journaliste venus filmer la réouverture. C'était beaucoup plus agréable ainsi.
Eléa ne pouvait retenir le sourire qui éclairait son visage basané alors qu'elle descendait de la voiture de ses parents.
Évidemment, elle aurait ressenti une joie semblable même avec des manifestants dans les parages mais leur présence l'aurait certainement atténuée, au moins quelque peu. Se dire qu'elle pourrait également se réveiller dans sa chambre et arpenter les couloirs sans apercevoir tous ces opposants aux magiciens dès qu'elle glissait un œil par une fenêtre était une idée qui la réjouissait grandement.
La jeune fille prit une grande inspiration en promenant son regard rouge sur le mur en briques brunes. C'était comme retourner chez soi après une longue absence, ce qui était un peu le cas, ou bien reprendre sa place après avoir été forcée d'en adopter une qui n'était nullement adaptée, ou alors pouvoir se vêtir d'habits à sa taille à la place d'autres trop étriqués.
Quelle que soit la comparaison, Eléa était vraiment heureuse et soulagée de se retrouver ici. Finalement, cette fermeture définitive n'aurait duré que quatre semaines et demie, à peine plus longtemps que celle qu'avaient exigé les rénovations.
Avisant Irwan arriver sur l'autre côté du trottoir, elle lui fit un signe de la main auquel il répondit par un salut militaire soit stylisé soit complètement loupé, Eléa hésitait à se prononcer. Sachant qu'ils auraient tout le loisir de converser et de se retrouver plus tard, la jeune fille ne le rejoignit pas immédiatement.
Pour le moment, elle partageait ses derniers instants avec ses parents avant de rentrer à l'institut et donc de devoir les quitter.
Sa mère la serra contre elle en lui arrachant les mêmes promesses qu'à chaque fois qu'elle la laissait retourner dans cette école où s'enchainaient les événements inquiétants, celle de faire attention, de les appeler, de leur donner des nouvelles régulièrement et de ne pas s'exposer si les choses redevenaient dangereuses. Elle l'étreignit longuement, ne voulant pas la lâcher pour la laisser partir loin d'elle, là où le danger risquait de ressurgir et de s'abattre sur elle.
Eléa ne s'en plaignit pas, sachant que, si elle avait hâte de rentrer dans ce qu'elle considérait comme son foyer, c'était difficile pour sa mère.
Après plusieurs longues secondes, Irina consentit à la libérer de ses bras en reniflant, retenant ses larmes.
Constater qu'elle n'avait guère plus besoin de la protection de ses étreintes maternelles faisait prendre conscience à Eléa et à ses parents qu'elle devenait, ou était déjà devenue, adulte.
Patrick l'étouffa moins qu'Irina et se contenta d'ébouriffer affectueusement ses cheveux, qui n'en avaient nullement besoin, déjà fixés en l'air par le gel, et de l'embrasser sur la joue d'une façon purement paternelle alors qu'il déposait sa valise à côté d'elle, la lui ayant sortie du coffre.
Eléa le remercia puis les salua une dernière fois avant qu'ils ne remontent en voiture pour quitter Saint-Théophile des Mines et rentrer chez eux, la laissant seule. La jeune fille agita la main à leur suite, imitant Irina qui la saluait de la sorte à travers la fenêtre de la portière, jusqu'à ce que la voiture disparaisse au coin de la rue.
Un soupir de joie gonfla la poitrine d'Eléa alors qu'elle se tournait vers le portail en saisissant la poignée de sa valise qu'elle traina à sa suite.
Du coin de l'œil, elle repéra Sylvain qui, comme elle, peinait à s'arracher à ses parents mais pas uniquement à cause de l'inquiétude de ces derniers. En effet, le garçon se sentait quelque peu effrayé de revenir, bien que c'était sa décision.
Eléa était contente de voir Sylvain à cette réouverture car, comme d'autres de leurs camarades, elle avait douté de l'y croiser de nouveau. Le garçon aux yeux blancs s'était montré particulièrement hésitant dans la conversation commune lorsqu'Alana avait demandé qui comptait regagner l'institut, mais, même alors qu'il se tenait à quelques mètres du portail de l'établissement, il ne semblait toujours pas très sûr.
Son visage s'éclaira cependant lorsqu'il avisa Eléa non loin, se sentant rassuré de retrouver une présence familière et protectrice, bien qu'il savait parfaitement que tous ses camarades seraient présents.
Le saluant, la jeune fille lui adressa un signe de la main qu'il prit pour une invitation à la rejoindre et, après une dernière étreinte partagée avec ses parents, il monta à sa hauteur.
Ne le détrompant pas sur sa légère méprise, Eléa lui sourit en se faisant la remarque que, il y avait quelques temps, si elle ne l'aurait pas rudement repoussé, elle aurait au moins supporté sa présence en grommelant, peu à l'aise, mais elle avait changé depuis et, au contraire, aujourd'hui, elle était plutôt contente de franchir le portail de l'institut avec Sylvain. Ça lui rappelait son premier jour de cours où elle avait fait son entrée dans la classe avec le garçon accroché au bras.
Ils échangèrent quelques banalités sur comment leurs voyages respectifs s'étaient déroulé et sur ce qu'ils avaient fait pendant ces quatre semaines avant d'être brutalement interrompus par quelque chose qui se jeta contre Eléa avec un impact violent sans qu'ils ne puissent réellement le voir venir et qui la déstabilisa, si bien qu'elle eut besoin de se rattraper d'un pas en arrière.
Elle comprit lorsqu'elle sentit deux bras l'enlacer pour la serrer avec force et que le rire enjoué de Lison résonna à son oreille gauche. Retrouvant donc ses esprits la surprise passée, Eléa lui rendit son étreinte pour la saluer, heureuse de retrouver la blondinette et son enthousiasme débordant qui lui faisait du bien et effaçait ses angoisses sur cette nouvelles loi qui continuait à la préoccuper, même si elles n'étaient pas forcément dans ses premières pensées immédiates.
La lâchant, Lison passa à Sylvain, qui s'en sentit encore davantage rassuré et qui sourit plus largement mais toujours un peu timidement.
La jeune fille aux yeux turquoises passa un bras dans le dos de chacun en les entrainant vers l'entrée tout en parlant, plus engagée dans un monologue que dans une réelle conversation comme à son habitude, mais ils furent bien vite rejoints par Léo qui se chargea de répondre à sa bien-aimée avec le même entrain que cette dernière.
Décidément, ils s'étaient bien trouvé ces deux-là.
Eléa ressentit de l'étonnement à cette réflexion.
Depuis quand avait-elle ce genre de pensées ? Peut-être depuis qu'elle était amoureuse ?
À peine eût-elle cette réflexion qu'elle découvrit Gabriel à l'entrée de la cour, se chargeant d'accueillir les pensionnaires de retour à l'institut avec son sourire de parfait grand-frère, bien qu'il semblait moins plastique qu'à l'accoutumée.
Non loin de lui se trouvaient Nolwenn et Adriel, accrochés l'un à l'autre, profitant de la moindre seconde qu'ils pouvaient encore partager avant de devoir se séparer.
Contrairement à Léo et Lison, ils ne pourraient partager l'ensemble de leur quotidien. Après tout, Adriel n'avait aucune raison de venir s'installer à l'institut en tant que personne ordinaire dépourvue de magie. De toute manière, Gabriel ne souhaitait pas qu'il s'attarde dans les parages puisqu'il correspondait aux critères des victimes du meurtrier qui, a priori, était toujours libre de sévir.
Avant que Gabriel ne puisse les accueillir comme tous les autres, Léo lança à Nolwenn et Adriel qu'ils cherchaient à les concurrencer, ce à quoi Adriel répliqua, avec un sourire canaille, qu'il n'avait pas à s'inquiéter car il n'y avait même pas de concurrence puisque tout le monde les préférait.
Les deux couples commencèrent à se chamailler sans sérieux sous le regard de Gabriel, content de voir que son frère s'adaptait et était accepté dans le cadre de l'institut.
Irwan les rejoignit après être allé ranger sa valise dans sa chambre au dortoir. Étrangement, Alana ne l'accompagnait pas alors qu'ils avaient logé ensemble pendant ces quatre semaines et qu'ils avaient également, en toute logique, partagé le train pour revenir à Saint-Théophile.
Se faisant probablement la même réflexion, Léo posa directement la question à son meilleur ami, ce qu'Eléa n'aurait certainement jamais réussi à faire. Le jeune homme haussa les épaules, le regard légèrement dévié sur le côté, en expliquant que, depuis plusieurs jours, Alana semblait lui en vouloir profondément pour quelque chose mais il ignorait quoi.
Les membres de la classe des plus âgés arrivèrent les uns après les autres, comme ceux des autres classes, mais ils furent les seuls à se réunir non loin du portail, se saluant et échangeant des banalités sans grande importance, simplement heureux de pouvoir se retrouver ensemble dans l'établissement.
Ainsi, Damien accompagna Marianne jusqu'au portail avant de la laisser et, à l'instar d'Irwan et Alana, quelque chose semblait s'être produit entre eux mais la jeune fille n'en dit rien en les rejoignant.
Raphaël arriva peu après, escorté une nouvelle fois de ses frères, dont l'ainé, Jean-Baptiste si Eléa se souvenait bien, s'opposait clairement au retour de son cadet et tentait de le convaincre de renoncer encore à la dernière minute. Raphaël ne savait pas trop comment répondre, c'était visible, et il demeurait face à son frère, le regard bas en se tordant les mains.
Avec son naturel silencieux et effacé, pas étonnant que le garçon ne soit pas à l'aise avec la confrontation et qu'il apparaisse incapable de soutenir son avis face à son frère mais le fait qu'il se trouvait là, même avec cette difficulté fraternelle, prouvait sa détermination et son choix.
Avant que ses camarades ne se décident à intervenir en sa faveur auprès de son ainé, ce que Gabriel aurait certainement été le premier à faire, Salim s'en chargea.
Personne ne l'avait vu franchir le portail, concentrés sur Raphaël. Le jeune homme se tenait sur ses deux jambes. La dernière fois que ses camarades l'avaient vu ainsi remontait à suffisamment loin pour le signaler, débarrassé de ses béquilles et de son plâtre. Il était seul, ce qui ne surprenait guère, et portait ses bagages ainsi que ses éternelles lunettes teintées en jaune.
Se piquant face à Jean-Baptiste avec les bras croisés sur la poitrine, un déplacement qui permit à tous de constater son boitement de la jambe gauche, et lui ordonna de foutre la paix à Raphaël.
Ce dernier écarquilla les yeux, visiblement surpris mais aussi touché que Salim prenne ainsi sa défense.
Le jeune homme continua en assénant qu'un frère compréhensif devait respecter le choix de son cadet, ce qui était par ailleurs une preuve d'intelligence, et que Raphaël était assez grand pour savoir ce qu'il faisait sans qu'il n'ait besoin de se sentir obligé de lui servir de mère poule. Il termina, plutôt perfidement, en ajoutant que, de toute manière, à présent, il n'avait plus le droit de contester la décision d'un magicien, fut-il son petit frère.
Ne trouvant rien à redire, Jean-Baptiste grinça des dents en serrant les poings mais, au lieu de répliquer verbalement ou physiquement, comme son langage corporel semblait pourtant le présager, il conseilla à Raphaël de faire attention et lui demanda de leur donner des nouvelles puis il le laissa en entrainant Adrien, apparemment très gêné de l'incident, à sa suite.
Timidement, osant à peine le regarder en face, Raphaël remercia Salim pour son intervention et excusa son frère aîné en expliquant qu'il était seulement inquiet mais ne savait pas vraiment comment le gérer ni l'exprimer.
Après, le garçon en noir se tut et, fidèle à lui-même, il se fit rapidement oublier et Salim s'installa à l'écart, comme à l'accoutumée.
Celle qui se fit également accompagner par sa fratrie, qui se composait uniquement d'une sœur aînée,  fut Lucille. La jeune fille adressa un sourire lumineux et doux à tous ses camarades avant de saluer Ophélia. Pour elle, la séparation fut beaucoup plus simple et sereine.
Eléa les observa en se faisant la réflexion qu'il se dégageait des deux jeunes filles la même grâce de douceur délicate et que leur ressemblance provenait davantage de là que de leurs points communs physiques, plutôt rares.
La dernière qui les rejoignit fut Alana, un sourire immense fendant son visage, et elle prit tour à tour chacun de ses camarades dans ses bras mais elle ignora superbement Irwan et ne lui accorda pas même une œillade, ce qui les déstabilisa tous puisqu'ils étaient habituellement très proches tous les deux. Irwan haussa les épaules en signe d'impuissance, ne comprenant pas davantage que ses camarades.
Ne s'attardant cependant guère à ce propos, à l'initiative d'Alana qui orienta la conversation sur tout autre chose, feignant de rien.
Le groupe d'amis de leur classe, qui excluait Lavande et Shikou bien évidemment, était presque réuni et il s'en réjouissaient. Presque car il manquait toujours Roxanne mais personne ne l'attendait et tous savaient qu'elle ne serait pas là aujourd'hui.
En effet, il était prévu que la jeune fille reste au centre de désintoxication jusqu'à la fin de sa cure, ce qui prendrait du temps d'après ce qu'ils avaient pu savoir. Pour l'instant, le seul moyen de communication avec elle demeurait les messages transmis via le service postal du centre, auxquels Roxanne répondait scrupuleusement bien que d'une manière concise, certainement trop éprouvée pour s'épancher sur le papier.
Même si, comme tous ses camarades, Eléa savait que sa deuxième cochambre ne serait pas là avant un long moment et qu'elle détestait l'indifférence qu'elle ressentait malgré toute cette inquiétude et cette peine qu'elle causait à ses proches par son comportement ainsi que sa non-volonté de se sortir de cette spirale infernale où elle se complaisait, c'était étrange que de se trouver dans l'enceinte de l'institut sans la présence de l'exubérante jeune fille aux cheveux roses.
Cette absence se ressentait grandement dans le groupe et il y avait effectivement un manque. Celle qui paraissait la plus affectée était Marianne. Avec sa coutume de veiller sur Roxanne depuis des années, il était difficile pour elle d'accepter de laisser d'autres s'en charger à sa place, loin d'elle.
Ils évoquèrent donc forcément le traitement de Roxanne et Léo et Alana échangèrent un regard entendu avant de changer de sujet, profitant de ces retrouvailles même si il manquait quelqu'un.
Installés à quelques pas du portail, ils avaient une position idéale pour voir qui revenait.
Ainsi, ils purent accueillir Monsieur Moreau avec une série d'applaudissements, taquinant leur professeur principal mais également sincèrement heureux qu'il revienne lui aussi. Se prêtant à la plaisanterie, Monsieur Moreau imita une révérence d'artiste avant de lancer à ses élèves, toujours avec son côté pince-sans-rire, qu'il ne tolérerait aucun retard.
Visiblement, il n'y avait pas que les pensionnaires qui se réjouissaient de la réouverture.
Venant peu de temps après lui, les inspecteurs Carmody et Guyon franchirent à leur tour le portail, les bras chargés de tout le matériel nécessaire à leur réinstallation pour travailler sur place.
Ils échangèrent un salut amical avec les deux policiers, les appréciant assez finalement, avant de découvrir, avec surprise, qu'ils étaient accompagné d'un de leurs camarades plus jeune : Tanguy.
Ce dernier leur expliqua, non sans une certaine fierté, que ce n'était plus en tant que pensionnaire qu'il revenait aujourd'hui mais comme apprenti enquêteur, comme le confirmait la carte plastifiée accrochée sur sa poitrine.
A l'annonce de la réouverture de l'établissement, les deux inspecteurs en charge de sa formation lui avaient offert la possibilité d'y réintégrer sa place d'élève puisque, après tout, l'un des arguments du jeune homme était qu'il n'avait plus rien à faire ni nulle part où aller avec la fermeture de l'institut, mais il avait refusé, ayant découvert qu'il désirait vraiment entrer dans les forces de l'ordre et que ce n'était pas seulement par défaut.
Délaissant ses aînés, Tanguy se pressa de rattraper les deux inspecteurs qui l'avaient distancé.
Léo le regarda s'éloigner en commentant :

« Et ben, que de changements !
- Puisqu'on évoque les changements, intervint Marianne, on va parler de ce qu'il s'est passé avec cette loi ?
- Pour quoi faire ? Demanda Alana. Ils ont voté, on a toujours nos droits et l'école rouvre, moi, ça me suffit.
- Mais c'est bizarre que ça sorte comme ça d'un coup. Argumenta Lison.
- Surtout qu'il a jamais été question de revoir le statu des magiciens à la hausse. Ça sort de nulle part. Appuya Gabriel.
- On dirait que quelqu'un a piraté le vote pour faire passer ce qu'il voulait, pour parler en langage informatique. Réfléchit Raphaël, rappelant sa présence à tous.
- Ça se pirate pas, un député, Raphe.
- Non, mais ça se corrompt. Signala Adriel.
- Il aurait fallu vraiment beaucoup d'argent pour faire pencher la balance en ce sens, c'est difficilement réalisable. Le contredit Irwan.
- Qu'en dit Monsieur Belforde ? S'enquit Lucille en se tournant vers Gabriel et ce dernier haussa les épaules.
- Pas grand chose, précisa t-il. Je suis venu pour aider à la réouverture et il est resté indifférent. Il m'a juste dit un truc du genre "fais de ton mieux."
- C'est dingue ça ! S'exclama Nolwenn.
- Parce que ça changerait vraiment quelque chose si le dirlo avait dit un truc particulier ? Lança Salim.
- Non, c'est clair ! Confirma Alana. En ce qui me concerne, je suis plutôt contente de pouvoir revenir et de plus avoir à entendre toutes les saloperies qu'on peut cracher sur nous alors j'ai envie d'en profiter sans me poser de questions, même si c'est bizarre.
- C'est vrai que c'est agréable de se dire qu'on peut sortir sans avoir peur de se faire attaquer juste parce qu'on est magicien. Murmura Sylvain.
- Ouais, mais quand même ! C'est trop bizarre pour juste se réjouir ! Appuya Lison. En plus, ça fait penser à une mesure de dictature ce truc !
- Ça fait depuis longtemps que la discrimination est interdite. Nuança Marianne.
- Ouais, mais là, c'est quand même le cran au-dessus de la simple lutte contre la discrimination. Soutint Irwan, rejoignant Lison.
- Je vous dis que j'ai pas envie de chercher la petite bête, nia Alana. Pour une fois que c'est une bonne nouvelle et que ça s'arrange pour nous, je vais pas me plaindre en disant que je voudrais que tous ces cons continuent de nous cracher leurs insultes à la gueule !
- Et moi je dis que tout ça pue. Déclara Nolwenn.
- Ouais, et on a intérêt à bien en profiter parce que je pense pas que ça va rester comme ça longtemps. Y a un truc de louche et ça va péter très rapidement. »

Prédit Salim, visiblement certain de ce qu'il assurait ainsi d'un ton détaché qui contrastait avec son visage sombre.

Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant