Chapitre 1 - Adieux à l'institut [2/2]

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Eléa, Gabriel et Raphaël, restés sur place, échangèrent un regard, plutôt surpris et quelque peu déstabilisés, puis Raphaël haussa les épaules, considérant que ça ne le concernait pas et il sortit son téléphone portable de son jeans, noir comme tout le reste de sa tenue et comme toutes les autres, pour patienter en attendant que ses frères aînés viennent le chercher.
En revanche, Eléa et Gabriel emboîtèrent le pas à Lison et Léo, la première uniquement par curiosité pour la famille de Léo et pour comprendre pourquoi il avait quitté son foyer pour se réfugier à l'institut, ce qu'elle avouait à demi, légèrement honteuse – après tout, on disait que la curiosité était un vilain défaut – et le deuxième tout simplement car il était censé retrouver Adriel devant l'école.
Ils eurent rapidement traversé les deux cours et le hall du bâtiment principal pour rejoindre le trottoir longeant le mur d'enceinte.
Léo et Lison ne les avaient pas devancé de beaucoup et le jeune homme venait juste de retrouver ses parents.
En effet, une femme à la peau foncée et aux cheveux crépus réunis en chignon venait juste de le prendre dans ses bras en s'exclamant sur le fait qu'il avait tellement changé, bientôt rejointe par un homme apparemment d'un âge équivalent, au teint à peine basané pendant que deux enfants de onze ans, aux visages identiques partageant une nette ressemblance avec Léo, sautillaient autour de lui pour tenter d'obtenir son attention tout en s'intéressant à Lison, qui leur souriait, oubliant ses larmes d'il y avait quelques minutes.
Eléa fronça les sourcils devant ce tableau, perplexe, bien que ça ressemblait à une scène de retrouvailles familiaux comme on se les imaginait facilement.
Ce qui dérangeait Eléa était que, en  apprenant que Léo avait fugué de chez lui pour demander lui-même une place à l'institut au directeur, elle avait supposé, se basant également sur les histoires familiales d'Alana et Marianne, relativement semblables d'ailleurs, que c'était parce qu'il était maltraité ou quelque chose de ce type par ses parents à cause de sa nature de magicien, mais, à en juger par les réactions de Léo et de sa famille, serrés dans les bras les uns les autres avec de larges sourires, cette théorie ne paraissait guère plausible.
Pourquoi alors avoir fuit et gardé le secret sur l'endroit où il s'était réfugié, laissant ses parents dans le flou durant six ans ?
Cette attitude rappelait quelque peu le comportement de Salim à Eléa : entouré d'une famille aimante mais de laquelle il demeurait distant pour une raison qui échappait à la jeune fille, bien que Léo se montre moins froid et agressif que Salim. C'était étrange.
Se détachant enfin de ses parents après cette longue étreinte, Léo souleva l'un de ses petits frères alors qu'il ébouriffait les cheveux très frisés de l'autre en constatant, à son tour, qu'ils avaient grandi pendant son absence.
Reposant son cadet, qui s'en plaignit en quelques mots boudeurs, Léo tendit la main à Lison pour la tirer à sa hauteur face à sa famille à qui il la présenta avec un large sourire éclairant ses traits café au lait.
Les parents du jeune homme s'intéressèrent à Lison, apparemment ravis de la nouvelle et de voir leur fils heureux, du moins, aussi heureux que possible dans les circonstances actuelles.
Poursuivant les présentations dans les explications de sa vie à l'institut, qui prenait malheureusement fin aujourd'hui, Léo indiqua Gabriel, plus loin sur le trottoir en conversation avec Adriel qui s'efforçait visiblement de le réconforter, puis Eléa à quelques pas qui les observait,intriguée.
Gênée d'être ainsi montrée alors qu'elle épiait plus ou moins, la jeune fille se tordit les mains en détournant les yeux mais Léo vint vers elle en passant un bras autour de ses épaules, toujours avec ce côté trop tactile qui agaçait facilement Eléa, pour la ramener face à sa famille qu'elle salua timidement, gênée.
Ainsi, elle apprit que la mère de Léo s'appelait Irène, son père Louis et ses deux petits frères, jumeaux, Thiméo et Jamel.
Cependant, même si ils étaient sympathiques, Eléa se sentit mal-à-l'aise mais, polie, elle n'osa pas bouger et ne fit que reculer de quelques pas, se retirant de la discussion à laquelle on aurait pu possiblement la convier, se postant uniquement en spectatrice curieuse.
Le comprenant Léo expliqua à ses parents en leur apprenant, sur le ton de la fausse confidence, qu'elle n'était pas bavarde. La jeune fille émit un grognement, comme souvent lorsqu'elle se retrouvait être la cible des plaisanteries de Léo.
Ce dernier n'eut pas à aborder le sujet de Lison qui n'avait nulle part où aller car son père s'en chargea pour lui en demandant à la jeune fille ce qu'elle allait faire maintenant que l'institut fermait ses portes. Bondissant sur l'occasion, comptant tenir sa promesse envers sa petite amie et certainement pas l'abandonner dans cette situation, Léo raconta le cas soucieux de la jeune fille.
Encore une fois, il n'eut pas besoin de prier, de supplier, ses parents de bien vouloir l'accueillir chez eux car Irène lui demanda spontanément si elle ne serait pas dérangée d'être hébergée par des inconnus.
Lison se confondit en remerciements, des larmes aux yeux, et se suspendit au cou de Léo.
De toute évidence, elle avait vraiment redouté de se retrouver sans toit sur la tête à errer dans les rues de Saint-Théophile des Mines à la recherche d'un peu d'argent pour se nourrir.
Eléa était soulagée pour elle, tout comme elle l'avait été pour Alana lorsqu'elle avait appris qu'elle évitait de retourner chez des parents mal aimants en allant s'installer chez la grand-mère d'Irwan, comme lors des réféctions. Même si il s'agissait donc de la deuxième fois, Eléa se demandait si cette cohabitation allait vraiment pouvoir perdurer sur le long terme.
La jeune fille abandonna ces pensées sur leurs deux camarades, absents, ailleurs dans l'institut, lorsque, après les nombreux remerciements de Lison et les réflexions d'Irène et Louis sur la manière dont il leur faudrait s'organiser pour accueillir cette personne supplémentaire imprévue, Léo reprit la parole en formulant la question qu'il se posait depuis que Raphaël lui avait annoncé que ses parents se trouvaient là et qu'il avait d'ailleurs déjà prononcée à voix haute dans le foyer avec ses amis :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 3 : Pensées Indigo [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant