Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]

Chapitre 17 - Cienia majik

Les membres de la classe des plus âgés, moins Shikou, toujours en garde-à-vue, Salim dans sa maison de soins, et Lavande, qu'ils n'invitaient jamais à se joindre à eux, étaient réunis non loin du portail pour assister à l'arrivée de ce fameux magicien de l'ombre, qui venait leur apporter son aide dans l'affaire de Monsieur Belforde et Victor Oakwood, en compagnie des inspecteurs, installés un peu plus loin, eux aussi pressés de s'entretenir avec cette personne.
Ce n'était pas uniquement par curiosité que le groupe de jeunes magiciens tenait à voir à quoi ressemblait ce sorcier, bien qu'il y avait également de cela comme le seul magicien de l'ombre qu'ils n'avaient jamais rencontré était Victor – il s'agissait d'une magie très rare, autant que celle du sang ou la brute – et qu'ils se demandaient de quoi aurait l'air celui-ci, mais aussi car ils se sentaient et se considéraient concernés par tout cela.
Ils étaient les seuls pensionnaires à savoir pour l'ombre de Monsieur Belforde et la présence de Victor dans les sous-sols, les policiers ne voulant évidemment pas que les élèves paniquent dans l'institut.
Pour ce qui était du personnel de l'établissement, ceux au courant étaient encore moins nombreux – tout le monde ne pouvait pas bénéficier d'un Irwan personnel pour connaître tous les détails d'une histoire – puisqu'il n'y avait que Monsieur Moreau, qui supervisait tout pendant que Monsieur Belforde était en dérangement, et Elisabeth, qui s'assurait que tout le monde parvenait à gérer la situation.
C'était le choix des enquêteurs que d'informer le moins de monde possible. D'ailleurs, si ça n'avait tenu qu'à eux, jamais les membres de la classe des plus âgés n'auraient eu connaissance de ces faits mais, même si ils vérifiaient avant de parler, ils ne réussissaient pas à empêcher Irwan d'épier les conversations.
C'était notamment pour empêcher que l'information ne se retrouve dans les médias, ce qui aurait rendu la situation ingérable et, surtout, leur aurait fait perdre la légère avance qu'ils avaient sur Victor. En effet, ils avaient de bonnes raisons de croire que le jeune homme ignorait qu'ils étaient au courant du vole de l'ombre du directeur où qu'ils avaient trouvé un magicien pour tenter de remédier à cette absence.
Monsieur Moreau était venu la veille leur annoncer qu'il avait convaincu ce magicien de sa connaissance de venir les aider avec ce cas.
Le temps du voyage, il n'aurait à présent plus dû tarder à faire son entrée à l'institut et, en venant l'attendre avec Monsieur Moreau, les deux inspecteurs, toujours accompagnés de Tanguy, avaient eu la surprise de trouver le groupe de jeunes magiciens en position.
Bien qu'apparemment inquiets, ils semblaient plutôt bien se porter et impatients de découvrir ce magicien qu'on leur avait annoncé, bien que, officiellement, pour conserver le secret autour de la situation, il était un futur professeur de magie venant pour terminer sa formation en tant qu'assistant.
Parmi eux, l'attitude de Raphaël se détachait cependant de celles de ses camarades.
Alors que tous guettaient par le portail, laissé ouvert pour l'occasion, tout en échangeant hypothèses et suppositions sur ce fameux magicien de l'ombre, le garçon tapotait des messages, dont il ne partageait pas le nom du destinataire avec les autres, sur son téléphone, du rose colorant ses joues pâles et un large sourire sur son visage, choses qu'il était rare de lui voir porter, comme il était plutôt du genre inexpressif.
Depuis la veille, où il était allé rendre visite à Salim, il était comme presque...extatique sans pour autant expliquer les causes de cet état de joie et de légèreté. Roxanne lui avait demandé si il avait pris les cachets de Salim en allant le voir mais Raphaël s'était bien abstenu de répondre quoi que ce soit à cette question.
Son attention à lui paraissait donc nettement moins dirigée vers l'attente que celle de ses camarades.
Elle la rejoignit cependant quand il releva le regard, le faisant converger avec les autres sur le portail, lorsqu'un bus de la municipalité s'arrêta le long du trottoir.
De toute évidence, ce magicien semblait savoir obtenir ce qu'il voulait des gens car il n'y avait aucun arrêt de bus devant l'établissement. Le chauffeur avait donc fait un détour sur son trajet habituel pour le déposer ici.
Les portes du véhicule s'ouvrirent et tous se rapprochèrent d'un même mouvement pour voir qui allait en descendre.
Un jeune homme, lunettes de soleil sur le nez et sac de voyage sur l'épaule, remercia chaleureusement le chauffeur pour l'avoir amené directement à déstination.
Roxanne baissa ses lunettes aux verres roses sur le bout de son nez en émettant un sifflement appréciateur, le jugeant visiblement à son goût, et les autres levèrent les yeux au ciel alors qu'Irwan se retenait de mettre ce pauvre type en garde avant qu'il ne devienne la prochaine victime de Roxanne.
Il n'aurait pas eu le temps de le dire de toute manière, ni lui ni personne d'autre car, alors qu'il descendait les quelques marches du bus, le jeune homme glissa et il s'étala de tout son long sur le trottoir. Tout le monde le fixa, le regard écarquillé, n'en revenant pas.
Comme il ne paraissait pas disposé à se relever seul, peut-être s'était-il assommé en chutant, Martial se rendit à sa hauteur en soupirant et l'aida à se relever, ou plutôt, le ramassa. Le jeune homme, effectivement quelque peu sonné par sa chute, s'appuya lourdement sur l'inspecteur en marmonnant quelque chose prononcé dans une langue étrangère.
N'appréciant que moyennement d'être utilisé comme reposoir ainsi, surtout qu'il trouvait le jeune homme un peu trop serré contre lui, l'inspecteur le saisit par le col de sa veste pour le tendre devant lui, certainement l'aurait-il soulevé du sol si il n'avait pas été presque aussi grand que lui, et, dardant son regard gris sur Monsieur Moreau, il lança :