Chapitre 14 - Fleur mortelle

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« Alors ?

S'enquit Martial avec interrogation alors que Julie raccrochait le combiné du téléphone.
La jeune femme haussa les épaules avec une légère moue désolée qui indiquait déjà que c'était comme ils s'y attendaient mais elle précisa malgré l'évidence :

- Ils disent que c'est impossible que leur fille ait fait ça.
- C'est normal. Personne ne pourrait le croire (Martial jeta un regard à la fenêtre du bureau derrière laquelle le ciel s'obscurcissait de plus en plus). Bon, t'as assez bossé pour aujourd'hui, rentre te reposer. Tu le mérites. On a trouvé le meurtrier.
- Arrête de veiller sur moi, Martial. Tu me vois comme une gamine parce que tu as six ans de plus que moi mais je peux en supporter autant que toi, tu sais.
- Bien sûr que je sais ! S'exalta Martial. Et je te vois pas du tout comme une gamine ! (se rendant compte qu'il s'emportait, Martial rougit légèrement en se raclant la gorge pendant que Tanguy tournait le regard, s'abstenant de tout commentaire). Bref, quoi qu'il en soit, ça fait des jours qu'on enchaine des journées de dix-huit heures alors allez vous reposer tous les deux.
- Pas si tu rentres pas aussi. Décréta Julie.
- Ouais, vous êtes sur les rotules, inspecteur, et vous commencez à échapper des choses qui vous voudriez garder pour vous. Insista Tanguy en une discrète allusion à ses propos précédents, ce qui lui valut un regard mi-surpris mi-courroucé de la part de Martial.
- Je ferme et je vous suis. Accepta Martial.
- Parfait, soupira Julie. Tanguy, je te ramène ? »

Le garçon acquiesça avant de réunir ses affaires.
Depuis qu'il avait débuté son stage auprès d'eux, les deux enquêteurs se relayaient pour le raccompagner à l'institut Belforde, lieu où il continuait à résider, même si il n'était techniquement plus un élève, puisqu'il n'avait aucun autre endroit où aller.
Les premières fois, il s'était senti gêné et avait assuré qu'il pouvait regagner l'établissement par ses propres moyens mais Julie comme Martial avaient catégoriquement refusé. Avec le climat de tensions actuelle, ils n'étaient pas sereins à l'idée de laisser un adolescent magicien rentrer seul et puis, à présent, le trajet était devenu une occasion d'échanger en-dehors de l'enquête.
Partant donc en premier, Julie et Tanguy laissèrent Martial qui s'attarda encore quelques minutes pour vérifier que tous les appareils étaient bien éteints puis il sortit à son tour, sa veste sous le bras.
Il n'y avait plus grand monde dans le poste de police et l'équipe de nuit avait pris le relais depuis une demie-heure maintenant.
Alors qu'il traversait l'accueil, ne se trouvant plus très loin de la porte, des grognements et des bruits de lutte provenant de l'espace réservé aux cellules de garde-à-vue l'interpellèrent.
Repoussant donc évidemment son départ du poste, Martial se dirigea vers l'origine des sons et découvrit deux de ses collègues, des agents en uniformes, aux prises avec ce qui avait tout l'air d'être une contrevenante récalcitrante et la jeune femme ne semblait absolument pas disposée à se laisse faire.
Elle se débattait, griffait et mordait. Elle y mettait tant de combativité et d'énergie que les deux agents éprouvaient des difficultés à la maîtriser pour la conduire en cellule. Sans compter qu'ils ne pouvaient pas la tenir aussi fermement qu'il aurait été nécessaire si ils souhaitaient éviter ses coups plutôt agressifs.
Apercevant Martial du coin de l'œil tout en s'efforçant de saisir la jeune femme par le bras, l'une des deux agents ouvrit la bouche pour demander de l'aide à l'inspecteur. Ce dernier n'attendit pas qu'elle la lui réclame pour la fournir.
Lâchant sa veste, il profita de l'effet de surprise qu'il eut sur la contrevenante, qui ne l'avait pas vu arriver, pour lui tirer les bras en arrière, lui arrachant un petit cri d'étonnement et de douleur, et il la poussa dans la cellule que l'autre agent se pressa de refermer derrière elle avec un soupir de soulagement.
De toute évidence fortement contrariée de se retrouver en garde-à-vue, la jeune femme donna un coup de pied rageur contre les barreaux de l'épaisse semelle de ses chaussures coquées en émettant un râle furieux.
Maintenant qu'elle était enfermée, Martial pouvait la détailler plus à loisir.
Premièrement, elle était plus jeune que ce qu'il avait cru au premier regard, certainement à peine plus de vingt ans.
Elle était assez grande, plus que la moyenne en tout cas, environ un mètre soixante-douze, et plutôt maigre. Sa poitrine ne remplissait pas son débardeur noir qui flottait sur ses épaules étroites.
Sa peau avait une teinte ambrée, qui ressortait avec ses cheveux noirs coupés au carré lui arrivant au-dessus des épaules et rasés sur le côté droit de son crâne, ce qui lui donnait un petit air sauvage et dur.
Le noir, appliqué en abondance autour de ses immenses yeux bleu ardoise, avait quelque peu coulé en lui dessinant des cernes foncées. Les examinant, Martial se fit la réflexion qu'elle n'était pas magicienne puisque cette couleur n'entrait pas dans celles des catégories des magies.
Cette observation était devenue un réflexe pour l'inspecteur depuis qu'il était en charge de l'affaire des meurtres de l'institut Belforde alors que, auparavant, il ne s'en était jamais particulièrement préoccupé.
Pour ce qui était de son habillement, elle portait un slim noir lacéré au genou droit et à la cuisse gauche, les fameuses chaussures coquées avec lesquelles elle s'acharnait contre les barreaux de la cellule, son débardeur noir sous une veste en simili cuir, également noire, et un ras du cou composé d'une bande noire assez large et d'une boucle en fer blanc.
L'apparence typique de la personne qui trainait le soir dans les ruelles pour se procurer de la drogue, si on se fiait à l'apparence.
Martial prit tout de même la peine de demander à ses deux collègues agents :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant